La récente baisse est plus une correction boursière classique qu’une crise à proprement parler.

Pierre de Saab, Partner, Dominicé & Co. Asset Management

Après une année 2017 caractérisée par des bourses en hausse de manière ininterrompue et une volatilité au plancher, 2018 est en train de rappeler aux investisseurs que les marchés peuvent aussi baisser. Néanmoins toutes les baisses ne se ressemblent pas et celle à laquelle nous assistons aujourd’hui est très différente de la correction du début d’année.

En effet, la crise de février était surprenante à 2 titres: d’une part par son timing, le début d’année étant typiquement marqué par une prise de risque des investisseurs qui ont «remis les compteurs à zero», d’autre part par l’élément déclenchant, la volatilité, qui normalement suit, et non pas précède une correction de marché. En réalité, la correction de février n’était que la liquidation d’une position trop grande dans des produits «short volatilité» dont le risque était mal compris.

Le mouvement d’octobre est plus une correction boursière classique qu’une crise à proprement parler et trouve son origine dans la prise de bénéfice sur des titres ayant beaucoup progressé tels que les valeurs technologiques. Le marché baisse de manière ordonnée, ce qui explique que certaines mesures de risque telles que le VIX réagissent moins fortement qu’en février. Le timing, octobre, n’est pas surprenant et constitue une preuve supplémentaire que même à l’ère de l’intelligence artificielle, certains biais comportementaux ne changent pas.

Le marché baisse de manière ordonnée, ce qui explique que certaines mesures de risque telles que le VIX réagissent moins fortement qu’en février

Même s’il est plutôt sain que les prix des actions baissent à des niveaux plus raisonnables, en particulier dans un environnent de hausse de taux et de contraction de la liquidité, il subsiste certaines zones d’ombre, comme l’impact qu’une baisse prolongée des bourses peut avoir sur l’ensemble des stratégies systématiques qui représentent aujourd’hui environ 3000 milliards de dollars. Comprendre le fonctionnement de ces stratégies est absolument clé pour estimer si nous sommes au début ou à la fin du «bear market» actuel.