La première constatation qui me vient à l’esprit ce matin, c’est que les marchés ne savent plus trop où aller et se retrouvent au milieu de nulle part. Nous attendons plus de détails sur la baisse des taux et en même temps, nous sommes assaillis de données politiques qu’il faut ingérer en grosse quantité sans trop savoir ce que ce genre de choses va donner sur l’économie dans 12 mois. Nous sommes complètement aveugles et dépendant des prochains chiffres économiques. Cette après-midi nous aurons le PCE qui – au vu des récentes publications – devrait être plus faible, tout en confirmant la probabilité d’avoir 2 baisses de taux en 2024, mais cela suffira-t-il à calmer l’incertitude ?
L’Audio du 28 juin 2024
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Double face
Si l’on prenait le temps d’observer les marchés durant la séance d’hier, je crois que l’on pouvait clairement voir une certaine incertitude planer au-dessus des places de bourse. Je ne vais pas vous refaire un dessin sur ce qui se passe en France et ce qui va se passer durant les prochains week-ends, mais pour le moment nous vivons de débat en débat et plus les jours passent, plus les Français se demandent comment résoudre cette équation à trois inconnues. Trois inconnues, mais une certitude : le résultat sera pourri et en septembre, tout le monde sera dans la rue. Cela se traduit par une instabilité des marchés qui envoyaient encore une fois le CAC40 au tapis sur la séance d’hier. Il y a encore 24 heures je vous parlais des 7’600 points qui faisaient office de support. Eh bien, c’est terminé puisque le CAC a fini sa journée à 7’530 avec un prochain support à 7’444 qui correspond au point de rebond d’il y a 2 semaines.
Le problème, c’est que l’on sait tous que les marchés n’aiment pas l’incertitude et l’instabilité. Sauf que là tout de suite, c’est INCERTITUDE multiplié par INSTABILITÉ et que ça risque bien de durer un petit moment. Entre le fait que la Macronie devrait se faire dégager ce week-end et qu’ensuite on va marcher dans le brouillard. Et la constatation que même si Attal se fait virer, ça ne va rien changer au fait que les deux alternatives qui restent sont aussi merdique l’une que l’autre pour différentes raisons. Dans l’immédiat le CAC est donc pestiféré et ça pourrait durer encore quelques semaines. Mais heureusement, au milieu des tourments politiques de l’Hexagone, il y a encore des analystes qui viennent se concentrer sur les entreprises en faisant fi de savoir qui sera Calife à la place du Calife. Hier l’analyste « luxe » de Bank of America en a donc profité pour upgrader massivement Kering, estimant que le retour de Gucci était de plus en plus concret et que le titre avait le potentiel de remonter à 450 euros, ce qui est aura été la moins mauvaise nouvelle de la journée sur l’indice français. Il ne reste plus qu’à voir ce que nous réservera la matinée de lundi, mais en attendant on va pouvoir se faire un dimanche soir BFM TV, histoire de voir les Le Maire, Attal et autres Darmanin sortir par la petite porte et reprendre le cours de leurs vies. Le Maire va aller écrire un nouveau bouquin pour adultes très avertis, Darmanin va retourner jouer au bon père de famille et négocier des appartements moyennement des échanges en nature et Gabriel Attal, on ne sait pas trop parce qu’il n’a jamais bossé de sa vie. Allez, on se revoit lundi pour en parler et savoir si on peut retourner sur Netflix à la place de BFM.
Trois axes à New York
Du côté américain c’est un peu différent. Il y a aussi l’aspect politique, puisque cette nuit, il y avait le débat Biden/Trump. Ou plutôt devrais-je dire le massacre de Biden par lui-même, puisque le Président en place a été tout simplement mauvais sur à peu près tout, montrant clairement que ses limites physiques avaient été atteintes. La Maison Blanche a même dû se fendre d’un communiqué PENDANT le débat pour prévenir que POTUS avait le « rhume », ce qui pourrait éventuellement expliquer ses écarts, ses moments de doutes ou ses bégaiements et éventuellement masquer le fait qu’il n’était même pas certain qu’il tienne jusqu’à la fin du mandat. Les sondages sur les intentions de vote ont explosé de 10% en faveur de Trump en quelques minutes. En dehors du contenu qui était peu relevant, c’est surtout le fait que Biden faisait pitié qui ressortait le plus et ça n’est pas ce que l’Américain a envie de voir.
De plus, le niveau du débat était pathétiquement bas, puisque Biden s’en est pris à Trump parce qu’il a couché avec une star du porno et Trump s’en est pris à Biden sur le fait qu’il est incapable de taper une balle de golf sur plus de 50 yards et encore moins capable de marcher sur 18 trous. On voit que nous étions quand même proche du niveau pâquerettes. Le meilleur moment, reste quand même celui où Biden s’est emmêlé les pinceaux sur une explication de la surveillance des frontières avec le Mexique et lorsque le modérateur redonne la parole à Trump, l’ancien Président lui répond en disant :
« Je n’ai rien compris à ce qu’il vient de dire et je pense que même lui ne sait pas ce qu’il vient de dire »
Tout est dit. Biden – au-delà des considérations politiques sur ce qu’il a fait de bien ou de pas bien depuis 4 ans, n’est plus physiquement capable de tenir son poste. C’est pratiquement de l’abus sur personnes âgées et les Démocrates doivent se demander s’il ne serait pas intelligent de le remplacer, la question est juste de savoir par qui. À ce stade, faire revenir Hillary Clinton semblerait plus intelligent.
Avant le débat
Actuellement les marchés n’ont pas encore pris la mesure de ce débat – surtout de par le fait qu’il vient de se terminer tôt ce matin – donc avant cela les marchés avaient continué à se concentrer sur la macro et la micro pour essayer de savoir si la FED baisserait les taux en juillet ou en septembre et s’il y aurait plus d’une baisse, puisqu’il faut tout de même rappeler que la FED n’en annoncé qu’une pour le moment. Hier nous n’étions pas forcément plus avancés qu’avant, si ce n’est que les chiffres économiques publiés hier montrent toujours que l’économie est en perte d’altitude, que le consommateur est dans un sale état et que les demandes d’indemnités chômage sont plus faibles que la semaine dernière, mais toujours très proches des plus hauts de ces 10 derniers mois. Que des chiffres qui laissent à penser que la FED ne va pas avoir d’autres choix que baisser les taux rapidement. Reste à déterminer si « RAPIDEMENT » veut dire juillet ou septembre.
Du côté de la micro, les intervenants ne savaient plus où donner de la tête alors que le secteur des semiconducteurs étaient sous pression suite aux chiffres de Micron, on constatait une forme de rotation sectorielle alors que les « software » étaient en mode explosion avec un retour en grâce de Salesforce qui a pris 4% hier et 20% depuis la publication de son dernier trimestre (pas terrible) et pendant que les « softwares » s’envolaient, il y avait aussi la Cybersécurité qui cartonnait, regardez simplement le graphique de Palo Alto, c’est du délire. Mais on parlait aussi de mauvaises nouvelles, puisque Walgreen a sorti un plan pour couper dans le gras et faire des économies en fermant des milliers de pharmacies dans tous les états américains, le CEO a expliqué que le modèle de pharmacie de quartier est mort et qu’ils doivent se repenser. Ils vont devoir se repenser vite, parce que le marché n’a pas aimé et Walgreen s’est pris 22% dans les dents. Et puis, dans les bonnes nouvelles, Infinera s’est fait racheter par Nokia, le titre prenait 18%. L’un dans l’autre, encore une fois les USA terminaient en hausse – hausse homéopathique en attendant le PCE de tout à l’heure, et l’Europe finissait en rouge foncé en menaçant de tout faite péter en faisant d’abord « péter les supports ».
Et maintenant, en Asie
Ce matin l’Asie est en hausse pour entamer ce dernier jour de trading de juin. Visiblement, les espoirs de voir les taux baisser aux USA sont de plus en plus forts et l’on semble extrêmement confiant sur le fait que les chiffres économiques de tout à l’heure vont pousser la FED à agir plutôt tôt que tard, ce qui encourage le Japon à monter de 0.86%, pendant que Hong Kong progresse de 0.56% et que la Chine avance de près de 1%, la Chine qui n’a pas vécu son meilleur mois avec ses histoires de « trade war » avec l’Europe. Pour le reste, alors que l’on mise sur une inflation plus faible, le pétrole est de retour sur les 82.20$ et les tensions entre Israël et le Liban n’y sont peut-être pas étrangères. L’or est à 2’330$ et le Bitcoin s’échange à 61’777$.
Dans les nouvelles du jour et mis à part le fait que Biden s’est fait humilier dans le débat de cette nuit et que s’en est presque gênant, hier soir tard il y a aussi eu les publications trimestrielles de Nike et ça ne va toujours pas bien. Au-delà du consommateur qui là aussi semble faire défaut, la société est en train de se restructurer et ça n’est pas facile – comme l’a mentionné le CEO hier soir – la compagnie essaye de pousser les gens à acheter de nouvelles baskets et moins des baskets vintages, mais ça ne va visiblement pas comme ils veulent. Foutu consommateur qui n’achète pas ce qu’on fait pour lui !!! Hier soir Nike a baissé ses prévisions annuelles et le titre – qui était en baisse de 12% depuis le 1er janvier, a encore perdu 13% de plus after close ! Autrement, dans les autres nouvelles, on retiendra que « Roaring Kitty » a publié l’image d’un chien sur son compte Twitter, ce qui a fait monter Chewy et GameStop et qui confirme que certains traders sont devenus complètement cons avec cette histoire. Il y aussi Goldman Sachs qui déclare que les « gros Hedge Funds » se débarrassent de leurs positions en actions « technologiques », juste au moment où elles sont toutes au plus haut de tous les temps, ça sent la prise de profits avant l’été pour aller tranquillement sur le Yacht à Newport Beach. Et puis, alors que nous vivons le dernier jour de trading du mois de juin, on se souviendra que dans l’histoire des bourses mondiales, les statistiques montrent que juillet est un « bon mois » pour les investisseurs. Pourvu que les statistiques ne nous jouent pas un mauvais tour.
Les chiffres du jour
Du côté des chiffres économiques du jour, il y aura le KOF en Suisse, le CPI en France – histoire de se chauffer pour le week-end – le CPI en Espagne qui n’intéressera que les Espagnols et puis ensuite, il y aura aussi le chômage en Allemagne et on pourra enchainer avec les chiffres du PCE aux USA. Le PCE qui est attendu à 2.6%, que ce soit le CORE ou le « pas » CORE. Notons encore qu’il y aura aussi le Chicago PMI qui devrait passer inaperçu. Le marché est donc plutôt convaincu que le chiffre sera faible et que la probabilité de la baisse des taux devrait se confirmer. On va donc pouvoir tout vendre « parce que c’est dans les prix ».
Et puis on terminera avec les « Headlines » qui sont en train de tomber post-débat et franchement, c’est très moche pour Biden. C’est un boulevard qui s’ouvre pour Trump et on peut même lire en première page du FT sur le net : « Les Démocrates sont en panique après la performance de Biden ». Sur ce, je vous souhaite un excellent week-end devant BFM TV et on se revoit lundi matin pour parler marchés boursiers et politique française avec Mélenchon qui va courir de plateau télé en plateau télé en hurlant : « La République, c’est moi !!! », pendant que Macron se fera tout petit derrière en marmonnant : « c’était pourtant NOTRE projet »…
Excellente journée à tous et à lundi !
Thomas Veillet
Investir.ch
« There is some movement…and I don’t wanna…I don’t wanna. »
Joe Biden