Les investisseurs étrangers n'ont cessé d'accroître leurs avoirs en actions US et détiennent 18% du marché boursier américain. Ce phénomène reflète le déficit commercial américain. Les étrangers qui vendent des biens aux États-Unis reçoivent en échange des USD, qu'ils utilisent ensuite pour acheter des actifs américains, notamment des actions.
Les flux de capitaux évoluent, avec un changement notable de cap, passant d’un ciblage exclusif des marchés US à la diversification. Après une période prolongée de concentration sur les États-Unis, l’allocation des fonds vers les marchés d’actions, d’obligations et de crédit US a commencé à diminuer. Cette baisse est principalement, mais pas exclusivement, imputable à l’affaiblissement de l’USD. La réorientation des flux est un signe clair que cette rotation.
Ce processus de diversification peut prendre différentes formes. Au cours des 3 derniers mois, l’Europe a été la destination privilégiée. Les flux de capitaux vers les fonds européens ont été presque 2 fois plus élevés qu’aux États-Unis (49 contre 27 milliards). De plus, les flux vers les fonds d’actions des marchés développés mondiaux (48 milliards de dollars) ont été presque 2 fois plus élevés que les flux directs américains. Les flux vers les marchés émergents montrent également de forts signes de reprise. Ils ont attiré 23 milliards sur 3 mois, ce qui est comparable aux flux vers les US.
Sur le marché obligataire, les flux nets de capitaux vers les fonds de crédit ont été plus élevés en Europe qu’aux États-Unis. Pour la 1ère fois, l’encours total des fonds de crédit libellés en EUR a dépassé celui des produits libellés en USD.
Les principaux bénéficiaires ont été l’EUR, le JPY et le CNY et le resteront.
Flux de fonds illustrant le début de la grande rotation
Le processus de dédollarisation est en cours
Les propositions politiques erratiques et autodestructrices de Trump sont dangereuses, notamment compte tenu des importants besoins de refinancement de la dette américaine. Ces dernières années, la gestion de la dette US s’est de plus en plus concentrée sur le court terme, une tendance qui s’accélère. Il est incontestable qu’aucune autre économie avancée au monde n’affiche une part aussi importante de dette souveraine à court terme par rapport à l’encours total de la dette.
Compte tenu de l’important encours de la dette américaine, qui dépasse 120% du PIB, le Trésor US est amené à refinancer 33% de sa dette cette année. Ce chiffre est presque le double de celui de l’Italie.
Le CBO a estimé que le «One Big Beautiful Bill» de Trump augmenterait la dette nationale de 2’400 milliards de dollars. Cette loi introduit également un processus de prélèvement d’impôts punitifs sur les revenus d’intérêts des créanciers étrangers, qui manque de transparence. Ce processus est décrit à l’article 899.
Un désintérêt des créanciers étrangers pourrait déclencher une crise du marché obligataire. La Fed serait contrainte d’intervenir en achetant des obligations pour endiguer les sorties de capitaux. Cependant, cela serait-il suffisant si les erreurs de politiques budgétaires ne sont pas corrigées?
Un sentiment croissant de solidarité entre les Européens
Les décideurs politiques européens souhaitent mobiliser l’épargne privée pour financer les investissements. L’Union de l’épargne et de l’investissement (UEI) de la Commission européenne s’appuiera sur les travaux de l’Union des marchés de capitaux et de l’Union bancaire. Les progrès législatifs devraient être lents et progressifs, l’ESMA pouvant se voir conférer des pouvoirs de surveillance accrus. Cependant, l’UEI devrait servir de couverture politique à des initiatives plus audacieuses du secteur privé ou des États membres pour développer les marchés de capitaux, et les initiatives venant d’en bas seront encouragées.
Les avantages potentiels de la titrisation pour le financement bancaire incluent une amélioration de la productivité et de la répartition des risques. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a souligné que l’UEI avait été créée pour résoudre le problème de souveraineté: sur les 1000 milliards d’euros épargnés chaque année par les Européens, 300 à 400 sont investis en dehors de la zone, principalement aux États-Unis.
Finance Europe, une initiative privée, vise à encourager les Européens à investir dans des produits d’épargne qui soutiennent l’économie réelle. Pour être éligible à ce label, un produit d’épargne doit remplir les 3 conditions cumulatives: 1) être investi à au moins 70% dans des entreprises européennes; 2) avoir une durée d’épargne d’au moins 5 ans; 3) disposer d’une part significative de financement en fonds propres, sans garantie de capital. Pour renforcer l’attrait des produits labellisés, les États membres participants peuvent offrir des incitations fiscales (réduction d’impôt, exonérations de plus-values ou autres avantages). Ces mesures visent à rendre les produits labellisés plus compétitifs que d’autres options d’investissement.
- Les investisseurs étrangers aux US joueront un rôle essentiel dans la stabilité du marché américain
- Privilégier les actifs non américains aux actifs américains, et l’EUR
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