Nous sommes le 3 novembre 2025. Les marchés viennent de vivre un sixième mois de hausse et on entame le mois de novembre de plutôt bonne humeur. Les publications sont globalement bonnes, même si on a l’impression que l’on est plus enclin à sanctionner les déceptions de manière violente que de saluer les bonnes nouvelles des sociétés. Mais peu importe les marchés semblent vouloir rester solides, la FED a baissé les taux, Trump et Xi ont signé une paix temporaire et côté chiffres économiques, on navigue toujours à l’aveugle puisque le SHUTDOWN est toujours en place, demain soir, nous battrons un nouveau record de longévité. Mais le plus important, c’est que – jusque-là, tout va bien.

L’Audio du 3 novembre 2025

Télécharger le podcast

À tâtons

Ce matin, les futures américains sont orientés à la hausse. Le Japon est fermé et apparemment les chiffres chinois ne sont pas top. Le Shutdown est toujours en place et la FED nous a dit – la semaine dernière – que la baisse des taux de décembre n’était pas encore acquise. Bon. Perso, je pense que la déclaration de Powell n’est que de l’enfumage et qu’il ne veut pas qu’on lise trop dans son jeu. Mais au vu des programmes de licenciements en cours et de la durée du SHUTDOWN qui pourrait – selon les experts – durer jusqu’après Thanksgiving, en gros ; la fin du mois de novembre. On imagine assez mal que la FED, qui a toujours soutenu les marchés ces dernières années, vienne se dégonfler et nous lâcher au moment où on en a le plus besoin.

Cependant, il y a une chose qui est certaine, c’est que Powell manque de visibilité. Les chiffres économiques ne sont plus publiés et il est obligé de bricoler avec des interprétations personnelles et de faire des interpolations avec ce qu’il va trouver dans les datas « non-gouvernementales ». En l’occurrence, cette semaine nous aurons les chiffres de l’emploi version ADP et si, d’habitude on les regarde à peine en attendant les NFP’s du vendredi, cette fois on n’aura pas d’autre choix que de se contenter de ça et d’en tirer des conclusions. Toujours est-il que les marchés devraient continuer à se sentir soutenus par la FED. Ils devraient se sentir soutenus, d’autant plus que la FED a tout de même annoncé la fin du Quantitative Tightening.

Fin du QT

Oui, au milieu des annonces de la semaine dernière, des chiffres des Magnificent Seven, des records d’Amazon, de la déception de Meta et de l’insatisfaction sur Microsoft, ainsi que des déclarations de Trump sur X et Truth Social, il y a une chose qui est passée inaperçue et qui démontre encore une fois une forme de soutien de la FED, c’est la fin du QT… Le fameux « Quantitative Tightening ». Alors vous me direz, c’est quoi ce truc ? Le Quantitative Tightening, c’est ce moment-là, ce moment quand La banque centrale arrête d’acheter des obligations, parfois en revend même, et donc retire de l’argent du système. Moins de cash qui circule, c’est moins de carburant pour les marchés. Les taux montent, les valorisations deviennent lourdes à porter, et les investisseurs commencent à se rappeler que la gravité existe. Officiellement, le QT sert à lutter contre l’inflation et à “normaliser” la politique monétaire après des années de dopage financier. Et donc, la bonne nouvelle au milieu de tout ça, c’est que la FED va arrêter de serrer la vis !!!
Même pas mal

Si on résume, la FED baisse les taux mais ne veut pas dire ce qu’elle fera en décembre (spoiler alerte : elle baissera les taux quand même) et en même temps, elle annonce qu’elle va arrêter de serrer la vis en réduisant son bilan. La nouvelle est plutôt encourageante. Et puis, si l’on veut être encore plus optimistes, on peut spéculer sur le fait que maintenant que le « QT » va se terminer, il se termine pour laisser la place à un nouveau QE qui va aider les marchés à aller encore et toujours plus haut. Bref, on peut dire que la FED est en train de redevenir notre amie. Alors si on part du principe qu’elle a réduit son bilan pendant trois ans et qu’on est quand même au plus haut de tous les temps, on peut se dire qu’en supprimant le « QT » et en laissant espérer une nouvelle baisse des taux en décembre, il est quasiment impossible de voir le S&P500 en-dessous des 7’000 à la fin de l’année.

Pendant ce temps, les indicateurs d’excès sont toujours bien présents. Les valorisations restent très élevées, Warren Buffet n’a jamais eu autant de cash dont il ne sait pas quoi faire parce que tout est trop cher – Berkshire Hathaway vient d’annoncer qu’ils ont 382 milliards de cash à disposition – les achats en marge sont au plus haut depuis la bulle internet et il n’y a pas un jour qui passe sans que l’on nous présente un nouveau « signal de vente. Pourtant, le marché va bien, l’euphorie est toujours intacte et rien ne semble vouloir ou pouvoir faire déroger la hausse des marchés. L’adage qui dit : « la tendance est ton amie » n’a jamais été aussi vrai. Et cette semaine qui commence à l’air de vouloir continuer dans le même esprit. Nous n’aurons pas de FED cette semaine, mais il y aura toujours des résultats en cascade – avec déjà Palantir ce soir pour commencer la semaine et pour le reste on tirera des conclusions hâtives en fonction de ce que l’on nous donne comme chiffres. En résumé ; la semaine commence et le bull market est toujours là.

En Asie

L’Asie commence la semaine sans enthousiasme en l’absence des Japonais qui ont fini la semaine dernière au plus haut de tous les temps. La plupart des marchés sont à plat, le temps que les investisseurs digèrent un nouveau coup de mou du secteur manufacturier chinois : le PMI recule à 50,6, signe que la reprise reste poussive. Mais l’indice chinois est quand même légèrement en hausse, pendant qu’Hong Kong grimpe de 0.85%. Heureusement, la Corée du Sud réchauffe l’ambiance : ses exportations bondissent de 3,6 %, dopées par les semi-conducteurs qui sont en hausse de 25%. Le KOSPI s’envole à un record historique de 4 216 points, avec Hynix et Samsung Electronics en tête de cortège. En Australie, tout le monde attend la décision de la RBA : pas de changement prévu sur les taux, mais l’inflation qui reste au-dessus des 3 % rend toute baisse improbable avant longtemps.

Pour ce qui est du reste, le pétrole est à 61.26$ et retrouve des couleurs, pendant que l’or repasse les 4’000 et se traite à 4’026$. Le Bitcoin n’y arrive plus et s’échange autour des 107’500$, quant au rendement du 10 ans américain, il s’établit à 4.10% ce matin.

Début de semaine light

Nous entamons donc une semaine sous le signe de l’absence de chiffres macros officiels, mais aussi sous le signe des publications trimestrielles qui seront toujours bien présentes, même si les grosses berthas sont derrière nous, il y aura encore du monde au balcon en attendant les chiffres de Nvidia qui vont nous tomber dessus en fin de mois. Le 19 novembre pour être précis. Il va donc falloir continuer de surfer la vague de la hausse en se raccrochant au fait que tout est cher – oui – mais que tant que la musique continue de jouer, il n’y pas de raison de paniquer. Surtout quand on sait que la FED est « de nouveau » notre amie.

Côté chiffres économiques du jour, nous aurons le CPI en Suisse, les PMI’s manufacturier un peu partout dans le monde y compris aux USA. Pour le moment, les futures sont en hausse de 0.22%, c’est très calme – un peu trop calme – mais au moins, l’optimisme est de mise en ce lundi matin.

Passez une excellente journée, un très bon début de semaine et à demain avec un peu plus de gras à se mettre sous la dent.

Thomas Veillet
Investir.ch

« When everything seems to be going against you, remember that the airplane takes off against the wind, not with it. »

Henry Ford