On ne va pas se mentir ; la semaine qui nous attend ne sera pas la plus excitante de l’année. Tout d’abord, la moitié du temps nous serons en train de digérer et l’autre moitié, on sera en train de préparer la soirée du 31 décembre. Autant vous dire que se concentrer sur les marchés et trouver le dernier titre à la mode pour ajouter à nos portefeuilles ne sera pas la préoccupation du moment. Pourtant, malgré qu’il reste peu de jours avant la fin de l’année, on pourrait bien être surpris par les indices qui semblent malgré tout extrêmement bien positionnés pour aller chercher les 7'000 points sur le S&P500, histoire de boucler cette année en fanfare et pour bien entamer 2026.

L’Audio du 22 décembre 2025

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Le rallye du Père Noël

Le calendrier ne ment pas : nous sommes dans la dernière ligne droite de 2025. Et pourtant, si vous aviez regardé les écrans au début du mois, on aurait pu croire que le Grinch avait définitivement remplacé le Père Noël. Entre les doutes sur l’intelligence artificielle et un S&P 500 qui patinait dans le rouge, l’ambiance était loin d’être festive. Pourtant, la semaine dernière le marché a bien renversé la tendance merdique entamée en début de semaine dernière et hier soir les futures étaient déjà dans le vert, laissant supposer un début de semaine raccourcie qui pourrait déjà poser les jalons pour aller chercher les 7’000 avant le 31 décembre à minuit – heure de New York. Le marché semble avoir trouvé ce qui lui manquait cruellement depuis deux semaines : de l’oxygène. Alors que nous entamons une semaine écourtée par les fêtes, il est temps de faire le point : faut-il encore croire au « Santa Claus Rally » ?

Commençons par les faits. Le rallye de fin d’année peut prendre plusieurs formes – d’aucuns pensent que le mois de décembre est souvent bullish parce que les fêtes de fin d’année génèrent une certaine forme d’optimisme généralisée en pensant bêtement que tout va moins mal en décembre et que c’est la saison des miracles de Noël. Mais il y a aussi le concept du « Rallye de Noël » qui n’est pas qu’une légende urbaine pour rassurer les investisseurs. Ce fameux « rallye », est une anomalie saisonnière documentée, qui couvre techniquement les cinq dernières séances de l’année et les deux premières de la suivante. Cette année, le coup d’envoi est prévu pour le 24 décembre.

Un peu d’histoire

L’histoire nous enseigne une leçon précieuse : même quand décembre démarre mal, le final est souvent vert. Depuis 1950, le S&P 500 a terminé cette période spécifique en hausse dans 77 % des cas, avec un gain moyen de 1,3 %. Mieux encore, dans les années où le début du mois était négatif (comme c’est le cas actuellement), l’indice a tout de même réussi à rebondir dans 20 cas sur 26. C’est donc simple et basé sur les statistiques. Les explications rationnelles sont diverses et variées, mais disons déjà qu’à cette époque de l’année, entre les vacances des uns et des autres, la fatigue généralisée et l’envie naturelle de certains gérants d’avoir quand même deux-trois titres qui ont été une réussite dans l’année en cours dans leurs portefeuilles, il y a une certaine logique. Sans oublier que les « shorts » ont moins envie de peindre le diable sur la muraille. Ce qui est probablement dû à l’esprit festif de la période.

Et on peut même aller encore plus loin puisque si l’on se base uniquement sur les statistiques et que l’on se raccroche au fait que 77% du temps, l’indice monte entre Noël et Nouvel An, il y a également une autre façon de voir les choses : si le Père Noël ne passe pas par Wall Street à Noël, c’est que le début de l’année pourrait bien être compliquée. Le fondateur de l’Almanach des Traders, Yale Hirsch, disait à qui voulait l’entendre que : « Si Santa Claus ne passe pas à Wall Street, les ours pourraient bien débarquer pour le Nouvel An. » Mais pour l’instant, les ours semblent encore en hibernation. Quand on regarde les graphiques, quand on regarde l’ambiance générale et les espoirs de baisses de taux qui reviennent à nouveau, il est presque normal et évident de se dire que le S&P500 va toucher les 7’000 ET les plus hauts de tous les temps, avant que l’on puisse se souhaiter la « Bonne Année ».

L’or et l’argent : Les rois mages de 2025

Si les actions hésitent encore, il y a une partie du marché qui ne se pose plus aucune question : les métaux précieux. Ce week-end, l’Or a encore pulvérisé ses records pour atteindre 4’421$. Avec une progression de 67 % depuis le début de l’année, le métal jaune réalise une performance que beaucoup de gérants de « Hedge Funds » envieraient. Mais la véritable star, celle qui fait passer le Bitcoin pour un actif de bon père de famille, c’est l’Argent. À 69,27 $, l’argent affiche une hausse stratosphérique de 135 % en 2025. Ce « breakout » massif est alimenté par une conviction simple mais puissante : la Réserve Fédérale (Fed) a encore de la marge pour couper ses taux l’année prochaine, alors que l’inflation se calme et que la croissance de l’emploi ralentit. Dans ce contexte, les actifs qui ne rapportent pas de rendement (mais qui ne perdent pas de valeur intrinsèque) sont les grands gagnants.

J’en profite pour signaler au passage que de dire que l’inflation se calme, c’est bien. Mais si on dit ça en se basant sur les chiffres pourris du BLS, c’est du tout grand n’importe quoi puisque même eux ne savent pas exactement où se trouve l’inflation. Sans oublier que les gars nous ont plus ou moins déclaré que les chiffres publiés la semaine dernière était calculés « au feeling ». Non, mais sans déconner, c’est quoi un « calcul au feeling » ???. Euh… 3+4 ? Attends-voir…

3+4 au feeling ça fait 6. Oui je sais que ça fait 7 – mais le « feeling » c’est la marge d’erreur. Bon bref. EN GROS, ce matin les investisseurs sont « optimistes » parce qu’ils pensent que la FED va encore baisser les taux l’année prochaine à cause des chiffres « au feeling » du BLS et tout ça, sans savoir ce qui va se passer au niveau de la FED elle-même, puisqu’on ne sait toujours pas quel « KEVIN » va remplacer Jerome en mai. Mais c’est pas grave, on est optimistes, on croit à une hausse permanente en 2026, parce que Trump va rendre l’Amérique GREAT AGAIN, il l’a dit l’autre jour à la télé. Ça va bien se passer. Et puis on va pas se prendre la tête à 48 heures du 24 décembre.

La rotation de secteurs, encore elle

Au-delà du « X-mas rally » que l’on attend ces prochains jours, il faut tout de même noter une chose, c’est que récemment, la tech a tout de même montré des signes de faiblesse. Depuis le temps qu’on nous dit que le jour où les Mag7 craquent, on va en prendre plein les dents, il est tout de même impressionnant de voir que si l’on se base sur le comportement des marchés ces derniers jours, la force de la hausse ne se retrouve pas forcément chez Nvidia ou AMD ou Oracle. Oui, non, je déconne en disant Oracle. Mais là n’est pas le sujet. Ce qui est intéressant en ce lundi matin qui déborde de motivation, c’est d’observer que malgré la faiblesse récente des géants de la tech, le rallye est en train de s’élargir. C’est l’enseignement majeur de ces derniers jours. Le marché ne repose plus uniquement sur les sept fantastiques.

Nous assistons à une rotation sectorielle salvatrice :

1. Les banques mènent la danse : Elles surperforment largement le marché ce mois-ci, portées par une économie qui tient le choc grâce à la baisse des taux. Y a qu’à voir l’UBS qui a le même chart qu’une boîte qui fait de l’IA.
2. Les Small Caps (Russell 2000) : Elles montrent enfin des signes de réveil, prouvant que les investisseurs osent à nouveau parier sur l’économie réelle.
3. La performance du S&P500 équipondéré : Pour la première fois depuis longtemps, la performance de cet indice se porte mieux que l’indice classique qui est pondéré par la taille des capitalisations boursières. C’est le signe d’une confiance qui se diffuse partout, des industrielles aux biens de consommation.

En résumé, les choses ont l’air plus calmes et moins concentrées sur trois-quatre noms qui se courent après et cette relative sérénité pourrait donc permettre au marché d’aller chercher la zone mythique des 7’000 ces prochains jours. Ce qui serait assez logique dans le narratif de cette année boursière qui aura été explosive dans le sens bullish du terme, malgré les nombreux vents contraires que l’on a rencontré sur notre chemin. Actuellement, le marché ne semble pas euphorique, mais il ne se sent plus acculé, moins angoissé. L’échéance des 4 sorcières de vendredi dernier a permis de « nettoyer » les positions. Les traders ont désormais les coudées franches. Le Bitcoin, de son côté, reste en embuscade près des 89’000 $, tandis que le pétrole grimpe légèrement suite aux tensions géopolitiques autour du Venezuela. Tous les ingrédients sont réunis pour une fin d’année nerveuse mais potentiellement historique.

Tendance haussière

Ne vous laissez pas tromper par les volumes de transactions plus faibles cette semaine. Si le S&P500, qui a déjà signé 37 records cette année, parvient à franchir à nouveau les 6’900 points d’ici le 31 décembre, le signal pour 2026 sera extrêmement positif. Le S&P500 est actuellement à 6’849 points et si l’on prend un peu de recul, on peut observer une magnifique tendance haussière initiée au printemps 2025. La résistance immédiate se situe autour des 6 900 – 6 920 points. C’est le plafond de verre que le marché tente de briser depuis mi-décembre.

Si l’on devait dessiner un scénario pour les deux prochaines semaines, on a l’impression qu’on peut envisager un « Sprint de Nouvel An ». Cette semaine devrait être assez calme avec quelques chiffres qui ne veulent plus dire grand-chose – comme la Confiance du Consommateur qui devrait montrer qu’on est encore plus déprimé que durant le COVID, mais dont tout le monde se fout. Et puis ensuite on se basera sur les probabilités historiques avec un scénario bullish 77% du temps. Si l’indice franchit la résistance des 6 920 points (ancien record), le « Santa Claus Rally » se transformera en rallye de début d’année. L’objectif technique rapide se situe à 7’000 points, voire 7’100 points d’ici la mi-janvier. Le marché n’est pas euphorique, il est « mécanique ». La baisse de l’inflation (au feeling) et les espoirs de baisses de taux (théoriques) en 2026 devraient servir de carburant. Comme disait l’autre « il ne faut pas pisser contre le vent au risque de se mouiller les chaussures » – surtout en cette période de l’année.

Graphique du S&P500 – Source : Tradingview.com

Et maintenant ?

Ce matin la Chine n’a pas touché à ses taux d’intérêts, le Japon explose de 2% à cause de la tech et a déjà largement oublié la Banque du Japon de vendredi dernier, tout comme le rendement du 10 ans japonais qui est presque à 2.10%. Le 10 ans américains est à 4.17%, le Bitcoin frise les 89’000$ et globalement, on peut dire qu’on le vent dans les voiles jusqu’à Noël.

Côté chiffres économiques, il y aura le PCE préféré de la FED. Chiffre qui devrait être calculé avec des vrais maths et sans ajouter la recette aléatoire basée sur les sentiments et l’émotionnel qui a été mis au point par les clowns du BLS et puis ensuite, on se laissera glisser jusqu’à la dinde de mercredi soir. En ce qui me concerne, je vous donne rendez-vous demain pour la dernière chronique de 2025, d’ici-là, passez une excellente journée et ne vous posez pas trop de questions : à la fin c’est toujours les bulls qui gagnent.

Thomas Veillet
Investir.ch

“A Christian telling an atheist they’re going to hell is as scary as a child telling an adult they’re not getting any presents from Santa.”
― Ricky Gervais