Trump n’a pas posté un message sur « X » ou sur Truth Social pour dire que Powell était un con. Les responsables de la FED qui ont parlé hier n’ONT PAS dit que ça serait facile de baisser les taux cette année. Ils n’ont pas dit non plus que ça serait facile de les monter. Il n’y a PAS de chiffre qui est sorti pour nous expliquer que l’inflation était en train de chuter de manière vertigineuse ou que l’emploi était mal en point. Tesla n’a pas présenté une voiture à essence pour révolutionner le secteur et Apple vend toujours des iPhone 16 parce que c’est une révolution et il se pourrait qu’Israël soit en train de se préparer à bombarder l’Iran mais tout le monde s’en fout. Hier c’était nul.

L’Audio du 21 mai 2025

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Rien

Je dois vous avouer que dans mon métier de « chroniqueur boursier et vulgarisateur financier » – si, si, c’est un métier il paraît – il y a des jours qui sont plus faciles que d’autres. Je dois reconnaître que quand Trump vient à la télé pour dire que Powell est un idiot et qu’il va le remplacer par un de ses potes qui a eu bossé dans la finance quand il était jeune. Ou quand le même TRUMP, publie sur les réseaux sociaux qu’il va augmenter les droits de douane contre la Chine de 885%, c’est beaucoup plus facile d’écrire une chronique pour vous expliquer ce qu’il se passe. En revanche des journées comme hier où la seule chose que l’on peut dire c’est que « nous vivons un séance de CONSOLIDATION parce qu’on est quand même beaucoup monté depuis deux semaines », je vous avoue que la première chose qui me vient à l’esprit c’est surtout de retourner me coucher et d’attendre que Trump pète un câble contre quelqu’un, quelque chose ou contre un pays tout entier et de préférence la Chine, histoire qu’il se passe vraiment quelque chose de spectaculaire, que la Volatilité repasse au-dessus des 30% et qu’il y ait un peu d’action.

Parce que là, hier, mis à part le fait que les Allemands sont ENCORE parvenus à battre de nouveaux records d’altitudes et EN PLUS, ils ont réussi à clôturer au-dessus des 24’000 points pour la première fois de leur histoire et qu’ils ont justifié ça à cause de, je cite : « l’espoir d’une issue aux différends commerciaux mondiaux déclenchés par Donald Trump et a une saison de publication des résultats assez solide pour les entreprises et un plan de relance de plusieurs milliards d’euros du gouvernement allemand ainsi les anticipations d’une baisse des taux d’intérêt dans la zone euro », il ne s’est pas passé grand-chose. Et encore, au sujet de l’Allemagne, les excuses pour acheter des ETF sont un peu éculées, pour ne pas dire réchauffées. Et d’ailleurs ça n’est pas qu’en Allemagne qu’on est monté pour ces raisons qui sont en train de dépasser la date de péremption. L’argumentaire du « on prend tout ce qui ne va pas mal et qui pourrait aller mieux dans six mois et on achète pour ça », a également permis à la France de friser les 8’000 – mais pas de les dépasser à et à la Suisse de finir au-dessus des 12’400.

Mais pas aux USA

Par contre, aux USA c’était pas la même mayonnaise, puisque les indices terminaient tous dans le rouge sans qu’il n’y ait vraiment une vraie raison de tout vendre. Trump ne s’est pas vraiment excité contre qui que ce soit, il est simplement en train de faire de la politique américaine pour essayer de motiver le Congrès américain à baisser les impôts pour rendre la vie moins compliquée à certaines familles, mais il n’a pas pris le temps de faire un update sur ce qui se passer avec la Chine, ni sur ce qu’il compte faire avec la guerre en Ukraine et la construction d’un grand parking à Gaza. Je crois qu’hier c’était une journée « off » pour Donald Trump et comme on n’a pas l’habitude, il ne s’est rien passé de « vraiment » sexy sur les bourses mondiales.

Oui, parce que vous l’aurez compris, depuis la fin du mois de janvier, les marchés financiers ne fonctionnent plus sur la base des trois piliers habituels – piliers qui sont : la macro, la micro et la géopolitique. NON. Depuis fin janvier – voire même un petit peu AVANT – on ne fonctionne plus que sur le sujet de la GÉOPOLITIQUE et parfois même – (si j’osais) – UNIQUEMENT SUR LES DÉCLARATIONS de Donald Trump. Et puis quand VRAIMENT il n’y a rien d’autre à dire sur la géopolitique, on se recentre sur la macro. Et quand il n’y a vraiment rien à dire sur la macro, on se recentre sur les chiffres trimestriels des sociétés. Et quand nous sommes dans une semaine où la macro se réduit à pas grand-chose – oui parce que le PPI allemand qui sort à MOINS 0.6% contre MOINS 0.3% attendu, je ne vous cache pas que TOUT LE MONDE S’EN FOUT COMME DE L’AN QUARANTE et que ça n’est pas POUR ça que l’on va casser la tirelire du petit dernier pour acheter du Rheinmetall. Bref, pour faire simple, hier on s’est emmerdés à un niveau de classe mondiale et quand on s’emmerde à ce niveau d’emmerdement, c’est encore pire le lendemain pour des mecs comme moi qui sont censés vous raconter quelque chose qui pourrait éventuellement peut-être rendre votre début de journée intéressante et qu’il n’y a strictement rien à dire si ce n’est que les indices mondiaux ont bougé à la hausse en Europe pour des raisons que l’on connait déjà et que les indices américains terminaient en baisse pour la première fois depuis 6 séances pour des raisons que l’on a déjà entendues depuis trois semaines.

BOF !

En conclusion, hier les marchés mondiaux du monde merveilleux de la finance ont terminé de façon dispersée et étaient en mode CONSOLIDATION. Alors là il faut que je vous dise que le mode consolidation c’est un terme absolument fabuleux. C’est un terme qui veut dire que le marché il est beaucoup monté pour des raisons qui sont parfois discutables du point de vue FONDAMENTAL et qu’on a de la peine à se motiver pour acheter encore, parce dire pendant 8 séances de suite qu’il faut acheter parce que ça va bien se passer avec la Chine, ça sent quand même le gratin de pâtes qu’on mange depuis dimanche soir parce qu’on sait plus quoi faire à manger. Et c’est généralement à ce moment très précis que l’on vient nous sortir le terme de CONSOLIDATION.

Et ce terme sert à peu près à tout du point de vue des marchés financiers. Enfin, il sert à tout quand on ne sait plus quoi dire et quand on a de la peine à justifier le fait qu’hier le S&P a perdu 0.38% alors qu’absolument rien n’a changé dans l’environnement macro-économico-géopolitco-trumpico-financier. Si lundi vous avez acheté le marché parce que la Chine ça va bien se passer ou parce que l’inflation pourrait être moins pire que prévu OU parce qu’en fait vous vous en foutiez du downgrade de la dette US, vous pouviez tout aussi bien continuer d’acheter hier. Ou voire ne rien faire. Mais comme ça a quand même baissé un poil aux USA, il fallait quand même trouver une justification. Et c’est pour ça qu’après presque deux pages de chronique durant lesquelles j’ai brassé de l’air pour ne rien dire, j’en arrive à vous donner LA RAISON d’une légère baisse sur les marchés américains et d’une légère hausse sur les marchés européens, C’EST PARCE QUE NOUS SOMMES EN PHASE DE CONSOLIDATION. Et préparez-vous à vous emmerder encore un peu parce que les chiffres du trimestre sont presque terminés – on attend plus que Nvidia dans 7 jours – et que cette semaine c’est LA SEMAINE MACRO qui ne sert à rien parce qu’il n’y a pas de chiffres intéressant et que les 14 membres de la FED qui ont parlé, qui parlent ou qui vont parler cette semaine, ne vont que nous balancer des banalité du style « on attend de voir pour savoir et ensuite on attendra de voir pour faire, mais en attendant on ne touche pas les taux ». En conclusion, y a que Trump qui peut rendre le reste de la semaine intéressante et s’il ne fait rien, demain je vais me résoudre à vous parler de cuisine ou de macramé, tellement il n’y aura rien à dire sur le monde merveilleux de la finance.

Pour le reste

L’Asie a refusé de faire du grand-huit ce matin – probablement pour des raisons de consolidation. Ça a à peine bougé, sauf au Japon où les exportations font la gueule à cause des droits de douane. L’Australie, elle, plane parce que la Banque Centrale a baissé les taux, mais qui est investi en Australie. À Wall Street les futures sont en baisse de 0.2%, ambiance « pause café ». La Chine, de son côté, a baissé les taux, mais ça n’a pas encore déclenché le tsunami espéré par le parti communiste et pendant ce temps-là, la Corée grimpe de 1%, Singapour recule, et l’Inde se demande encore si elle va se lever du canapé. Bref. C’EST CHIANT.

Heureusement, il se passe des trucs sur le pétrole. Enfin, je dis « heureusement », il faut le dire vite parce que si le WTI frise les 63$ ce matin c’est pas parce que « l’économie repart et que les gens vont consommer plus DONC le baril DOIT monter », mais c’est plutôt parce que les services secrets américains ont déclaré dans la presse que selon leurs sources, les Israéliens seraient sur le point de bombarder l’Iran. Alors déjà y a deux choses qui me viennent à l’esprit :

– Tout d’abord, je pensais qu’Israël était occupé à Gaza et que ça paraissait compliqué d’aller en plus construire un autre parking à Téhéran
– Et ensuite, je pensais que le terme « SERVICES SECRETS » était basé sur le fait qu’ils ne disaient pas à tout le monde qui ils étaient, ce qu’ils faisaient et où ils étaient. Et en plus j’étais CONVAINCU que la première chose que l’on apprenait dans l’école des agents secrets c’était plutôt « comment faire parler un terroriste » que « comment écrire un bon communiqué de presse pour balancer nos infos « TOP SECRÈTES » dans le 20 heures de CNN…

Et bien je me suis trompé et James Bond doit se retourner dans sa tombe en voyant que ses successeurs sont devenus des journalistes sur Tik-Tok et X… Bref, si les sources officielles de la CIA sont juste, Israël serait sur le point de bombarder l’Iran. Et donc, ça fait monter le pétrole. Un poil. L’or est à 3’315$ et le Bitcoin est à 107’400$, ça frise le plus haut de tous les temps.

Du côté des news

Côté news du jour, on retiendra qu’Home Depot a sorti des chiffres en-dessous des attentes, n’ont aucune visibilité, mais en revanche, ils vont garder l’impact des tarifs douaniers pour eux parce que s’ils reportent la chose sur les clients, Trump va s’énerver. Et puis Tesla était en hausse parce que Musk a donné une interview au Qatar pour dire qu’il serait toujours CEO de Tesla dans 5 ans et qu’en plus, ils allaient lancer les premiers Robotaxis à Austin au Texas d’ici le mois de juin et que ces mêmes Robotaxis seraient gérés par des humains au début. Donc. Ça fait 5 ans qu’on nous bourre le crâne avec des Robotaxis, mais quand finalement ils arrivent, c’est pas des Robotaxis, c’est des Taxis tout court. Mais ça faisait quand même monter le titre. On n’est pas rancunier.

Et puis alors, D-Wave Quantum a pris 26% après avoir lancé dans le cloud son ordinateur quantique de 6ème génération. La technologie promet des performances de dingue sur des sujets complexes comme la logistique ou l’allocation de ressources. En clair : des problèmes trop compliqués pour des machines classiques et la boîte vend ça comme un game-changer pour l’industrie. Et les investisseurs y croient… pour l’instant. Par contre, perso quand je lis ce que le Quantum Computing est censé nous apporter et si on couple ça avec ChatGPT, on est pratiquement partis pour le dernier volet de Terminator et il n’y aura pas de suite cette fois. On retiendra aussi que l’inflation en Angleterre vient de sortir et c’est nettement plus fort qu’attendu. On attendait 3.3% et ça sort à 3.5%.

Chiffres

Côté chiffres du jour, il n’y aura RIEN ! Un peu à l’image de cette chronique qui avait pour but de parler d’emmerdement maximum et de vide intersidéral. Bon d’accord, il y aura quand même LA « Réunion non liée à la politique monétaire de la Banque centrale européenne ».
C’est une réunion où on ne parle pas des taux d’intérêt, mais plutôt d’autres sujets comme la régulation, la supervision bancaire ou les aspects techniques du fonctionnement de l’institution. Bref, encore un truc chiant.

Sur ce, je retourne me coucher, je vous souhaite une très belle journée et on se voit demain pour parler encore de rien, à moins qu’il se passe quelque chose. À moins que Trump ait récupéré ses codes d’accès à X et à Truth Social ou qu’il ait mangé un Poulet Impérial du Palais du Dragon Rouge et qu’il n’a pas bien digéré…

Ah oui, et désolé pour l’heure tardive, mon réveil est tombé en panne durant la nuit…

À demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

« Quand le canard te sourit, méfie-toi… il sait peut-être que c’est toi le plat du jour. »
— Proverbe chinois avant Donald Trump