Dans la zone Euro, l'inflation atteint 9,2% en décembre, son plus bas niveau sur les quatre derniers mois. Aux Etats-Unis, l'inflation a également montré des signes de ralentissement.

Europe

Dans la zone Euro, l’inflation atteint 9,2% en décembre, son plus bas niveau sur les quatre derniers mois. Ce chiffre constitue un signe encourageant et semble indiquer que l’inflation de la région, bien que toujours élevée, évolue dans la bonne direction. Les prix de l’énergie et de l’électricité ont notamment poursuivi leur stabilisation. Cependant, les denrées alimentaires et l’énergie ont participé ces derniers mois à la croissance globale des prix dans une bien plus large mesure qu’aux Etats-Unis. Lors de sa réunion de décembre, la BCE a procédé à une hausse largement anticipée de 50 points de base de ses trois taux directeurs. La position offensive des grandes banques centrales occidentales dans leur lutte contre l’inflation laisse présager une récession dans la plupart des économies au cours du 1er semestre 2023, avec une zone Euro encore une fois plus impactée qu’outre-Atlantique.

Les discours de la BCE et la réouverture du marché chinois ont entrainé un fort mouvement sur les taux. Sur le mois, le rendement du Bund allemand à 10 ans a progressé de 64 points de base, pour clôturer à 2,57%. Le Haut Rendement européen, toujours instable, a de son côté cassé à la baisse sa tendance des deux derniers mois. Les investisseurs restent impactés par le resserrement monétaire qui se poursuit de façon agressive, dans un contexte de croissance économique fragile. Qu’il s’agisse d’Investment Grade ou de Haut Rendement, les spreads de crédit restent à des niveaux supérieurs à leur moyenne historique, et les rendements nettement plus élevés. Le rendement de l’indice corporate européen termine le mois à 7,48%.

Etats-Unis

Aux Etats-Unis, l’inflation a également montré des signes de ralentissement. Elle reste cependant bien au-dessus des objectifs de la banque centrale. Les données macroéconomiques solides montrent d’autre part que l’économie américaine a rebondi plus rapidement que prévu au 3e trimestre, ce qui renforce les craintes que les taux d’intérêt restent élevés pour une période prolongée. La Fed a relevé son taux d’intérêt de 50 points de base en décembre et ce dernier a atteint son niveau le plus haut en 15 ans. La création d’emplois a été relativement forte en 2022, mais le dynamisme du marché du travail devrait s’affaiblir. Les entreprises gèlent en effet les embauches et annoncent des licenciements pour l’année 2023. L’accessibilité au logement a atteint son plus bas niveau depuis dix ans, en raison de la hausse des taux.

Sur les marchés obligataires, le rendement du 10 ans américain a augmenté de 26 points de base, pour atteindre 3,87%. Le rendement à 2 ans lui reste cependant supérieur de 55 points de base à fin décembre. Il s’agit du sixième mois consécutif d’inversion de la courbe de rendement entre les deux indices de référence, ce qui continue d’alimenter les craintes de récession. Il n’y a en effet jamais eu de courbe de rendement aussi profondément inversée sans récession. Au niveau des obligations d’entreprises, la bonne reprise d’octobre et de novembre ne s’est pas poursuivie en décembre et l’année s’achève sur une faiblesse du marché. Sur l’ensemble de l’année, les obligations d’entreprises à Haut Rendement ont le mieux résisté, comparé aux obligations d’Etat et d’entreprises Investment Grade. Le rendement offert par l’indice corporate américain s’établit à 8,14% en fin de mois.

Marchés émergents

Au niveau global, 2022 restera l’une des années les plus volatiles jamais enregistrées sur les marchés financiers, marquée par la flambée des prix de l’énergie et la présence de goulets d’étranglement sur les chaînes d’approvisionnement, par la guerre en Ukraine et la hausse rapide des taux d’intérêt. La Chine continue d’occuper le devant de la scène parmi les pays émergents et à susciter à la fois des espoirs et des inquiétudes. Le pays a abandonné de façon soudaine sa politique zéroCovid. Il est difficile de se prononcer quant à l’impact de la montée en flèche des cas de Covid-19 qui en découle. Cependant, cet assouplissement des restrictions et l’affaiblissement du dollar américain ont été des catalyseurs positifs pour la région. Les données concernant la croissance économique et notamment le secteur immobilier ont été encourageantes. De façon générale, en raison de passifs élevés en dollars et des coûts de financement, un dollar moins fort a tendance à favoriser la performance des marchés émergents, et cela s’est confirmé en décembre.

Les marchés du crédit des pays émergents se sont fortement redressés sur le mois. Ils pourraient connaître une reprise prolongée, après avoir connu en 2022 des pertes parmi les plus importantes jamais enregistrées. Globalement, ils apparaissent en meilleure posture que les pays développés, et mieux positionnés pour profiter de hausses éventuelles des prix des matières premières. Dans ce contexte, le rendement de l’indice corporate émergent termine le mois à 11,15%.

Entreprises en vue

Tereos (EU)

Tereos, l’entreprise agro-industrielle, a publié des résultats solides pour le 1er semestre 22/23. Le chiffre d’affaires a augmenté de 35,3% en glissement annuel pour atteindre 3 milliards d’euros, du fait de hausses de prix sur tous les segments. L’EBITDA ajusté a plus que doublé pour atteindre 464 millions d’euros grâce à ces hausses de prix et aux stratégies commerciales et de couverture de Tereos, qui ont soutenu les marges. La génération de flux de trésorerie a légèrement diminué en glissement annuel, l’amélioration significative des bénéfices et la baisse des dépenses d’investissement ayant été plus que contrebalancées par les mouvements sur le fonds de roulement et l’augmentation des intérêts payés. La dette nette s’élève à 2,2 milliards d’euros, contre 2,4 milliards d’euros un an plus tôt, tandis que l’effet de levier net est de 2,4x, contre 3,5x. La liquidité est bonne, à 1,2 milliard d’euros, et se compare favorablement aux 713 millions d’euros de dette qui arrivent à échéance dans moins d’un an.

VICI (US)

La foncière de casinos VICI a annoncé avoir acquis les actifs immobiliers de deux petits casinos à visée régionale. À la suite de sa récente fusion avec MGP (la société de placement immobilier de jeux de MGM), VICI a obtenu une note Investment Grade auprès de toutes les agences de notation. Le management semble déterminé à maintenir cette note, tout en conduisant de nouvelles acquisitions. Sur une base pro forma, compte tenu du loyer annuel supplémentaire résultant de la transaction, l’EBITDA de VICI devrait atteindre environ 2,8 milliards de dollars.

Silknet (EM)

Silknet, l’une des principales sociétés de télécommunications de la République de Géorgie, a publié des résultats financiers solides pour le 3e trimestre 2022. Le chiffre d’affaires a augmenté de 11% en glissement annuel, grâce à l’augmentation des données mobiles et des services d’opérateur, avec une augmentation de l’itinérance. L’EBITDA de la société a suivi la hausse du chiffre d’affaires (+12%) et la marge est restée stable à 62%. L’effet de levier net s’est amélioré à 2,1x. Fitch a révisé la note de la société de B à B+ en novembre 2022.

 

Télécharger le Corporate Credit Monthly Update complet (pdf, 4 pages, en français)

Date de rédaction : 10/01/2023