Pendant que l’Europe se débat dans ses calculs pour savoir si la France va être gouvernée par des technocrates ou par un type de l’extrême-droite qui s’appelle Jordan, les USA trouvent la force de marquer un nouveau plus haut historique grâce à Powell qui se transforme gentiment en colombe et grâce à Tesla qui ajoutait 75 milliards de market cap à l’addition pour avoir fait « moins pire » que les attentes des « Dieux de la finance ». Le marché américain continue de tourner aux amphétamines et rien ni personne ne semble en mesure de l’arrêter. À la vitesse à laquelle il monte, les 6'000 à la fin de l’année sont pratiquent acquis, tout comme la baisse des taux.

L’Audio du 3 juillet 2024

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Bull market forever

Du côté de l’Europe on reste donc complètement tétanisé en attendant le verdict des urnes de dimanche soir. Pendant que les responsables politiques – tous plus ridicules les uns que les autres – passent tour à tour à la télé pour expliquer ce qu’il faut faire pour faire barrage au Rassemblement National, les médias s’occupent de calculer le nombre de désistements dans les circonscriptions pour savoir où et quand le RN perdrait des sièges à l’Assemblée Nationale afin de savoir si une majorité absolue était possible. La liste des candidats qui se présentaient à l’élection de dimanche étant bouclée mardi soir après la clôture du marché, les indices ont passé la journée dans le rouge et ont passé leur temps à tirer des plans sur la comète.

Le clown de l’Elysée continue de manipuler les choses en coulisses, même si la seule certitude que semblent apporter ces élections législatives, c’est que PLUS PERSONNE ne veut de lui et de sa poupée en carton. Aux dernières nouvelles et selon les nouvelles projections après la clôture des candidatures, le RN récupérerait 260 sièges à l’Assemblée lundi matin. Donc clairement pas assez pour avoir la majorité absolue. Reste donc à voir si « Jordan » voudra quand même du job de Premier Ministre s’il a les pieds et les mains liées, sinon le pays sera ingouvernable et c’est finalement ce qui plaira le plus au marché ; ni la gauche, ni la droite, ni les trouffions Attal, Darmanin et Le Maire. Bruno pourra retourner écrire des bouquins pour adultes et puis c’est tout. Bref, pour faire simple, normalement lundi on y verra plus clair et en attendant, on va passer à autre chose et puis pendant que le marché français déprime, angoisse et se bourre d’anxiolytiques, on notera que Total a fait exactement ce qu’il fallait faire – techniquement parlant – soit aller chercher le bas de son canal ascendant pour rebondir comme c’est marqué dans les livres. Encore un truc qui va faire plaisir à Jean-Luc, une société du CAC40 qui fait de l’argent parce que le pétrole remonte comme un bouchon de liège.

Trois axes

Aux États-Unis alors que tout le monde se prépare à aller fêter l’indépendance et que les volumes sont en chute libre puisque tout le monde est en train de stocker de la Budweiser et préparer le barbecue de demain, tout en se demandant quelle sera la prochaine connerie que va nous faire le Président, le marché en a profité pour aller inscrire de nouveaux records d’altitude sur le Mur de l’Excellence de Wall Street. Hier le marché était concentré sur trois axes :

1) Le discours de Powell depuis le Portugal où il était invité par Dame Christine pour célébrer la BCE et faire comme la FED va faire à Jackson Hole au mois d’août.
2) Attendre les publications des ventes de Tesla.
3) Et voir si le marché des offres d’emplois (LES JOLTS) montrait des signes de faiblesse, ce qui permettrait de croire à une baisse des taux tout soudain, pour autant que les NFP de vendredi soit également du côté dégueulasse de la force.

Sachant que nos centres d’intérêts étaient relativement restreints, je crois que l’on peut dire que nous avons eu plus ou moins ce que l’on attendait – ou en tous les cas, que les choses se sont alignées comme nous le voulions. Ou en tous les cas, on va dire que les annonces d’hier nous ont permis de les interpréter comme il fallait pour que tout reparte à la hausse comme un seul homme.

Graphique de TotalEnergie – Source : Tradingview.com

Powell

En ce qui concerne le patron de la banque centrale américaine, il s’est exprimé très clairement et nous a donné à boire et à manger. Nous avons, comme d’habitude, retenu ce qui nous convenait le mieux. Mais pour résumer, Jerome Powell, a déclaré que :

« Les récentes données économiques montraient des « progrès significatifs » mais que la banque centrale américaine avait besoin davantage de données avant de pouvoir baisser les taux».

Voilà. Vous serez d’accord avec moi pour dire que ça valait VRAIMENT la peine de venir. En gros, il est content parce que l’inflation repart à la baisse, mais il ne fera rien tant qu’il n’a pas de garanties comme quoi nous allons RÉELLEMENT en direction des 2% – objectif officiel de la FED. L’un dans l’autre, on peut dire que ce que Powell nous a dit nous en touche une sans faire bouger l’autre, puisque la première partie de la phrase est DOVISH et que la seconde démontre qu’il est n’est pas encore prêt à être 100% DOVISH. Et quand on voit la gueule du pétrole ce mois, du prix de l’essence et de la nourriture qui prend l’ascenseur, on n’est pas encore certain que les prochains chiffres de l’inflation soient aussi accommodants que ceux du mois dernier. MAIS C’EST PAS GRAVE, parce que nous, en 2024, nous avons ce talent pour CHERCHER la bonne nouvelle, la passer au STABILO JAUNE FLUO et repartir à l’achat sur à peu près tout ce qui nous passe sous la main. D’ailleurs le S&P500 est reparti à la hausse dès la fin du discours de Powell, entraînant les Magnificent Seven avec lui. Apple terminait au plus haut de tous les temps, Microsoft, Google et Amazon aussi. Meta se fait tirer l’oreille et lui faudra un peu plus de temps. Pour les deux autres qui restent, c’est une situation spéciale.

L’emploi en ligne de mire

S’il y a une chose dont nous sommes certains, c’est que la FED veut VRAIMENT voir un ralentissement clair de l’emploi avant de baisser les taux. Et il faut dire que ça tombe bien, parce qu’hier il y avait justement les JOLTS qui avaient le pouvoir de nous confirmer la chose. Il faut dire que là encore, nous avons été absolument MAGIQUES ! Le marché attendait donc 7.96 millions de jobs disponibles sur le marché et c’est sorti à 8.14 millions. Donc, si l’on a passé un peu de temps sur les bancs d’une école quelconque, on sait que 8.14 millions c’est PLUS GRAND que 7.96 millions. Ce qui tend à vouloir dire que le marché de l’emploi va mieux que ce qu’attendaient les experts et mieux que le mois dernier. Et c’est pas vraiment ce qu’attendait la FED pour pouvoir baisser les taux.

MAIS ! Oui, parce qu’il y a un MAIS, un grand MAIS. Et ce grand « MAIS », c’est notre capacité à trouver LA BONNE NOUVELLE à l’intérieure de la MAUVAISE NOUVELLE, pour qu’elle devienne du coup, une BONNE NOUVELLE. Et hier, il fallait retenir que les JOBS qui sont offerts ce mois « paient moins que ceux du mois dernier ». En résumé, il y a plus d’emplois qui sont proposés mais MOINS D’EMPLOIS avec des gros salaires, ce qui veut dire (selon les EXPERTS À WALL STREET), que le marché de l’emploi ralenti intrinsèquement. En vrai, il reste solide mais c’est une façade. En fait à l’intérieur tout est en train de partir en vrille mais de manière discrète. Bref, c’était rassurant sur le fait que la FED va pouvoir baisser les taux comme prévu et que, si ça se trouve, les NFP’s de vendredi seront immondes et tout ira pour mieux dans le meilleur des mondes. Le S&P500 a donc terminé au plus haut de tous les temps ET AU-DESSUS des 5’500 parce que l’emploi ralentit et que la FED elle va baisser les taux.

Tesla, on the road again

Et puis LA TROISIÈME NOUVELLE de la journée, c’était TESLA. Là aussi, question d’interprétation. Hier le géant de la voiture verte et électrique a annoncé les chiffres de ses ventes et là aussi, c’était une IMMENSE SURPRISE qui a propulsé le titre 10% plus haut. Et encore, le titre s’est arrêté à 10% parce qu’il y a une énorme résistance qui va demander un peu plus que ça pour céder. La société d’Elon Musk a donc annoncé avoir vendu 443’956 voitures alors que leurs propres attentes étaient de 438’000. Ils ont donc battu leurs propres objectifs et EN PLUS, ils sont « MOINS PIRE » que ce qu’attendait Wall Street, puisque le « range » des attentes était entre 420’000 et 425’000.

En plus, ils ont réussi à réduire leurs inventaires, ce qui devrait réduire la pression sur les prix. L’annonce d’hier a donc déclenché une vague de bonheur et de joie et le titre a explosé de 10%, point final. Bon. Après on peut encore noter que sur une année, les ventes sont quand même en baisse des 4.8% – mais ça on s’en fout, tout comme du fait que les Tesla’s d’occasion se vendent tellement mal que c’est presque plus intéressant de les donner que de les vendre. Encore une fois, nous avons la stratégie du verre à moitié plein et en plus les analystes comme Dan Ives se sont empressés de dire que le pire était derrière et que maintenant « the only way is up, baby ». Sans compter que Musk a déclaré que « dès qu’ils auront réglé les problèmes d’autonomie de leurs robots OPTIMUS, ils pourront passer à la production de masse et « TUER » ceux qui sont short sur Tesla ». On se réjouit. Peut-être que finalement, Tesla va vraiment aller à 3’000$, comme l’a prévu Madame Wood.

Le reste

Tout ça pour vous dire que même si le S&P500 n’est monté « que » de 0.62%, la journée était limite euphorique. Ce matin le Japon est en hausse de 1%, Hong Kong fait pareil et Les indices chinois sont restés à la traîne, reculant de 0,4 % après des chiffres du PMI’s médiocres. L’indice PMI des services Caixin a augmenté moins que prévu en juin, indiquant que le secteur des services de la Chine ralenti. Ce qui soulève des inquiétudes quant à un coup de frein plus important dans la plus grande économie asiatique. Le pétrole se maintient au-dessus des 83$, l’or est à 2344$ et le Bitcoin n’a pas cassé à la hausse et se replie sous les 61’000$.

Dans les nouvelles du jour, c’est très maigre, puisque les USA vont fermer à la mi-journée pour aller préparer la journée de congé demain, mais dans les médias financiers on parle de Biden qui est toujours sous pression pour se retirer de la course à la Maison Blanche alors que de plus en plus de voix s’élèvent dans ce sens dans le parti démocrate. La France fait aussi les gros titres, mais on va arrêter d’en parler jusqu’à lundi matin. On apprend également que Paramount et Skydance ont rallumé la flamme et on parle de fusion à nouveau. On dirait le scénario d’une comédie romantique américaine, sans oublier que Rivian a également fait mieux au niveau des livraisons de voitures, le titre prenait 7%. Ils ont annoncé 13’790 livraisons contre 12’000 attendues. Les prévisions annuelles sont maintenues, la société vaut 15 milliards et ils ont vendu 13’790 voitures. Rivian vaut plus que Renault et je crois que Renault vend un peu plus de voitures. Bon, d’accord, c’est des Renault, mais quand même.

Les chiffres

Voilà, aujourd’hui c’est demi-cession à New York et il y aura tout de même un paquet de chiffres. On va commencer avec les PMI’s des services et le composite en Europe, puis il y aura les chiffres de l’emploi ADP et les Jobless claims, histoire de se chauffer pour vendredi. Ensuite, il y aura également le PMI composite et celui des services aux States, on y ajoutera l’ISM Non-Manufacturier et les inventaires pétroliers. Et comme si ça ne suffisait pas, il y aura aussi les Minutes du dernier FOMC Meeting, ainsi que Williams et Lagarde qui parleront pour les banques centrales. Même si les USA seront fermés demain, on aura de quoi remplir quelques pages.

Pour le moment les futures sont en baisse de 0.07%, nous sommes mercredi et moi je vous retrouve demain pour une nouvelle chronique spécial fête de l’indépendance. Très bonne journée à tous et À DEMAIN !

Thomas Veillet
Investir.ch

“Never stop investing. Never stop improving. Never stop doing something new.” Bob Parsons