Dans la zone Euro, l'invasion de l'Ukraine par les forces russes a fortement bousculé les marchés financiers au cours du mois de février, alors qu'aux Etats-Unis, l’impact devrait être plus limité et que les marchés émergents souffrent également de l’incertitude globale

Europe

Les inquiétudes concernant l’impact économique de la guerre et les sanctions sévères des pays occidentaux contre la Russie sont passées au premier plan, et ont relégué au second plan les perspectives de hausse des taux d’intérêts. Les pressions inflationnistes ont également persisté en raison de la hausse des prix des matières premières et de l’énergie. Dans cet environnement, il est probable que la BCE adopte une approche monétaire plus prudente, en raison des risques induits par le conflit russo-ukrainien. L’Europe est plus vulnérable que les Etats-Unis, car plus proche du conflit et davantage dépendante de l’énergie russe, et les sanctions et les représailles risquent de lui causer davantage de dommages. Le cours de l’Euro ressort fragilisé en raison de ces préoccupations.

Conséquence de la réaction des investisseurs, en attente notamment d’une réaction de la BCE face à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, le rendement du Bund allemand à 10 ans est retombé à 0,13%, après avoir atteint les 0,30%. Les marchés du crédit d’entreprise ont connu une forte volatilité, avec pour principal effet un élargissement des spreads sur l’Investment Grade et le Haut Rendement. L’offre de nouvelles obligations Haut Rendement sur le marché primaire s’est tarie. En augmentation de 83 points de base, le rendement de l’indice corporate européen s’établit à 4,28%.

Etats-Unis

ANAXIS - Publications de notation février 2022Aux Etats-Unis, l’impact de l’invasion de l’Ukraine par les forces russes devrait être plus limité. Cependant, le pays risque de subir l’effet de la hausse des prix du pétrole. Le brut WTI est passé de 88,15 dollars à 95,75 dollars/baril sur le mois de février, en progression de 9%, et ne montre aucun signe d’accalmie. Les rendement du Trésor ont augmenté en début de mois de manière significative, sur fonds de données économiques solides. Puis ils se sont affaiblis pour toutes les échéances, avec une baisse plus importante pour les échéances courtes. La volatilité sur les marchés financiers a en effet renforcé au cours du mois la demande pour les actifs refuges. Le rendement à 10 ans a clôturé le mois relativement stable à 1,83%, après avoir atteint 2% sur la première partie du mois.

Les spreads des obligations d’entreprises américaines se sont élargis en février, même pour les obligations de bonne qualité. Les prévisions de resserrement monétaire de la Fed, l’incertitude mondiale et les flux sortants ont pesé sur les marchés du crédit. Le Haut Rendement a particulièrement souffert des flux négatifs et de l’augmentation des spreads. Dans ce contexte, le rendement de l’indice corporate américain a augmenté de 29 points de base, pour clôturer le mois à 5,19%.

Marchés émergents

Dans les pays émergents, le renforcement de l’incertitude globale a également pesé sur les marchés financiers. Comme en Europe et aux Etats-Unis, le contexte actuel présente de nouvelles difficultés pour les perspectives économiques de ces pays, avec des risques liés à l’inflation, aux événements géopolitiques et à la possibilité de nouvelles pénuries.

Les spreads de crédit du Haut Rendement émergent se sont élargis avec une plus forte amplitude que dans les pays développés, en raison de l’importante sous-performance des obligations russes et ukrainiennes. Cela a également été le cas, mais dans une moindre mesure, sur les obligations notées Investment Grade. Le Haut Rendement asiatique a également souffert des problèmes de liquidité du secteur immobilier chinois, malgré l’assouplissement des restrictions de crédit dans ce domaine. Beaucoup de sociétés des marchés émergents conservent cependant des fondamentaux solides. D’autre part, les sorties de capitaux sont restées modérées dans ce contexte de hausse globale de la volatilité. Le rendement de l’indice corporate émergent s’établit en fin de mois à 10,21%.

Entreprises en vue

Cirsa

ANAXIS - Émissions primaires significatives février 2022Cirsa, l’opérateur de jeux espagnol, a publié en février des résultats encourageants pour le 4e trimestre 2021 et l’ensemble de son exercice 2021, grâce à l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie de Covid-19. Les revenus du 4e trimestre ont progressé de 79% en glissement annuel, pour atteindre 378 millions d’euros, avec un EBITDA qui a bondi de 137% à 121 millions d’euros. Les flux de trésorerie ont été solides, grâce à un retour des bénéfices et aux apports liés au fonds de roulement. La société a l’intention de refinancer cette année ses obligations 2023 en circulation. Le management a cependant souligné que les conditions de marché actuelles demeuraient défavorables à une telle opération. L’introduction en bourse de l’entreprise reste une option dans le cadre de la sortie de Blackstone, propriétaire actuel. Cirsa prévoit en outre de publier un rapport ESG détaillé en mai 2022.

Scientific Games

Scientific Games a annoncé des résultats solides pour le 4e trimestre 2021. La société a également indiqué son ratio de levier cible, une fois réalisée la cession de ses activités de loterie et de paris. Par rapport à l’année précédente, le chiffre d’affaires a augmenté de 21% au 4e trimestre, tandis que l’EBITDA ajusté a augmenté de 67%. Le ratio de levier net a diminué séquentiellement à 6,2x, contre 6,6x en septembre 2021. 90% du produit de la vente des activités de loterie, estimé à 5 milliards de dollars, sera utilisé pour réduire la dette. Après la cession, le management vise un ratio d’endettement de l’ordre de 2,5x à 3,5x.

Sappi

Sappi, le producteur sud-africain de papier et d’emballages, a publié début février d’excellents résultats pour le 1er trimestre 21-22. Le chiffre d’affaires a augmenté de 46% en glissement annuel, tandis que l’EBITDA a progressé de 145%, grâce à une forte demande, des prix de vente plus élevés et un meilleur équilibre produits et clients. L’inflation sur les coûts a pesé sur la rentabilité, mais la société prévoit que les conditions de marché resteront favorables pour l’ensemble de son exercice 2021-2022. L’effet de levier net est tombé à 2,8x, contre 3,7x pour l’exercice 2020-2021.

 

Télécharger le Corporate Credit Monthly Update complet (pdf, 4 pages, en français)

 

Date de rédaction : 07/03/2022