Je vais vous raconter une histoire : il était une fois un acronyme, un président un marché boursier qui a appris à décrypter les humeurs d’un homme comme on lit la météo tropicale : en espérant que l’ouragan change d’avis au dernier moment."

On connaissait les FANG, les FAANG, les Magnificent Seven. Voici le dernier-né du jargon boursier : TACO. Non, ce n’est pas un snack tex-mex, c’est une nouvelle stratégie boursière. Ou plutôt une caricature de stratégie politique transformée en signal de marché.

TACO, c’est l’acronyme de Trump Always Chickens Out. Autrement dit : Trump menace, Trump frappe, Trump panique… et Trump recule. Et c’est devenu un indicateur boursier.
Exemple très concret : vendredi il y a 10 jours, Trump balance un tweet surprise, façon caillou dans la mare. Il annonce des droits de douane de 50 % sur tous les produits européens dès le 1er juin. Les marchés chutent. Dow -256 points, Nasdaq en vrille, S&P500 à genoux.
Les traders partent en week-end avec des sueurs froides et les doigts crispés sur le bouton “sell”.

Pic credit: @mjfree

Retour de manivelle

Mais dimanche soir, miracle ! Nouveau tweet présidentiel : Trump “repousse” les sanctions au 9 juillet, à la demande d’Ursula von der Pfizer. « C’est mon plaisir de le faire » a déclaré le Président. Traduction : on va attendre que ça passe. Résultat ? Mardi, après le Memorial Day les marchés s’envolent. Tout le monde respire. Et tout le monde comprend : le TACO trade a encore frappé.

Même le Financial Times en parle comme d’un mécanisme désormais bien rôdé : Trump lance une menace, observe la réaction des marchés, et si ça tangue trop fort, il range le bazooka. La semaine dernière, un analyste résumait très bien la chose : « Le TACO trade triomphe à nouveau. »

Pas content

Et Trump ? Il a bien entendu parlé de cet acronyme. Et il a détesté. Lors d’une conférence dans le Bureau Ovale, un journaliste a osé lui poser la question. Trump a explosé : “C’est une question dégueulasse !” Il appelle ça de la négociation. La vérité, c’est surtout que même ses propres alliés n’y croient plus.

Il y a quelques jours, un économiste résumait le chaos ambiant : “Sous aucun autre président, les marchés ne spéculaient sur la solidité de la parole présidentielle. Avant, quand le président disait quelque chose le lundi, on pouvait parier que ça tiendrait jusqu’au mardi. Avec Trump ? Rien n’est moins sûr. C’est devenu une sorte de roulette russe économique.”

Et c’est peut-être ça, le vrai drame du TACO trade : ce n’est pas une stratégie. C’est une improvisation permanente, où l’économie devient otage des caprices du moment.

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TACO Trump memes | Photo: X Read more at

La moralité

Moralité : on a inventé un acronyme pour nommer une attitude. Et cette attitude suffit à faire bouger les marchés de plusieurs centaines de points. Pas besoin d’indicateurs macro. Juste d’un tweet. Et d’un peu de sauce piquante pour affoler les compteurs. Je ne sais pas si c’est angoissant ou tout simplement inquiétant, mais disons que si ma mémoire est bonne, on se rapproche assez de ce que Trump faisait il y a 5 ou 6 ans en arrière. Et là, je me dis que ça va être super-long ces 4 ans, mais qu’en même temps, y aura plein de choses à dire.

Thomas Veillet
Investir.ch