Nous y voici donc. C’est la dernière chronique boursière de l’année. Je vous retrouverais en 2026, le 5 janvier pour être précis. L’année qui est en train de se terminer aura encore une fois été spectaculaire. L’Intelligence Artificielle a fait un grand pas en avant et va devoir gérer ses propres problèmes de financement l’année prochaine, mais personne n’a réussi à démontrer que c’était une bulle. Pour l’instant. L’arrivée de Trump en janvier aura beaucoup aidé des gars comme moi pour écrire des chroniques, mais le vrai héros de l’année, celui dont tout le monde va parler jusqu’au dernier jour de l’année, ça n’est pas le Bitcoin, c’est l’or.
L’Audio du 23 décembre 2025
L’ennui devenu vedette
Oui, l’or. Alors je suis d’accord, l’argent n’est pas mal non plus, mais comme ça a toujours été le « vient ensuite » dans les métaux dits précieux, il faut tout de même saluer ce machin jaune brillant et lourd qu’on ne peut pas répliquer, dupliquer, reproduire ou fabriquer. On peut par contre le voler, mais seulement s’il est stocké au Louvre. Depuis le 1er janvier le métal jaune aura pris 71% et l’argent 137%. Et ce matin encore, l’or bat à nouveau de nouveaux records et tout le monde l’attend à 5’000$ l’année prochaine. Si, c’est Goldman Sachs qui l’a dit et si c’est Goldman Sachs qui le dit, c’est que ça va arriver.
Bref, nous finissons donc cette année en fanfare et, aussi fou que ça puisse paraître, sur une année qui restera gravée dans les esprits, ces derniers jours de 2025 ne sont pas systématiquement marqués par le thème de l’intelligence artificielle. Tenez, par exemple, la Suisse est au plus haut de tous les temps à peu de chose près et on ne peut pas dire que l’indice helvétique est bourré de sociétés qui sont actives dans l’IA, mis à part ABB qui doit toucher un peu sur le sujet et UBS qui a le graphique d’une boîte qui fait de l’IA, c’est loin d’être de la techno. Bon, d’accord, le SMI n’est en hausse que de 13 ou 14% sur l’année. Mais quand on voit dans quel état nous étions en avril, le retour en grâce est plutôt spectaculaire.
L’ère Trump
Il faut dire que le second mandat du Président Américain ne s’est pas fait en douceur en cette année 2025. Même si à la fin le S&P500 va probablement battre de nouveaux records avant d’atteindre la fin de l’année, il faut tout de même dire que ça ne s’est pas fait sans douleur. Aujourd’hui on ne parle même plus des tarifs douaniers et le SHUTDOWN est déjà de l’histoire ancienne (même si on attend impatiemment le prochain qui devrait se pointer fin janvier). Non, l’avènement de Donald Trump ne s’est pas fait sans douleur et le Liberation Day du mois d’avril a laissé pas mal de traces sur l’électrocardiogramme de pas mal de gérants sur la planète. Alors oui, je sais, aujourd’hui on ne s’en souvient plus. On est passé à autre chose et cet évènement est de l’histoire ancienne qu’on ne mentionnera même pas dans les pires corrections de l’histoire, mais il faut quand même se souvenir qu’on s’est quand même bien « fait dessus ». Nvidia valait 86$ au plus bas du mois d’avril. Nvidia vaudra 186$ ce soir à l’ouverture.
Le chef de la Maison Blanche nous en aura fait voir de toutes les couleurs et même s’il est moins actif sur « X » depuis quelques temps, on sent bien que les trois prochaines années ne seront tout de même pas simples. Hier encore, son concours de celui qui a la plus grosse avec le Président Vénézuélien aura fait bouger le secteur énergie de façon plutôt violente alors que la poursuite d’un porte-avion était retransmise en direct sur les chaînes de télé comme dans les plus belles années de la télévision, à l’époque d’O.J Simpson. Hier on a aussi pas mal reparlé de Nvidia, parce qu’ils ont commencé à exporter des H200 à destination de la Chine et pour faire simple, s’il y a une action qui pourrait faire monter les indices entre Noël et Nouvel An, ça sera probablement Nvidia qui tiendra le haut du panier.
Effondrement des volumes et de l’intérêt
Mais là, nous sommes à l’aube des fêtes de Noël, plus personne ne s’intéresse aux bourses mondiales, le nombre de lecteurs et le nombre de connexions démontre clairement que l’intérêt est ailleurs, que nous sommes tous impatients de passer à autre chose ou de ne rien faire jusqu’au 5 janvier 2026. Alors évidemment, il peut encore se passer des trucs dans les derniers jours de trading de l’année, la plupart des bourses mondiales vont encore traiter le 24 jusqu’à 13h00 et certaines seront même ouverte vendredi pour faire croire que ce sont des vrais pros et qu’ils ont encore très très faim.
Soyons honnêtes, même s’il reste encore quelques séances avant 2026, je crois que l’on peut dire que c’est plié pour cette année. La plupart des grands indices boursiers terminent au plus haut de tous les temps – ou pas loin – et cela même si la longue liste des dangers économiques reste bien présente dans les esprits des gens qui regardent un peu plus loin que la première page du Wall Street Journal. Aujourd’hui cette année 2025 que l’on qualifiera certainement « d’euphorique » ou « d’euphorisante », dans les livres d’histoire boursière, cette année touche à sa fin et elle semble toujours aussi confiante et incapable de prendre note de ce qui ne va pas. Ou plutôt si, elle est capable de prendre conscience des problèmes, mais durant ces 12 derniers mois, nous sommes passés maîtres dans l’art d’interpréter les choses et tout bon investisseur sait désormais qu’une mauvaise nouvelle est une BONNE NOUVELLE, parce que du coup, la FED elle va baisser les taux.
Les taux se resserrent
Les taux, parlons-en. Si en 2025 on a beaucoup parlé de l’IA, il faut reconnaître que le grand thème de l’année qui a probablement compté pour beaucoup dans la hausse des marchés, c’est la fameuse baisse des taux. Le 17 septembre, le 30 octobre et le 10 décembre, Jerome Powell a baissé les taux pour soutenir l’économie et l’emploi qui sont tous les deux en train de montrer des signes de faiblesse. C’est la sixième fois depuis le Jumbo Cut de septembre 2024 que la FED baisse les taux et le marché aura continué à monter en espérant ça depuis le début de l’année. Et si l’on continue dans cet esprit-là (le marché attend encore deux baisses en 2026 et la FED, une seule), ça pourrait bien continuer. Sans compter qu’en 2026, on va bien se marrer avec le take-over de la FED par les hommes de Trump. On sait déjà que ça risque d’être un merdier total avec un nouveau FED Chairman piloté depuis la Maison Blanche, mais le plus intéressant sera de voir comment le marché va prendre les choses.
Les bourses vont-elles paniquer parce que la FED perd son indépendance ? Ou vont-elles simplement se dire : RIEN À FOUTRE, tant qu’ils baissent les taux c’est le BULL MARKET FOREVER et de toutes façons l’inflation est sous contrôle… Je ne sais pas quoi vous dire, mais je dirais que dans l’ambiance actuelle, baisser les taux semble être la seule chose qui fasse vibrer le marché. Peu importe ce que ça coûte à la fin. Peu importe si l’indépendance de la FED disparaît à jamais. Réponse dans quelques mois.

Big in Japan
Et puis on se souviendra de ce qui s’est passé au Japon en 2025. Les taux sont montés, la BOJ est en train de flipper à cause de l’inflation et ils essaient d’endiguer le fléau en montant les taux tout en espérant ne pas faire exploser le yen et le carry-trade. Pour l’instant, la partie de Jenga est toujours en cours et jusque-là, ça va. Mais on en reparlera l’année prochaine c’est une certitude. Comme on va reparler de la Chine qui se débat dans son marasme économique et qui ne va pas rendre les armes, tout comme on reparlera de la dette américaine qui continue d’exploser. À l’heure où je vous parle, les USA sont endettés à hauteur de 38’500 milliards. Nous étions à 36’000 milliards il y a un an et selon les projections, nous serons à 50’000 milliards en 2030.
Aujourd’hui, sur chaque dollar de taxe collecté par l’Oncle Donald, environ 19 cents servent uniquement à payer les intérêts. Et ça n’est même pas du remboursement de capital, c’est juste pour avoir le droit de garder les lumières allumées. Malgré les baisses de taux de la Fed que nous avons vues (passant de 5,50 % à 3,75 %), la charge de la dette continue de monter, parce que le Trésor doit refinancer de la vieille dette qui payait 1 % avec de la nouvelle dette à 4 %. C’est d’ailleurs tout le paradoxe que nous vivons, le marché applaudit les baisses de taux de la FED, mais oublie que chaque jour qui passe, le gouvernement doit emprunter pour payer les intérêts de ce qu’il a déjà emprunté. On vit dans un monde où les États-Unis dépensent plus pour rémunérer les rentiers de la dette que pour protéger leurs propres frontières. C’est le plus grand schéma de Ponzi de l’histoire, mais tant que l’IA nous promet de transformer le plomb en or numérique, tout le monde regarde ailleurs. Mais on en reparlera en 2026, tout comme la dette privée des Américains qui ne s’est pas améliorée non plus. On reparlera aussi du merdier politique dans lequel se trouve la France, de son clown de Président et de sa folle d’épouse. On reparlera aussi de l’Europe qui se fissure et qui dépense son argent pour l’envoyer en Ukraine et pour construire une armée de soldats de plombs. De la paix que Trump nous promet toujours en Ukraine et des résultats trimestriels qui vont arriver au début du mois de janvier.
Conclusion
Finalement, on va beaucoup revenir sur des sujets que l’on connait déjà. Oui, parce qu’aussi fou que ça puisse paraître, ça n’est parce que ces prochains jours on va fêter l’anniversaire d’un type qui n’existe pas mais qui aurait multiplié les pains et marché sur l’eau et que dans une semaine on va fêter la nouvelle année que les sujets de 2025 ne seront pas réutilisés en 2026… C’est juste les fêtes de fin d’année qui restent une immense opération commerciale, comme chaque année. Et puisque nous sommes toujours censés être dans une chronique boursière, hier à Wall Street les indices grimpaient de 0,6 % dans un vide sidéral avec des volumes divisés par deux. Pendant que les gérants partent en vacances sur leurs +20 % annuels, l’or et l’argent s’envolent vers des records, trahissant une peur viscérale du risque obligataire. Le VIX s’écrase, mais c’est le calme plat avant la tempête : personne ne veut voir que les taux longs se tendent alors qu’on nous vend une inflation « sous contrôle ». On achète des records sans conviction, les poches pleines de cash et les yeux rivés sur la sortie, juste au cas où. Ce matin le S&P500 est à une cinquantaine de points des plus hauts de tous les temps – autrement dit 0.6%. Et encore une séance comme celle d’hier et c’est plié.
L’Europe ne foutait rien en attendant Noël, le Japon grimpe de 1.5% ce matin, le pétrole est à 57.79$, toujours dans sa tendance baissière, le Bitcoin est à 87’200$ et il n’y arrive plus pour le moment. Et pour ce qui est de l’or, là tout de suite on est à 4’507$ et des poussières… Cette après-midi, il y aura encore des publications aux USA : PCE, PIB et production industrielle, mais pour être franc, tout le monde s’en fout.
On se voit en 2026
Voilà, c’est donc ici qu’on se quitte pour l’année 2025. On se revoit, bien sûr, en 2026. Année qui sera d’ailleurs très importante pour moi. Tout d’abord parce que ça fera 20 ans que j’écris cette chronique tous les matins, mais aussi parce qu’il y a plein de choses qui vont arriver dans les prochains mois, un spectacle – si tout va bien – un nouveau site, de nouveaux produits, dont une formation en cours de construction, bref, plein de choses… D’ailleurs si vous avez des envies, des demandes ou des questions pour 2026, n’hésitez pas à me contacter sur morningbull@investir.ch
D’ici-là, je voudrais encore une fois profiter de cette « tribune » qui m’est offerte pour vous remercier d’être-là, tous les jours, encore et encore. Remercier les quelques-uns qui sont là depuis le tout début et qui sont encore là – si, si, je sais – pour faire simple, merci d’être si nombreux, sans vous j’aurais probablement arrêté depuis longtemps. Passez d’excellentes fêtes de fin d’année, profitez pour faire tout ce que vous n’avez pas pu faire durant l’année et on se revoit en 2026 avec plein de nouvelles choses et de nouvelles résolutions !
Joyeux Noël et excellente année à tous !!!
Thomas Veillet
Investir.ch
morningbull@investir.ch
“Be yourself; everyone else is already taken.”
― Oscar Wilde