Après le recul marqué des marchés mondiaux des actions, il est important de réévaluer le cas des actions japonaises au sein des marchés développés.

Par Rupert Kimber, Fund Manager et Ray Hirsch, Senior Investment Analyst
Gérants du fonds Tiburon Funds plc – Tiburon Taiko Fund

Rupert Kimber

Pour résumer, les marges des entreprises continuent à s’améliorer grâce à des restructurations continuelles, la génération de cash-flow est forte, les bilans sont solides et souvent exempts de dettes et les évaluations sont très basses. A l’avenir, les actionnaires vont ainsi progressivement obtenir des rendements toujours meilleurs. L’exemple suivant, fourni par John Seagrim de CLSA, le démontre en quelques mots.

Depuis le 1er janvier 2013, Caterpillar a effectué USD 8 milliards de rachats d’actions et a versé USD 9 milliards en dividendes. Sur 5 ½ ans, cela donne une restitution aux actionnaires de USD 17 milliards, soit 133% des USD 12.8 milliards de bénéfices nets engrangés par Caterpillar sur la même période. La différence entre ce qu’ils ont gagné et ce qu’ils ont payé se trouve (ou plutôt se perd) évidemment dans le bilan. Depuis 2013, la valeur des actifs tangibles de Caterpillar a ainsi chuté de USD 4 milliards pour atteindre USD 6.5 milliards, soit aujourd’hui à peine un douzième des USD 76.5 milliards de capitalisation boursière de Caterpillar.

Ray Hirsch

De l’autre côté, depuis le 1er avril 2013, Komatsu a généré USD 7.5 milliards de bénéfice net mais n’a effectué que USD 270 millions de rachat d’actions et n’a versé que USD 2.93 milliards en dividendes, c’est-à-dire une restitution aux actionnaires de USD 3.2 milliards sur 5 ¼ ans, soit seulement 43% des bénéfices nets. Le résultat, c’est que Komatsu possède actuellement USD 12.3 milliards d’actifs tangibles, ce qui équivaut à la moitié de sa capitalisation boursière.

Imaginez seulement si Komatsu pensait qu’elle pourrait se contenter de seulement la moitié de ces actifs tangibles (même sans aller jusqu’au ratio cours/valeur comptable extrême de Caterpillar de 12x), alors Komatsu aurait plus de USD 6 milliards, soit 25% de sa capitalisation boursière, à consacrer à un rachat d’actions! C’est peut-être à cela qu’ils pensent actuellement, ou peut-être pas. Mais en revanche, je sais ce que Caterpillar pens : ils pensent «Si seulement nous avions encore un bilan comme celui de Komatsu»… Malheureusement Caterpillar, comme le reste de l’Amérique non financière, est virtuellement à court d’actifs tangibles et n’a ainsi plus la possibilité de soutenir son cours en bourse avec des rachats d’actions injustifiés.

Komatsu, qui génère des marges opérationnelles supérieures à 11% et un rendement de 3.3%, se traite à 12x les bénéfices et 2x les actifs tangibles. Caterpillar, qui génère des marges opérationnelles à un chiffre et donne un rendement de 2.9%, se traite à 11x les bénéfices et à un ratio inquiétant de 12x les actifs tangibles.

Je sais lequel des deux je préfèrerais acheter. Et vous?