La semaine passée, le cours du Bitcoin s'est mis à monter rapidement avant d'atteindre de nouveaux pics durant le week-end et de finalement établir un nouveau record de prix lundi à environ $122'000, dépassant de loin les records précédents.
En conséquence, des positions short pour plus de $20 millions ont été liquidées en l’espace d’une seule heure ce week-end. Cette montée du prix marque une nouvelle phase de découverte qui, selon les analystes, a des ressemblances au rallye de fin 2024 quand une dynamique comparable avait conduit le cours à monter de 50% en quelques semaines.
Le moteur principal de cette montée des derniers jours est encore une fois la demande massive des investisseurs institutionnels. Les divers fonds ETF spot Bitcoin américains ont enregistré des afflux de capitaux de plus d’un milliard de dollars sur deux jours consécutifs, une première depuis leur lancement en janvier 2024.
L’ETF IBIT de BlackRock a mené la danse, avec des actifs sous gestion qui sont monté dernièrement à plus de $80 milliards. IBIT génère donc désormais des revenus supérieurs au produit phare de BlackRock, l’ETF iShares Core S&P 500.
Si on regarde la distribution actuelle du Bitcoin, on constate la dominance toujours croissante des grands acteurs. Selon la Rich List 2025, les cold wallets de Binance, Robinhood et Bitfinex à eux seuls détiennent plusieurs centaines de milliers de bitcoins. Strategy détient la plus grande position dans le monde en tant qu’entreprise avec 597’000 BTC. La part des états est également en augmentation: les USA détiennent 207’189 BTC et la Chine 194’000 BTC. D’autres pays comme le Royaume-Uni, l’Ukraine, le Bhoutan et le Salvador détiennent également des réserves parfois considérables.
Mais bien que la demande institutionnelle et l’activité des gouvernements soient croissantes, la participation des investisseurs particuliers reste remarquablement faible. Malgré ce nouveau record de prix, le volume de recherche sur Google pour le mot-clé «Bitcoin» est 60% plus bas qu’après les élections américaines de 2024.
Des analystes attribuent cette absence à la barrière à l’entrée que représente le prix actuel et au sentiment morose qui règne parmi les particuliers. Cela dit, la demande des investisseurs privés pourrait désormais s’exprimer de façon indirecte au travers des ETFs, rendant plus difficile l’identification de leur exposition.
Dans tous les cas, ce nouveau record marque un tournant, pas seulement en terme de prix mais structurellement. Bitcoin est de plus en plus supporté par des entités institutionnelles qui dominent le marché, ce qui apporte de la stabilité mais qui pose aussi de nouvelles questions: dans quelle mesure le Bitcoin est-il réellement décentralisé lorsqu’une part croissante de l’offre est contrôlée par un petit nombre d’acteurs? La réponse à cette question jouera un rôle important pour façonner la substance du Bitcoin dans les années à venir.
Bitcoin dépasse Amazon
Avec une fortune estimée à $120 milliards, Satoshi Nakamoto – le créateur anonyme de Bitcoin – est l’une des personnes les plus riches du monde. Il possède 1.96 millions de bitcoins répartis sur différents wallets, qui n’ont pas été touchés depuis 2011. Ce trésor le placerait à la 11ème place de la liste des plus riches.
Mais ce n’est pas que la fortune de Satoshi qui est remarquable, mais Bitcoin lui-même qui a franchi une nouvelle étape de maturité. Avec une capitalisation de $2.16 billions, il a dépassé la valeur boursière d’Amazon et est désormais le 5ème plus grand actif dans le monde.
Cette ascension historique à $122’000 pour un bitcoin fait non seulement les titres, mais amène avec elle des chiffres impressionnants. Selon Bitcoin Magazine Pro, 5’441 des 5’442 jours d’existence du Bitcoin ont été profitables, un taux de succès de 99.98%.
Par exemple, une personne qui a acheté pour $100 de Bitcoin par mois pendant neuf ans possède désormais $230’000, à partir d’un investissement de seulement $10’000. En comparaison, la même stratégie aurait donné $22’152 en or, $33’081 en actions Apple et seulement $16’993 en suivant le Dow Jones.
Cette performance reflète non seulement la réponse du marché, mais aussi les développements macroéconomiques. En effet, depuis 2013 la masse monétaire globale (M2) est passée de $61 billions à $102 billions. Pendant ce temps-là, le prix du Bitcoin est passé de $113 à $122’000, un signal clair de sa valeur en tant que protection contre l’inflation.
Robert Kiyosaki, auteur à succès et partisan du Bitcoin, rappelle la loi de Gresham: dans un système avec du «bon» et du «mauvais» argent, la monnaie à la valeur la plus forte prévaut toujours à long terme.
Bitcoin est bien plus qu’un simple objet de spéculation, c’est un signal macroéconomique. Le fait que Satoshi Nakamoto figure parmi les plus riches du globe n’est pas une curiosité, mais l’expression d’un nouveau système de valeur avec un narratif qui s’institutionnalise : hedge funds, grandes entreprises et nations reconnaissent progressivement Bitcoin en tant que contrepoids aux politiques monétaires expansionnistes.