Le nouveau trimestre et l'exercice fiscal aux États-Unis ont débuté sur une note plutôt calme pour marchés obligataires. Les bons du Trésor américain ont enregistré une légère surperformance dans le segment des obligations d'État, tandis que le crédit corporate est resté solide, les obligations américaines investment grade étant les plus performantes de la semaine.

La courbe des rendements du bon du Trésor américain s’est redressée (bull-steepening) après la publication d’un rapport ADP sur l’emploi étonnamment faible, révélant que le secteur privé avait supprimé 32 000 emplois en septembre. Fait notable, ADP réajuste périodiquement ses données par rapport aux chiffres plus complets du Bureau of Labor Statistics (BLS) et, en septembre, a révisé à la baisse les chiffres de l’emploi de 43 000 par rapport aux estimations précédentes. Cet ajustement a probablement amplifié la faiblesse à court terme, mais ADP a souligné que la tendance générale de l’emploi restait stable, bien que la création d’emplois continue de ralentir dans la plupart des secteurs.

L’attention portée cette semaine au rapport ADP s’explique surtout par la fermeture du gouvernement fédéral américains à 00h01 (EDT) le 1er octobre 2025. Cette fermeture n’est pas liée au manque de financement, qui ne se survient que lorsque le plafond de la dette est atteint. Le récent «Big Beautiful Bill» a relevé le plafond de la dette de 5’000 milliards USD, le portant à 41,1 billions USD, et le prochain plafond ne devrait pas être atteint avant 2028.

La fermeture actuelle résulte plutôt de l’incapacité du Congrès à adopter le budget pour l’exercice fiscal 2026, en raison d’un blocage partisan. Les législateurs sont en désaccord sur les niveaux de dépenses fédérales, les réductions de l’aide étrangère (annulations de crédits), les subventions d’assurance santé (crédits d’impôt de l’Affordable Care Act) et d’autres politiques, laissant le gouvernement sans budget approuvé.

Ce phénomène n’a rien d’inhabituel: il s’agit du 9e «shutdown» depuis 1976. Historiquement, leur durée médiane n’est que de 2 à 3 jours souvent sur un week-end, et seules quelques-unes ont duré plus de deux semaines. Toutefois, il s’agit du troisième shutdown sous la présidence de Donald Trump, après celui de 2018-2019, le plus long de l’histoire américaines (35 jours), principalement lié aux désaccords sur le financement du mur frontalier.

Les effets immédiats du shutdown se traduisent par la suppression de nombreux services fédéraux. Les agences ont commencé à mettre en œuvre les procédures de fermeture mercredi matin, mettant au chômage technique les employés jugés non essentiels. Presque aucun fonctionnaire — qu’il soit en activité ou non — ne sera payé tant qu’un accord ne sera pas trouvé, bien que tous devraient recevoir un rétro-paiement une fois la fermeture levée.

Les estimations de l’impact économique varient. Selon le Congressional Budget Office (CBO), un arrêt du financement discrétionnaire pourrait entraîner la mise à pied temporaire d’environ 750’000 employés fédéraux chaque jour, leur rémunération totale quotidienne atteignant 400 millions USD. Une note interne de la Maison Blanche obtenue par POLITICO estime que le shutdown pourrait coûter jusqu’à 15 milliards USD de PIB par semaine (soit 0,055% du PIB).

Quant au Comité fédéral de l’open market, il vole désormais  «à l’aveugle», faute de d   données essentielles comme le rapport sur l’emploi non agricole (Nonfarm Payrolls) et l’indice des prix à la consommation (CPI), qui ne seront publiés qu’après la reprise du fonctionnement gouvernemental. Cela signifie que le FOMC pourrait entamer sa prochaine réunion de politique monétaire, prévue les 28 et 29 octobre, sans indicateurs économiques clés.

Les investisseurs semblent toutefois parier sur un shutdown de courte durée, le marché des swaps de taux d’intérêt au jour le jour tablant actuellement sur une probabilité de 98% d’une baisse de 25 points de base des taux lors de la réunion d’octobre. Cependant, sans réouverture du gouvernement, cette hypothèse pourrait être trop optimiste, car le comité reste dépendant des données pour évaluer l’état de l’économie.

Dans un contraste intéressant, alors que le gouvernement américain ferme ses portes, le gouvernement allemand ouvre enfin les siennes. L’Allemagne a fonctionné avec un budget provisoire pendant une grande partie de l’année 2025, à la suite de l’instabilité politique et de l’effondrement de la coalition précédente en novembre 2024. Cet arrangement provisoire a pris fin lorsque le Bundestag a approuvé le budget fédéral 2025 le 18 septembre, suivi de l’approbation du Bundesrat le 26 septembre. Cette approbation permet au gouvernement de passer d’un financement provisoire à un plan budgétaire pleinement autorisé.

Au cours des huit premiers mois de l’année, les dépenses fédérales issues du budget principal et du fonds spécial des forces armées ont atteint 327 milliards d’euros, soit un rythme annualisé d’environ 491 milliards d’euros. Le nouveau budget fixe les dépenses totales prévues à 564 milliards d’euros, offrant au gouvernement la possibilité d’accélérer nettement les dépenses au quatrième trimestre. Bien qu’il soit possible que le total annuel reste inférieur à ce plafond, la majeure partie de l’augmentation des dépenses de cette année devrait concerner la consommation et la sécurité sociale, au risque même de dépasser le budget prévu.

Si les marchés obligataires ont été calmes cette semaine, il n’en a pas été de même pour les autres classes d’actifs. Les marchés des matières premières ont enregistré une forte baisse des prix de l’énergie, qui ont chuté de plus de 7%, marquant leur plus forte baisse hebdomadaire sur plus de trois mois (voir le graphique de la semaine).

L’annonce d’un plan en 20 points entre Donald Trump et le Premier ministre israélien Netanyahu, visant à mettre fin à la guerre à Gaza, a pu contribuer à la baisse des prix. Cependant, le principal catalyseur semble être l’anticipation par les investisseurs d’une augmentation de la production de l’OPEP+, qui sera décidée lors de la réunion de dimanche pour fixer les quotas de novembre. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’attend désormais à ce que l’excédent atteigne des niveaux records l’année prochaine, en partie en raison du retour de la production de l’OPEP+.

Par ailleurs, les métaux précieux, le bitcoin et les devises étrangères (soutenus par la faiblesse du dollar) ont rebondi, profitant de l’incertitude liée au shutdown américain.

Les marchés actions, quant à eux, ont continué de grimper, ignorant largement les risques macroéconomiques de la semaine. Le sentiment a été soutenu par l’euphorie autour de l’IA et la peur de rater une opportunité (FOMO), ainsi que par l’optimisme suscité par la politique monétaire plus accommodante — avec la conviction que la Fed réduira ses taux et que les dépenses publiques s’accéléreront, comme cela a été observé récemment en Chine et désormais en Allemagne.

Graphique de la semaine: le seul actif dont le prix n’augmente pas – La tendance des prix du pétrole est-elle à la baisse?

2025.10.08.Pétrole
Source : Bloomberg au 3 octobre 2025

 


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