Une nouvelle application de médias sociaux vient défier Instagram de Meta. Be Real gagne du terrain dans les campus universitaires depuis quelques mois. Et bien qu'il ne s'agisse que d'une compétition mineure pour Instagram, l’émergence rapide de Be Real prévient que la concurrence s'intensifie dans l'espace des médias sociaux, et arrive au mauvais moment pour Meta, qui a déjà du mal à rebondir depuis que ses derniers résultats trimestriels ont montré que l’ancêtre des plateformes de médias sociaux Facebook a perdu des utilisateurs actifs quotidiens pour la première fois de son histoire.
Par Esty Dwek, CIO
Be Real
Be Real est une nouvelle plate-forme de médias sociaux qui se présente comme une plate-forme plus authentique et plus ‘réelle’ que ses concurrents Instagram, ou Snap. Il gagne rapidement en popularité sur les campus universitaires depuis quelque mois, ce qui rappelle l’histoire de Facebook, qui est d’abord devenu populaire parmi les étudiants, puis a conquis le monde.
Be Real est construit sur un principe simple : ‘vous êtes censé montrer votre vrai vous’.
Comment ça marche?
Les utilisateurs de Be Real reçoivent une seule notification en masse à une heure différente chaque jour leur demandant de prendre deux photos. Il s’agit de deux images simultanées, prises à travers l’objectif avant et arrière de leurs caméras de téléphone-l’une montrant où se trouvent les utilisateurs, et l’autre leurs visages. Les utilisateurs ont deux minutes pour prendre les photos, qui sont ensuite partagées avec leurs abonnés sur l’application. Les contributeurs n’ont pas à partager les photos qu’ils n’aiment pas, mais ils ont un délai limité de deux minutes pour obtenir le duo de photos.
Au contraire d’Instagram ou de Snap, il n’y a pas de filtres pour rendre les photos plus attrayantes, et surtout il n’y a pas de temps pour ‘tricher’ sur l’emplacement. Be Real veut éviter que ses utilisateurs se construisent une vitrine en ligne parfaite; la communauté veut voir ses membres partager ce qui se passe dans leur vie quotidienne à un moment donné, aussi banal ou peu glamour soit-il.
Les personnes qui manquent la notification quotidienne peuvent publier leurs photos journalières en retard, mais les images qui arrivent tard sont marquées comme étant en retard–la réactivité est donc un nouvel indicateur de ‘succès’, en l’absence des ‘likes’ sur les photos.
Le concept semble plaire. L’application est disponible sur App Store et Google Play depuis peu, mais depuis la date de sa sortie, le nombre d’utilisateurs a augmenté de façon exponentielle, dopant sa popularité. Et ce qui inquiète le plus est qu’elle attire les jeunes!
Pourquoi Be Real?
Soyons honnête: ce que propose Be Real est intéressant, mais ce n’est pas un concept révolutionnaire. Le cadre d’utilisation est étroit, et les informations pouvant être partagées sont limitées à seulement deux prises de vue simultanées par jour. On a donc vite fait le tour.
Certains expliquent la popularité de Be Real par le fait que ce n’est pas grand public, d’autres disent que la fenêtre de deux minutes pour poster une photo appelle à moins de perfectionnisme, et les utilisateurs en ont marre de voir les fausses vies parfaites des autres.
Mais il n’y a aucune raison évidente pour laquelle Be Real a émergé d’une foule d’autres applications de médias sociaux. Aucune de ces explications n’est plus raisonnable que ce n’est qu’une main chanceuse pour ses constructeurs.
Be Real pourrait-il détrôner Instagram?
Nous ne savons pas si Be Real est la plate-forme qui détrônera Instagram, mais elle surgit certainement au mauvais moment pour Meta, qui a signalé sa première baisse d’utilisateurs actifs quotidiens au dernier trimestre, et qui a vu un enthousiasme de courte durée par rapport à son plan de migrer les médias sociaux vers un métavers.
En fait, d’autres sociétés, principalement des sociétés de jeux, semblent avoir mieux profité de l’idée de métavers que Meta lui-même. L’idée d’une transformation virtuelle n’a donc pas été passionnante pour les investisseurs de Meta, alors que les plateformes de médias sociaux de la société se rapprochent doucement de l’épuisement.
Meta, trop cher ou trop bon marché?
Meta Platforms a perdu jusqu’à plus de 50% de sa valorisation par rapport au pic de septembre 2021 et reste bien en deçà des niveaux qui se négociaient depuis son dernier rapport trimestriel controversé.
Sur la base des résultats de 2021, l’action de Meta se traite à un multiple cours/bénéfice de seulement 15.5; c’est moins de la moitié du multiple de l’indice technologique Nasdaq 100, qui se négocie à 32. Relativement, Meta pourrait bien doubler en valeur pour être en ligne avec l’industrie. Mais ce n’est pas si simple.
Trois gifles sur le visage de Meta
Il y a trois raisons principales pour lesquelles l’action Meta a plongé après la publication de ses derniers résultats. Premièrement, la société a enregistré une diminution dans le nombre d’utilisateurs actifs sur Facebook pour la première fois de son histoire.
Deuxièmement, elle a prévenu que les modifications apportées par Apple à ses règles de confidentialité auraient un impact sur la capacité de Meta à cibler les utilisateurs avec de la publicité sur ses plateformes de médias sociaux, ce qui pourrait entraîner une perte de revenus qui pourrait atteindre 10 milliards de dollars en 2022.
Et finalement, le segment Reality Labs de Meta, qui est responsable du développement du métavers, a perdu 10 milliards de dollars en 2021, ce qui soulève des sourcils quant au montant que l’entreprise devrait investir dans le nouveau monde virtuel avant de voir un retour sur investissement. Personne n’a encore la réponse à cette dernière question. Cela dépendra de la rapidité avec laquelle les utilisateurs sont prêts à adopter l’idée d’un métavers, ou s’ils sont prêts à l’adopter tout court.
Mais en attendant, des idées plus simples sont la principale menace pour le portefeuille de plateformes de médias sociaux de Meta, et l’émergence d’un concurrent sérieux pourrait nuire à sa popularité et laisser l’entreprise derrière les ambitions de Mark Zuckerberg de créer les plateformes sociales 2.0.
Les prochains résultats trimestriels prévus le 27 avril vont apporter plus de clarté quant à l’impact de Be Real sur l’activité de Facebook et Instagram.