Dans la zone Euro, les chiffres de l’inflation ont été décevants et la dynamique économique a continué à se détériorer ces dernières semaines. Aux Etats-Unis, la mise sous contrôle de l'inflation s’avère être une tâche difficile pour la Fed, en dépit de la trajectoire agressive des hausses de taux mise en œuvre depuis le mois de mars.

Europe

2022.11.18.Publication de notationDans la zone Euro, les chiffres de l’inflation ont été décevants et la dynamique économique a continué à se détériorer ces dernières semaines. L’Europe est confrontée à un défi important avec la guerre en Ukraine, et fait face à une pénurie d’énergie à l’approche de l’hiver. Toutefois, les prix du gaz ont plongé depuis leur pic estival, en raison de la hausse des importations de gaz naturel liquéfié, du ralentissement de la demande chinoise et de l’automne exceptionnellement doux. Les pays européens ont rempli à 93% leurs capacités de stockage en octobre, performance notable compte tenu de leur faible point de départ au printemps 2022. La situation politique au Royaume-Uni s’est stabilisée après l’annonce de la nomination de Rishi Sunak comme Premier ministre. Le gouvernement semble avoir renoué avec la prudence budgétaire. La Banque d’Angleterre a maintenu ses mesures d’urgence prises le mois dernier pour racheter des Gilts et a reporté son resserrement monétaire à novembre, afin de calmer la volatilité sur sa dette souveraine. La BCE a quant à elle relevé ses taux de 75 points de base, en réponse à la vigueur persistante de l’inflation.

Les spreads de crédit se sont resserrés sur le mois, alors que les taux d’intérêt ont augmenté sur toute la courbe. Le rendement du Bund allemand à 10 ans a atteint jusqu’à 2,5% en octobre. Il clôture le mois à 2,14%, Les obligations d’entreprises ont enregistré une performance positive, récupérant une partie de leur baisse de l’année. Les marchés gardent l’espoir que les banques centrales n’auront pas besoin de pousser les économies en récession pour freiner l’inflation. Le marché primaire est redevenu actif, tant en Europe qu’aux États-Unis. Le rendement de l’indice corporate européen termine le mois à 7,76%.

Etats-Unis

Aux Etats-Unis, la mise sous contrôle de l’inflation s’avère être une tâche difficile pour la Fed, en dépit de la trajectoire agressive des hausses de taux mise en œuvre depuis le mois de mars. L’économie reste résiliente et la création d’emplois forte. La décision prise par la banque centrale de relever de 75 points de base son taux de référence début novembre a été aisément anticipée par les marchés. Le marché immobilier américain subit de plein fouet les conséquences de cette politique et chute fortement. A cela est venue s’ajouter en octobre l’incertitude autour des élections de mi-mandat du 8 novembre. Les prix du pétrole ont connu une hausse sur le mois, la première depuis début juin, du fait des réductions de production de l’OPEP et de la guerre en Ukraine. Le dollar s’est légèrement affaibli en octobre, mais demeure fort.

Le retour relatif de l’appétit au risque sur les marchés, la volatilité en baisse et les résultats robustes des entreprises au 3e trimestre ont fait reculer la demande pour les valeurs refuges. Les obligations souveraines ont en outre souffert de la hausse des taux, tandis que le crédit corporate a connu des performances solides, avec un beau rebond. Le rendement du Bon du Trésor à 10 ans a atteint un nouveau sommet à 4,25%, avant de retomber à la fin du mois à 4,05%. La courbe du Trésor à 3 mois s’est à son tour inversée par rapport à celle à 10 ans, tandis que celle à 2 ans était déjà inversée depuis plusieurs semaines. Sur les marchés corporate, le resserrement substantiel des spreads de crédit a compensé la hausse des taux. Les obligations Investment Grade ont sous-performé par rapport aux obligations Haut Rendement. Elles présentent un profil de risque de crédit plus faible, mais aussi une duration plus longue, ce qui les rend vulnérables à l’environnement actuel de risque de taux élevé. Le rendement offert par l’indice corporate américain s’établit à 8,15% en fin de mois.

Marchés émergents

Dans les pays émergents, les hausses de taux ont continué à se multiplier, suivant le pas des pays développés. La croissance économique demeure toutefois relativement résiliente sur cette zone. Les principaux événements survenus sur les marchés émergents ont été d’ordre politique. Au Brésil, un nouveau président a été élu démocratiquement, Luiz Inácio Lula Da Silva, par une faible marge. En Chine, Xi Jinping a réussi à obtenir un troisième mandat historique, ce qui a exacerbé la volatilité et créé une incertitude à court terme. Tous les espoirs d’un pivotement de la politique de la Chine à la suite de son Congrès ont été anéantis par la réaffirmation de la politique zéro-Covid et de la position assertive à l’égard de Taïwan.

La dette des marchés émergents reste dépendante des conditions macroéconomiques globales. Le resserrement de la politique monétaire de la Fed augmente les rendements offerts sur les marchés obligataires américains. Les investisseurs déplacent en conséquence leurs capitaux vers les États-Unis, afin de profiter de ces rendements plus élevés, ce qui participe au renforcement du dollar américain. Certaines banques centrales émergentes ont été contraintes d’intervenir sur les marchés des changes pour empêcher une dépréciation de leur devise. Ces facteurs tendent à peser sur la dette. Les fondamentaux restent cependant solides et les rendements attractifs. Les flux sont également positifs sur la zone. Le rendement de l’indice corporate émergent est resté inchangé en fin de mois, à 13,63%.

Entreprises en vue

2022.11.18.Emissions primairesCasino (EU)

Casino, le détaillant français, a publié des résultats satisfaisants avec des ventes en hausse de 10,6% en glissement annuel, à 8,6 milliards d’euros. Ces chiffres sont principalement portés par l’Amérique latine, tandis que la France enregistre une tendance négative en raison de la marque Cdiscount. Les ventes à magasins comparables ont augmenté de 5,4% et la croissance organique du groupe a atteint 4,6%. La confirmation des perspectives pour l’exercice 2022, associée aux plans de cession partielle d’une participation dans Assai, ont apporté un certain soulagement aux préoccupations croissantes sur les obligations du groupe concernant les clauses de garantie et le profil de dette. Le groupe a également proposé des rachats de 154 millions d’euros de ses obligations 2023 et de 147 millions d’euros de ses obligations garanties 2024, prouvant ainsi son engagement à gérer sa dette à court terme, et de manière opportuniste.

Euronet (US)

Euronet est l’un des leaders américains sur les paiements électroniques et propose des services de guichets automatiques, des solutions de traitement et de distribution des paiements et des transactions, ainsi que des services de change et de transferts d’argent. Son offre de transferts électroniques de fonds a souffert de la restriction des voyages pendant le Covid-19, mais s’est bien redressée depuis, retrouvant sa profitabilité pré-Covid au 3e trimestre 2022. Les deux autres segments e-pay et Money Transfer ont été plus stables, avec des revenus qui continuent à croître année après année et une marge d’EBITDA constante. La société a généré des marges de FCF annuelles allant d’environ 5% à 14% du chiffre d’affaires au cours du temps. Depuis 2017, le levier net est resté stable entre 0 et 1x l’EBITDA. Euronet Holdings est cotée au NYSE avec une capitalisation boursière proche de 4 milliards de dollars.

Sappi (EM)

Sappi, le producteur de papier sud-africain, a remboursé 209 millions d’euros de ses obligations 2026 à la suite d’une offre de rachat proposée début octobre. La société utilise pour ce remboursement une partie des 272 millions d’euros qui proviennent de la vente annoncée il y a quelques semaines de trois usines de papier à la société d’investissement Aurelius. Ces usines, situées en Finlande, en Allemagne et aux Pays-Bas, ont une capacité combinée de 1 230 000 tonnes par mois. Sappi a également publié de nouvelles prévisions pour son activité en 2022, indiquant qu’au cours du dernier trimestre, les conditions de marché ont été meilleures qu’attendu, avec des prix de l’énergie en Europe inférieurs aux anticipations pessimistes. En conséquence, l’EBITDA de la société au 4e trimestre devrait être supérieur à celui du 3e trimestre.

 

Télécharger le Corporate Credit Monthly Update complet (pdf, 4 pages, en français)

Date de rédaction : 10/11/2022