Le premier truc que j’ai vu en ouvrant mes écrans, c’était l’article d’un journal gratuit qui disait que l’or s’était crashé en flammes, tout en citant un « EXPERT » que personne ne connait, qui bosse pour une banque dont on n’a jamais entendu parler, un expert qui disait : « Il fallait bien que ça arrive ». J’adore. Non, sérieusement : J’ADORE. Ces derniers temps, je me demandais si les choses avaient changé et si, finalement, nous n’étions pas dans un nouveau paradigme de marché. Mais en fait non, en voyant l’or se rétamer et les commentaires de ceux qui disent « je te l’avais dit », je suis rassuré. Nous sommes toujours dans ce monde où tout le monde sait tout, mais APRÈS.
L’Audio du 22 octobre 2025
Tout ce qui brille…
Alors voilà. Je vais vous le dire : « Il fallait bien que ça arrive ». L’or, ce bon vieux métal jaune, ce truc qui rassure, cette valeur refuge qu’on aime avoir dans les portefeuilles parce que ça diversifie, parce que ça rassure. Ce métal anti-inflation et qui offre la protection suprême contre les krachs boursiers (après les puts out of the money, bien sûr), vient de se casser méchamment la gueule. Bien sûr tout est relatif, mais ça n’était pas un tout petit dérapage, non. C’était la plus grosse chute en dollars de son histoire : –5,7 % en une seule séance, pour finir à 4’087 dollars l’once. Une vraie gamelle de classe mondiale. Ce matin, sur les marchés, dans les médias, on ne parle que de ça : “Mais que se passe-t-il ? Pourquoi l’or baisse ? Est-ce que c’est la fin du monde ?” Alors non, ça n’est pas la fin du monde. Mais c’est peut-être la fin d’une illusion. Peut-être que finalement l’or n’ira pas à 5’000$ pour Noël. Peut-être pas CE NOËL en tous les cas.
Mais pour être franc, entre vous et moi, est-ce qu’il faut vraiment paniquer pour ça ? Je ne sais pas, mais disons qu’hier matin nous étions à 4’375$ l’once et que si j’en crois les graphiques de la nuit, on est allé chercher les 4’000$ il y a quelques heures. OH MY GOD, OH MY GOD, OH MY GOD. Oui, c’est impressionnant en termes de pourcentage. Oui ça fait mal à ceux qui ont acheté de l’or à 4’350$ en levier parce que « c’est sûr, l’or va à 5’000$ dans deux semaines ». En revanche, ceux qui ont acheté il y a 3 ans… ça doit juste leur en toucher une sans bouger l’autre. Mais voilà, nous sommes dans un monde médiatique, il faut donc trouver des raisons, des justifications, des explications, des histoires qui font peur et du sang sur les murs. Sinon c’est pas drôle. Alors non, ça n’est pas la fin du monde. Oui, l’or s’est fait défoncer, mais si j’osais, je rappellerais quand même que la première fois que nous avions vu les 4’000$ l’once, c’était le 8 octobre de cette année. Et ce matin, là maintenant tout de suite à 5h33 du matin le 22 octobre, nous sommes revenus aux mêmes niveaux que le 14 octobre.. Il y a 8 jours !!! Juste au moment où l’or a accéléré à la hausse comme un bourrin. Nous sommes donc revenus sur la moyenne de la tendance haussière long terme. La belle affaire. On ne va non plus se jeter au lac à cause de ça !
L’enquête
Alors non, on ne va pas se jeter au lac, mais on va quand même essayer de trouver des raisons pour cette baisse violente, en essayant de trouver un peu mieux que le bon vieux « profit taking » et en évitant de paraphraser certains membres du gouvernement Trump qui se contenteraient de déclarer : « Ben, y a juste plus de vendeurs que d’acheteurs »… Non, parce que soyons clair, l’or ne s’effondre pas par hasard. Le dollar s’est renforcé — et quand le billet vert monte, l’or baisse. C’est la règle, écrite dans le manuel depuis 150 ans. Celle qu’on apprend dans les écoles de bourse. Et comme là, l’or était beaucoup monté ces derniers temps, la réflexion aura été de courte durée. Sachant déjà que l’on ne réfléchit pas beaucoup ces derniers temps, étant donné que les règles que l’on applique c’est : « buy the dip », « achète de l’IA », et « on va baisser les taux donc ça va monter ». Donc les traders ont fait leur calcul : depuis le 1er août, l’or était en hausse de 33%, le dollar faisait mine de repartir à la hausse = il ne fallait pas attendre pour vendre. CQFD.
Et puis il n’y avait pas que l’or, le platine a perdu 6,9 % et l’argent 7,2 %. Tout le monde a voulu prendre la porte en même temps – merci au monde merveilleux des algos – et croyez-moi, un matin je vous tiendrai le même discours sur l’IA. Tout le monde fait la même chose en même temps, donc forcément, quand ça baisse, ça tape. Essayez de vider un stade de foot avec 100’000 personnes dedans, où la seule sortie est une porte de 80 centimètres de large, vous verrez que ça ne va pas bien se finir. Mais le carnage le plus spectaculaire vient des minières. Parce que quand l’or s’enrhume, les minières chopent une pneumonie infectieuse. Newmont s’est pris –9 % dans la figure et Le VanEck Gold Miners ETF a plongé de –9,9 %. Avec la hausse exponentielle de l’or ces derniers temps, les minières étaient devenues très populaires. Là aussi, le retour à la réalité a été brutal. Restera à chercher des justifications pour tout ça. Certains analystes essaient déjà de nous sortir des grandes phrases comme “le marché intègre les anticipations futures”. Non. Là tout de suite, le marché il intègre la panique. Alors voilà, on peut dire que c’est à cause du dollar. On peut aussi dire que « comme la guerre tarifaire entre Trump et Ping semble se calmer, les gens n’ont plus besoin de valeur refuge ». On peut se le dire, mais c’est des conneries. Il ne faut pas me faire croire qu’un mouvement séculaire sur l’or a été cassé par un tweet de Trump. Hier l’or était très haut, le dollar est remonté, les gens ont pris les profits, les algos aussi. Fin de l’histoire.
Mais il y a aussi le Dow Jones
Et pendant que l’or faisait son one-metal-show, Wall Street a décidé de fêter ça avec un nouveau record. Pas sur le S&P, mais sur le Dow Jones qui a pris +0,5 %, douzième record de l’année, pendant que le S&P 500 stagnait et que le Nasdaq se faisait une petite sieste. D’ailleurs le mot « sieste » était bien choisi, puisqu’hier on s’est soudainement concentré sur les chiffres des boîtes qui paient des dividendes et qui ne font pas d’IA, c’est tout de suite moins sexy, mais ça monte quand même. Hier les héros de la journée c’était les bons vieux industriels à l’ancienne qui relèvent tous leurs objectifs. Chez 3M, le trimestre a été meilleur que prévu — des ventes en hausse, un bénéfice qui dépasse les attentes, et une direction qui voit l’année finir mieux qu’elle ne l’imaginait. L’action s’est envolée, preuve que la Bourse aime quand le réel reprend le dessus sur la hype. Coca-Cola, de son côté, continue de faire des bulles : des profits en hausse, un chiffre d’affaires qui progresse, et une confirmation de ses ambitions pour 2025. Rien d’explosif, juste de la constance — et sur les marchés, c’est devenu un luxe. Mais la vraie star du jour, c’est General Motors. Le constructeur a non seulement battu les attentes, mais il a aussi revu à la hausse ses prévisions de bénéfices pour l’année. Et cerise sur le capot : grâce au nouveau dispositif de compensation tarifaire voulu par Trump, ses coûts liés aux droits de douane fondent comme neige au soleil. Résultat : le titre s’est envolé de plus de 15%.
Dans la même veine, RTX (ex-Raytheon) et Lockheed Martin ont aussi affiché des résultats costauds et relevé leurs objectifs. Les avionneurs et défenseurs de l’économie réelle reprennent des couleurs, portés par un carnet de commandes solide et une demande mondiale qui ne faiblit pas. Bref, pendant que les start-ups de l’IA brûlent du cash pour “inventer le futur”, les industriels, eux, continuent tranquillement de gagner de l’argent dans le présent et de payer des dividendes à leurs actionnaires. Et d’ailleurs puisque l’on parle de la tech, il faudra aussi retenir que c’était pas la joie après la clôture dans le secteur, puisque Netflix s’est fait découper de plus de 6% après la clôture. Résultats mitigés, litige fiscal au Brésil, et une guidance molle. Et dans la même veine, Texas Instruments plongeait de 9% plombé par la baisse des commandes de puces et la guerre commerciale avec la Chine (AH BON, tiens je croyais que Trump allait tout régler ???). Bref, hier il valait mieux être actionnaire dans les titres défensifs, que sur la tech – même si les Magnificent Seven n’ont pas vécu une si mauvaise journée que ça. Pour le moment, là tout de suite et depuis trois jours, on est moins branchés IA, datacenters et puces qui font des miracles. Mais ça va revenir, la semaine prochaine, ça sera LE SUJET principal, autant se reposer un peu avant.
Record à Paris
Pendant que le Dow battait des records et que l’or se faisait tronçonner, le CAC40 a profité de l’occasion pour aller accrocher une nouvelle étoile à son palmarès ; l’indice parisien a terminé au plus haut de tous les temps pour la première fois depuis un bon moment. Comme quoi la politique de Lecornu fonctionne. Non, je déconne, je déconne. Si l’on veut décoder ce qu’il y a derrière ce nouveau record, on peut identifier trois moteurs qui fonctionnent bien : le calme politique retrouvé, une accalmie commerciale entre Washington et Pékin, et des résultats d’entreprises solides. Le Premier ministre a évité la censure et mis sa réforme des retraites au frigo. Pour les marchés, c’est simple — mieux vaut un compromis qu’un chaos.
Même si tout le monde est conscient que ce gouvernement est un gouvernement de merde rempli de gens que personne ne veut, mais c’est moins pire que la pagaille totale. Faute de grives, on mange des merles. Et pendant que la politique s’apaise – entre guillemets – des boîtes cartonnent : Edenred s’envole de presque 20 % après des ventes spectaculaires, et LVMH continue de briller grâce au retour des acheteurs chinois. Même Trump, d’habitude pyromane économique, a sorti un ton plus conciliant avec la Chine. Résultat : les traders parisiens ont troqué le stress pour un petit verre de champagne (LVMH oblige). Mais attention, ce record est aussi un rattrapage : le CAC était à la traîne depuis un an, loin derrière le DAX ou le Nasdaq. Alors oui, Paris flambe enfin, mais c’est surtout parce qu’elle revenait de loin.
En Asie
Les marchés asiatiques reprennent leur souffle : les techs ont calé, Tokyo a corrigé, et tout le monde digère les premiers signaux du nouveau gouvernement japonais. Le Nikkei est inchangé, malgré des exportations en hausse pour la première fois depuis cinq mois. Bonne nouvelle, mais pas assez pour effacer l’aspect politique pour le moment. La nouvelle Première ministre, Sanae Takaichi, première femme à diriger le Japon (c’est la dernière fois que je le dis) veut ressusciter l’esprit d’Abenomics — relance budgétaire, sécurité économique et gros déficits assumés. Le marché, lui, reste dubitatif pour l’instant. En toile de fond, les tensions sino-américaines n’aident pas : Trump parle d’un “bon deal” avec Xi, mais précise que la rencontre pourrait ne pas avoir lieu… Le gars est totalement bipolaire. Résultat : la Chine recule légèrement, Hong Kong aussi. Pendant ce temps, on entend dire que l’Inde pourrait décrocher un accord commercial avec Washington, avec à la clé une forte baisse des droits de douane. On parle de 15% au lieu de 50%. Ça serait pas mal que la Suisse se bouge aussi. Je dis ça, je dis rien. En résumé : l’Asie reprend son souffle, la politique japonaise se cherche, et les investisseurs croisent les doigts pour que Trump ne change pas d’avis trois fois avant le week-end.
Pour le reste, le pétrole respire un peu mieux après trois semaines de baisse, le WTI clôturant à 57,82 $ et le Brent à 61,32 $. Selon un expert, les inquiétudes sur les stocks en mer sont exagérées : il s’agirait surtout d’un reroutage des flux commerciaux, pas d’une surproduction réelle. En clair, le marché va un peu mieux et la panique autour d’un excès d’offre semble, pour l’instant, hors sujet. Le Bitcoin est à 108’500$ et le rendement du 10 ans est à 3.95%.
Les nouvelles du matin
L’Oréal a signé un Q3 mitigé : +4,2 % de croissance à 10,33 milliards légèrement en dessous du consensus. Seule la division Produits Professionnels tire vraiment son épingle du jeu avec une hausse de +9,3 %, tandis que le Luxe et la Dermo-cosmétique ralentissent, malgré une reprise encourageante en Chine. L’accord à 4 milliards d’euros avec Kering repositionne L’Oréal sur le haut de gamme et renforce son portefeuille parfum. Revenons brièvement sur Netflix qui a raté le coche sur ses profits au Q3, plombé par un vieux contentieux fiscal au Brésil de 619 millions, mais le géant du streaming jure que la croissance continue. Le chiffre d’affaires grimpe à 11,5 milliards, pile dans les clous, grâce à une programmation béton et des ambitions XXL dans la pub. Les marges reculent un peu (29 % contre 30 % prévues), mais la pub explose : les ventes d’annonces ont doublé sur un an. Netflix croit dur comme fer à sa formule miracle : un abonnement low-cost avec pubs pour limiter les départs et gonfler les revenus. En parallèle, le groupe mise gros sur les événements en direct, notamment le sport, pour capter de nouveaux publics. L’action a donc corrigé de 6 % après les résultats, mais reste en hausse de 39 % depuis janvier — preuve que le marché y croit encore. Objectif affiché : doubler les revenus et tripler les profits d’ici 2030, pour atteindre les 400 millions d’abonnés et 1 000 milliards de capitalisation. Ça rigole pas.
Si vous avez un peu de cash, Warner Bros Discovery est à vendre. Le titre a pris de +10 % en Bourse. Et le groupe, déjà en pleine réorganisation en deux entités, a reçu plusieurs offres “non sollicitées”, dont celles de Paramount, Netflix et Comcast. WBD, encore lestée de plus de 40 milliards de dettes, cherche à maximiser la valeur de ses actifs tout en poursuivant son recentrage sur ses franchises phares (Harry Potter, Game of Thrones). En ce qui concerne les chiffres de la journée, c’est toujours morne plaine sur la macro – parce que oui – il y a toujours SHUTDOWN aux USA, même si c’est pas le sujet du jour : or oblige – mais nous aurons quand même les chiffres trimestriels de Tesla, SAP, Hermès, IBM, At&t ou encore Thermo Fisher, histoire de bien rester concentrés…
Conclusion
En résumé, l’or a paniqué, les médias ont surjoué, et le monde continue de tourner. On a juste effacé huit jours de hausse, pas trente ans d’histoire. Pendant ce temps, les actions grimpent, les dividendes coulent à flots et les industriels reprennent la main pendant que la tech éternue. Bref, une journée de marché comme on les aime : un peu de drame, beaucoup d’exagération et, au final, rien de neuf sous le soleil — sauf que l’or brille un peu moins, ce matin.
Petit message au passage ; depuis quelques jours il y a un sinistre imbécile – et ça c’est pour rester poli – qui est en train d’usurper mon identité sur les réseaux sociaux, ça a commencé par instagram, puis plus récemment sur Facebook. C’est bien mon visage sur ces profils bidons, mais ça n’est pas moi… derrière. En général, ce connard va vous demander de vous connecter à un groupe WhatsApp et la suite, je ne la connais pas.. Donc que ça soit clair : j’ai un seul compte Instagram qui est le suivant @thomasveillet.morningbull et tout autre bricolage avec des lettres ou des chiffres supplémentaires, ça n’est pas le mien… Je ne vais jamais vous contacter par ces réseaux pour vous demander de rejoindre un groupe WhatsApp, donc vous pouvez bloquer et signaler l’autre débile. Pareil sur Facebook, toute demande de connexion est un fake.. c’est pas moi !
Je sais c’est l’époque qui veut ça, mais c’est pénible pour tout le monde. Merci de faire attention à vous avec ce genre raclure et merci d’être là tous les matins ! Bonne journée à tous et à demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
“You don’t have to control your thoughts. You just have to stop letting them control you.” – Dan Millman