Une fois de plus, l’avenir de la dette publique est revenu ce mois-ci sur le devant de la scène. Il faut dire qu’en gagnant 20 points de PIB en l’espace d’un an en France et au moins 30 points en Italie, il y a de quoi se poser la question.

Par Christophe Lhote, Senior Advisor

 

Première réaction du grand public, elle ne sera jamais remboursée. Ce que les dirigeants politiques s’empressent immédiatement de démentir puisque toute idée contraire serait dévastatrice pour son refinancement et conduirait à la faillite immédiate. Et quand on sait que votre caisse de retraite en est gavée … Sans compter les coffres de la BNS … ce serait très efficace pour affaiblir un franc suisse trop cher!

Non, le sujet le plus intéressant ce mois-ci, c’est l’appel lancé aux institutions européennes par plus de 100 économistes pour demander l’annulation des 3’700 milliards d’euros «détenus à des fins de politique monétaire» par la Banque Centrale Européenne (et financée sur son bilan, au passif bien sûr !), un montant qui représente quand même près de 25% de la dette des Etats. Une mesure aussitôt jugée «inenvisageable» par Christine Lagarde pour qui annuler la dette serait «une violation du traité européen qui interdit strictement le financement monétaire des Etats».

C’est exact, la BCE n’achète pas les emprunts d’Etats à l’émission, mais … dès le lendemain sur la marché secondaire (en laissant au passage une petite commission aux établissements de crédit pour service rendu). Si le tour de passe-passe mis en place par Mario Draghi ne viole pas le traité européen, on n’en est quand même pas bien loin; alors annuler la dette ne constituerait pas un grand pas en avant plaident les économistes. C’est non pour le moment, mais l’idée est là et va faire son chemin. Car si Christine Lagarde compte sur une reprise soutenue et créatrice d’emplois dès cette année, elle est bien seule à penser que cela sera suffisant pour inverser la tendance.

En attendant, le montant de la facture Covid-19 pour l’ensemble de l’année 2020 commence à se révéler: ce sera -8.3% de PIB pour la France (-193.8 bn, dont -86.1 bn de consommation des ménages), et -9.9% pour le UK.

Autre sujet qui commence à faire parler de lui: l’inflation. Car les matières premières sont au plus haut, et comment expliquer que, malgré le télétravail et les trois quarts des avions cloués au sol, le pétrole soit revenu à 63 dollars (WTI) alors qu’il ne valait plus rien en avril dernier? A combien va-t-il monter lorsque la reprise (et donc la demande) sera là? Et si l’inflation revient, il en sera fini des dettes gratuites …