FRANCHEMENT, faut que je vous dise un truc : IL Y A DES MATINS JE LES ADORE PLUS QUE LES AUTRES ! Non, parce qu’en général je reprends la journée d’hier, je bricole deux-trois trucs dessus et je sors une histoire ou deux à raconter sur la hausse du jour et pourquoi on a battu un nouveau record. MAIS LÀ ! On vient de passer une semaine à se dire que c’était une bonne semaine de merde, parce que trop cher les valos, tout ça… On nous retourne le marché last minute vendredi soir et DIMANCHE, BAM !!! On trouve (presque) une solution au SHUTDOWN ! Et le marché EXPLOSE. Ça fait 6 semaines qu’on nous dit que le SHUTDOWN n'a pas d’impact économique… sauf quand il se termine !

L’Audio du 11 novembre 2025

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On vit une P**** d’époque formidable !

C’est juste EXTRAORDINNAIRE ! On nous explique par A+B depuis près de six semaines que le SHUTDOWN on s’en fout parce que l’économie rattrapera le retard quand tout sera terminé et si tu OSES émettre un doute parce que ça coûte quand même 15 milliards par jour à un gouvernement qui n’a plus une thune et que sur six semaines ça fait quand même plus de 1% de PIB qui part à la casse, tu passes pour le dernier des couillons qui n’a rien compris et tu te fais insulter sur LinkedIn et YouTube parce que t’es trop nul. Et puis, tout d’un coup, la semaine dernière, on commence à paniquer parce que quand même, ça pue ce SHUTDOWN qui s’éternise et MÊME Goldman Sachs vient nous mettre en garde que ça pourrait commencer à faire mal, on s’angoisse, tout le monde commence à se dire que « quand même, si ça s’éternise, ça pourrait coûter du pognon et que c’est pas bon pour le moral… »

Et puis alors, au bout du suspense, vendredi soir, quand tout semble perdu, que la moyenne mobile des 50 jours a cassé à la baisse et que la tendance haussière est remise en question. Et que c’est vendredi soir, que plus personne n’en a rien à foutre et que tout le monde veut rentrer à la maison se finir au Chablis, parce que le champagne, c’est trop cher, il y a une armada d’acheteurs qui déboule sur le marché et qui font remonter le S&P500, comme si les Magnificent Seven avaient découverts du pétrole. Et, dans la foulée, dans la nuit de dimanche à lundi, on nous explique que, par miracle, il y a une équipe de Sénateurs qui ont réussi à bricoler un truc qui ressemblerait à un budget. MAIS BIEN SÛR, ça n’a rien à voir avec la hausse de vendredi.

Bon, ça c’était déjà pour dire qu’il y a et qu’il y aura toujours des mecs qui sont mieux informés et plus égaux que les autres, mais au-delà de ce retournement haussier plus que suspect vendredi soir et de cette annonce qui « soulage » tout le monde lundi matin, vous admettrez quand même que c’est quand même magique de voir l’explosion haussière de la journée d’hier pour un truc qui était censé n’avoir AUCUNE IMPORTANCE… Et c’est vrai, ça n’a eu aucune importance ; on a encore battu un record d’altitude le 28 octobre. Mais par contre là, une fois que c’est (presque) réglé, on explose de joie et on va direct à 7’000…

La fin du shutdown

Donc si l’on observe le comportement du marché, ce qui a été annoncé en fin de week-end était vraiment une super-nouvelle, mais que s’est-il passé alors ? Eh ben imaginez, vous prenez huit sénateurs démocrates — visiblement fatigués de jouer au bras de fer pour savoir qui tiendra le plus longtemps sans payer les fonctionnaires — vous les collez dans une salle lugubre et mal chauffée avec des sandwiches pas frais et quelques Républicains, Vous les faites voter un truc qui ressemble vaguement à un budget provisoire qui pourrait satisfaire tout le monde… et KABOOOM !!! Wall Street part en orgasme boursier parce que le SHUTDOWN c’est fini et que du coup, on a oublié qu’on a perdu 1% de PIB et qu’on n’a aucune idée dans quelles conditions est l’emploi aux USA (à voir ce qu’on a vu et entendu, je dirais : MERDIQUE), mais hier il n’était pas opportun de déranger la fête du Bull Market avec des considérations et des mots désagréables, puisque de toutes façons, au pire, ça forcera Powell à baisser les taux.

Le Nasdaq a pris 2,3%. La meilleure journée depuis le 27 mai. Les gars ont ressorti les cotillons, le champagne – même si c’est trop cher – et Spotify leur a proposé une playlist “Bull Market 90’s Nostalgia”. Le Dow prenait 381 points et le S&P bondissait de 1.5%. Bref : tout le monde monte, même ceux qui ne voulaient pas monter, parce que le shutdown serait peut-être en train de se terminer. En gros, on ne sait pas encore quand le gouvernement rouvre, mais comme il y a un panneau “fin de travaux à 200 mètres”, ça suffit pour exciter Wall Street. Les Démocrates et les Républicains ont voté 60-40 pour faire avancer leur “stopgap funding measure”. Maintenant c’est pas fini, il faut que la Chambre dise oui. Pour l’instant, ils ne peuvent pas parce qu’ils sont encore en congé. C’est normal. Le Gouvernement est fermé, les USA sont paralysés, mais ces tocards de politicards en profitent pour prendre des vacances, la logique est implacable.

En résumé, le SHUTDOWN pourrait prendre fin et c’est ce qui fait rêver le marché. Même si AVANT ; on ne trouvait pas que ce SHUTDOWN soit si important que ça. On peut d’ailleurs constater une chose assez bizarre et très étrange : le marché est monté quand le shutdown a commencé, et il monte maintenant qu’il pourrait se terminer. Vous admettrez que c’est intéressant et que ça résume bien le niveau de réflexion des bourses mondiales en ce moment… C’est ça la Bourse : un ado de 14 ans avec les hormones qui bouillonnent et qui peu passer de “je t’aime” à “je te déteste” en 12 minutes et acheter le marché quand même… Et puis surtout, au milieu de tout ça, on ne sait toujours pas quand les chiffres officiels vont recommencer à sortir. L’inflation ? Le PPI ? Le CPI ? L’emploi ? Le BLS était fermé, alors est-ce qu’ils vont rattraper le retard et nous noyer sous les chiffres économiques du passé ? Ou alors va se dire que ce qu’on ne sait pas, ne peut pas faire de mal.

Et l’Europe ?

Et pour ce qui est de l’Europe, on ne va pas se prendre la tête. Tous les résumés et tous les points boursiers sur le vieux continent commençaient par « Les indices européens en hausse face au espoirs de fin de SHUTDOWN aux USA »… Voilà. C’est simple, c’est facile et c’est carré. Il est vrai que le fait de ne pas avoir de services fédéraux américains qui fonctionnent aux USA, ont quand même globalement empêché les indices de monter ces dernières semaines, il faut reconnaître qu’on est tellement dépendant des Américains qu’on n’est même plus foutus d’avoir une vie propre. Le SMI grimpait de 1.28%, le CAC de 1.3% et le DAX explosait de 1.65%. Nous étions en pleine euphorie rien qu’à l’idée de voir le BLS revenir au bureau.

Bref, hier les Américains ont presque terminé leur SHUTDOWN – mais c’est pas encore sûr – et ils ont retourné la planète. Alors après on peut s’inquiéter de savoir ce qui va se passer au cas où ce nouvel accord surprise ne passe pas les remparts de la chambre ou de la Maison Blanche… Mais pas de panique, on sait tous que le SHUTDOWN n’a pas d’impact sur l’économie, sauf quand il se termine !

En Asie

Ce matin l’Asie a ouvert en hausse du côté du Japon et de la Corée, alors que la Chine reste en dépression. Mais depuis l’ouverture nocturne des marchés locaux, les prises de profits se sont accentuées et l’ensemble des marchés Far-East sont dans le rouge. Le CSI 300 perd 0,7%, le Shanghai Composite 0,4%, et le Hang Seng 0,2%. Rien de dramatique, mais le message est clair : l’enthousiasme, ce n’est pas contagieux partout. Les investisseurs regardent les derniers chiffres économiques — ceux d’octobre — et n’y voient aucune amélioration notable. L’inflation remonte un tout petit peu, mais tout le monde pense que c’est juste l’effet “Golden Week” et pas un vrai signe de reprise. Pékin promet du stimulus, mais pour le moment, c’est surtout des mots. Et pourtant, ironie du sort : malgré cette ambiance toute pourrie, la Chine est en hausse de 22% depuis le début de l’année,
et le Hang Seng affiche +35% et tout ça grâce à l’IA qui pourrait sauver le monde et réécrire le destin économique du pays.

Le pétrole est en hausse ce matin. Et devinez quoi ? Il est en hausse à cause des perspectives de fin du SHUTDOWN. Cette news c’est la bonne à tout faire ! T’hésites à acheter : pas grave, y a la fin du SHUTDOWN. Le baril est à 60$, l’or est à 4’140$, le Bitcoin est à 105’500$ et le rendement du 10 ans est à 4.11%.

Les nouvelles du jour

Aujourd’hui, les nouvelles du jour, c’est LA nouvelle du jour : La Suisse est presque en train d’obtenir un accord pour ramener les tarifs américains à 15%, après s’être pris un 39% en pleine tête le 1er août — le plus gros coup de massue infligé par les États-Unis à un pays développé. On n’a jamais reçu un cadeau aussi pourri pour une fête nationale. D’après les gens “au courant mais qui préfèrent rester anonymes” (toujours un bon signe…), un deal pourrait tomber d’ici deux semaines. Attention : comme d’hab avec Trump, rien n’est signé, et tout peut exploser en vol au dernier moment — exactement comme lors des négociations de juillet.

Ce revirement, on le doit notamment à une délégation de milliardaires suisses et patrons du SMI Helvétique qui est allée plaider sa cause dans le bureau ovale le 5 novembre dernier. Apparemment, ça s’est tellement bien passé que Trump a immédiatement ordonné à son représentant commercial, Jamieson Greer, d’accélérer les négociations. Helene Budliger Artieda — la patronne du commerce extérieur suisse — a joué les navettes Berne–Washington, pendant que nos entreprises déployaient une opération charme XXL. Objectif : ramener la taxe à 15%, comme l’Union européenne, et arrêter de passer pour les piñatas du protectionnisme trumpiste.

Pendant ce temps, l’économie suisse commence déjà à sentir les brûlures :

• Le PIB du 3ème trimestre a probablement reculé,
• La BNS parle d’un climat qui “s’est détérioré”,
• Le chômage grimpe (doucement, mais grimpe quand même),
• Et plusieurs boîtes commencent à geler des plans d’investissement.

Bref : il faut que ça se règle vite, parce qu’un 39% permanent, même la Suisse n’a pas les abdos pour encaisser ça longtemps et là, ça a l’air de sentir bon le miracle juste avant la fin de l’année.

Mais encore

Autrement, mis à part le sujet du SHUTDOWN, on notera que Stephen Miran, membre de la FED et suppôt de Trump a déclaré qu’une baisse des taux de 0.5% en décembre serait « approprié », mais que 0.25% serait le « minimum ». La pression sur Powell revient et en plus Trump a récemment laissé entendre que le nom du successeur de Powell serait annoncé avant la fin de l’année. Et puis, on aura une petite pensée pour Michael Burry, puisque Palantir a repris 9% hier soir et que Nvidia en a pris 4.5%. On espère qu’il a vendu ses puts vendredi juste avant de partir au lunch.

Et puis souvenez-vous ; Jim Chanos, celui qui avait vu Enron partir en vrille, il avait shorté MicroStrategy, pour acheter du bitcoin en décembre 2024. En attendant patiemment que Saylor se plante et que la prime entre MSTR et le BTC se réduise. Un an plus tard, le multiple MSTR/BTC est passé de 2,5 à 1,23, le titre s’est éclaté au sol pendant que le bitcoin traînait les pieds. Chanos encaisse tranquillement son 50% et lâche un « merci » au marché. Saylor, vexé, continue de prêcher son évangile crypto pendant que son premium mystique s’évapore. Moralité : même les gourous peuvent se prendre un mur — et Chanos adore regarder ça en buvant son café.

Les chiffres

Côté chiffres du jour, il y aura le ZEW en Allemagne et en Europe et pas grand-chose de très sexy sur les chiffres trimestriels.

Bref, tout le monde s’excite parce que le SHUTDOWN pourrait se terminer, par ce que la Suisse pourrait avoir un accord, parce que la Fed pourrait baisser les taux, et que la planète finance pourrait arrêter de faire n’importe quoi. Mais comme d’habitude, on n’a aucune certitude… sauf une : le marché adore rêver, surtout quand ça l’arrange. Tant que ça monte, tout le monde est content. Et quand ça redescendra — parce que ça redescendra un jour — on trouvera bien un autre miracle ou une autre justification pour expliquer pourquoi “c’était prévu depuis le début”.

Excellente journée à tous et à demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

“You were born to win, but to be a winner, you must plan to win, prepare to win, and expect to win.”

Zig Ziglar