Et c’est reparti pour une semaine de folie, de records et d’optimisme exacerbé. Demain nous entamons le mois d’octobre avec une conviction que rien ne peut nous arriver qui est absolument inouïe. L’indice Greed&Fear de CNN est à deux doigts de passer en mode « extrême » et les investisseurs n’ont (presque) jamais été aussi optimistes qu’ils ne le sont actuellement. Les nouvelles économiques ne peuvent plus nous atteindre, ne peuvent plus avoir d’impact sur les marchés, puisque nous fonctionnons sur un seul principe : « Si la nouvelle est bonne, ça monte et si la nouvelle est mauvaise, ça monte aussi parce qu’ils vont baisser les taux ». Pourtant la semaine qui nous attend sera violente.
L’Audio du 30 septembre 2024
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Alice au pays des merveilles
Nous entamons donc la semaine et le mois d’octobre dans un monde quasiment parfait. Un monde dans lequel nous sommes parvenus à nous convaincre que rien ne peut nous arriver. Et un monde dans lequel nous savons que les Banques Centrales seront toujours là pour nous soutenir. Le fameux PUT des banques centrales n’est définitivement pas mort. La thématique de la baisse des taux fonctionne toujours et cela même si nous sommes montés de près de 40% depuis que Powell nous avait chauffé avec son pivot à venir à la fin du mois d’octobre de l’an passé. Nous sommes montés en anticipation de la baisse des taux et maintenant nous montons en anticipation de la prochaine baisse qui aura inévitablement lieu dans la même amplitude que la première, surtout si l’économie montre des signes de faiblesse, si l’emploi ralenti et si l’inflation s’affaiblit.
En résumé, on voit mal comment ça pourrait baisser. À moins qu’un « Black Swan » nous explose à la figure. Mais là tout de suite, on ne voit vraiment pas ce que ce « Black Swan » pourrait être. Le côté guerre n’intéresse même plus les marchés, que ça soit en Ukraine ou au Liban. Du côté électoral aux USA ; on n’attend vraiment rien. La bonne surprise serait que 100% des Américains refusent de voter tant qu’on ne leur présente pas un candidat qui tient la route. Et les chiffres du trimestre qui arrivent ne devraient pas changer la donne plus que cela. Comme d’habitude, il y aura à boire et à manger, mais à la fin 80% des boîtes qui vont publier sortiront des chiffres supérieurs aux attentes des analystes et le reste ne sera que l’interprétation que la majorité en fera.
C’est en Asie que ça se passe
Ce matin nous entamons donc la semaine dans un environnement qui frise l’euphorie. Personnellement, je trouve que ça n’est jamais bon d’être aussi optimistes et d’entendre autant de commentaires rassurants, mais pour l’instant, il faut faire avec. Surtout que depuis une semaine, la Chine est devenue le nouveau marché qui fait monter les marchés. Depuis que le COVID a été inventé par les chauve-souris et les pangolins, nous n’avions plus revu une Chine aussi forte et aussi violemment haussière. La semaine dernière Xi-Jinping et ses employés nous ont donc sorti un stimulus de derrière les fagots et depuis le marché chinois est sous cocaïne. Il ne peut plus s’empêcher de monter et les investisseurs qui avaient fui la région sont tous en train de revenir au galop comme si 100% des sociétés chinoises s’étaient lancées dans l’intelligence artificielle. Ce matin encore, Shanghai grimpe de 3% de plus, même si de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que le stimulus est incomplet, parce qu’il n’y a pas d’aide du côté de la fiscalité des individus et que sans ça, les dépenses ne vont pas exploser autant que le marché l’anticipe déjà. Et quand je dis marché, je pense au secteur du luxe qui vit un rêve depuis une semaine. On croit d’ailleurs avoir vu Bernard Arnault arpenter les Champs-Élysées, une paire de jumelles à la main, en train de guetter les Chinois qui arrivent pour dépenser leurs Yuans.
Pendant que la Chine retrouve son statut d’El Dorado, il faut penser au voisin qui ne vit pas dans le même rêve. Le Japon entame la semaine sur un nouveau plongeon spectaculaire, puisque le nouveau Premier Ministre qui a été choisi n’est pas assez « market friendly » selon les experts. Le Nikkei était en baisse de près de 5% tôt ce matin après que les libéraux-démocrates au pouvoir ont choisi Shigeru Ishiba, un ancien ministre de la défense, comme prochain premier ministre. M. Ishiba devrait succéder dès mardi à l’actuel premier ministre Fumio Kishida, qui a démissionné en raison de l’effondrement de sa cote de popularité. Un peu comme Macron, sauf que Macron, lui, il s’accroche. Après avoir remporté le vote du parti vendredi, Ishiba a déclaré qu’il poursuivrait principalement l’approche de Kishida pour tenter de relancer la faible croissance économique du Japon. Mais l’autre candidat était mieux selon les marchés. Le Dollar/Yen a perdu 4 figures sur l’annonce et c’est le bain de sang sur les marchés locaux. Heureusement, la Chine compense et l’optimisme peut rester parmi nous.
Grosse semaine
Après vous avoir expliqué longuement que nous sommes immunisés contre les mauvaises nouvelles et que la Chine est presque aussi sexy que Nvidia quand elle valait 12 dollars et afin de vous garder éveillés, il est donc temps de passer au sujet de ce qui nous attend cette semaine. Oui, parce que même s’il est établi que nous sommes immortels et SURTOUT que le BULL MARKET est immortel, il ne faut quand même pas négliger que la semaine qui nous attends ne sera pas de tout repos. Ça ne sera pas de tout repos, parce que c’est aussi LA SEMAINE DE L’EMPLOI. Comme à chaque début de mois nous aurons droit aux chiffres passionnants et mal calculés au sujet de l’emploi américain. Cela commencera avec les JOLTS, puis nous aurons les chiffres de l’emploi ADP, les Jobless Claims et nous conclurons la semaine avec les NON FARM PAYROLLS qui nous donneront une idée du nombre d’emplois créés en septembre, même si l’on sait tous pertinemment que ce chiffre sera faux et que l’on nous servira une nouvelle version en novembre et probablement en décembre aussi.
La bonne nouvelle c’est que si les chiffres sont pourris (comme ce sera probablement le cas), les marchés vont monter parce que « du coup la FED va baisser les taux de 50 bp » le mois prochain. Elle est pas belle la vie ? Non, je dis « elle est pas belle la vie », parce que si par miracle, les chiffres sont bons, on montera parce qu’on se dirige vers un SOFT LANDING et que Powell est la réincarnation de Jésus ou je ne sais quelle autre légende urbaine. En plus de l’emploi, il va falloir aussi écouter Jerome Powell – justement – qui parlera ce soir pour dire plus ou moins ce qu’il nous a dit il y a deux semaines. Et puis, demain il y aura l’inflation en Europe qui devrait ouvrir définitivement les vannes à une baisse de 50 BP « pour faire comme les Américains » lors du prochain meeting de la BCE qui aura lieu le 17 octobre en Slovénie.
Bref, comme vous le voyez, pas de raison de paniquer, la voie vers la hausse semble toute tracée. Il faudra encore noter que cette semaine, il y aura Nike qui va dévoiler ses trimestriels et faire parler son nouveau CEO et après le carton de Micron la semaine dernière, il sera intéressant d’avoir une nouvelle tendance pour les publications trimestrielles qui commenceront « pour de vrai » la semaine prochaine avec l’arrivée traditionnelle des membres de la communauté financière qui publieront leur Q3 dès le 11 octobre.
Pour le moment
Actuellement, nous avons donc les yeux fixés sur la Chine et le Japon, d’un côté la hausse continue et de l’autre c’est la déception qui l’emporte. Le Nikkei est en baisse de 4.86% et la Chine monte de 5% selon les indices que l’on regarde et Hong Kong est en hausse de 2.2%. On notera quand même que les PMI’s chinois sont sortis ce matin – il n’y a pas que du bon, mais il semblerait que les experts se concentrent surtout sur le fait que PMI manufacturier est moins pire que prévu – ce qui donne espoir et joie dans l’Empire du Milieu et qui rassure surtout tous les investisseurs étrangers qui ont vendu leurs grand-mères depuis une semaine pour réinvestir en Chine. Même si actuellement, on préfère quand même les bonnes nouvelles, il faut tout de même noter que le PMI en question reste en « contraction » et que c’est le cinquième mois consécutif qu’il se contracte. En temps normal, on aurait pu mal prendre la chose, mais en ce moment, ça nous renforce dans notre conviction de voir le gouvernement chinois persévérer dans ses efforts pour sauver l’économie.
Du côté du pétrole, c’est « business as usual », trop de production pèse sur le prix et les menaces de représailles des Iraniens ne font plus peur à personne. L’embrasement au Moyen Orient qui « pourrait » avoir des conséquences sur le baril, semble faire rire tout le monde, pendant que l’ONU brasse de l’air et que personne n’ose déranger le petit Benyamin qui s’attelle chaque jour un peu plus à redessiner les cartes de la région. À l’heure actuelle le baril est à 68.64$, l’or est à 2676$ et le Bitcoin est à 65’000$ – pour changer. Dans les news du jour, ce matin c’est très maigre si l’on met la Chine et le Japon de côté. Nous allons donc commencer tout en douceur en attendant Powell ce soir et l’on se rappellera surtout que cette semaine, nous aurons largement de quoi nous occuper avec l’emploi américain et vendredi nous pourrons surtout constater de combien le Bureau of Labor Statistics s’est gouré dans les chiffres du mois dernier. Chaque mois on pense qu’ils ne peuvent pas faire pire mais en fait, ils peuvent et ne cessent jamais de nous surprendre.
Actuellement, les futures sont inchangés et on se fout totalement de la chute du Japon qui est compensée par l’explosion du nouvel El Dorado chinois. Tiens d’ailleurs je me rends compte que l’on n’a même pas parlé de Nvidia ce matin, tellement on parle de la Chine.
Excellente journée à tous, très bonne fin de mois de septembre et on se retrouve le mois prochain, le 1er octobre.
À demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
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