Les graphes macroéconomiques sélectionnés et commentés par Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

US : baisse de la productivité

US: productivité du travail

L’amélioration espérée de la productivité du travail aux US ne se manifeste toujours pas. Au T3, elle a baissé de 0,3%, là où une croissance de 0,9% était attendue. Il est vrai toutefois que les données trimestrielles sont très volatiles et peu significatives. En outre, un nombre important d’heures travaillées par les indépendants ont été déclarées sur le trimestre, ce qui a tiré la productivité à la baisse. Il reste que, sur plus longue période, on observe au mieux une stabilisation de la productivité, à un niveau historiquement bas, et ce malgré les promesses des nouvelles technologies, intelligence artificielle en tête. La stagnation de la productivité, couplée à une croissance assez robuste de salaires est bien sûr une mauvaise nouvelle pour les profits.

US : rebond de l’ISM non-manufacturing

ISM non-manufacturing

Une question centrale dans l’analyse du contexte économique est l’évaluation de la contagion que le ralentissement manufacturier pourrait avoir sur les services, qui représente une part majoritaire. La publication en hausse de l’ISM nonmanufacturing de 54,6 à 54,7 en octobre apporte à cet égard un élément plutôt rassurant. Il faut noter que cet indicateur n’est jamais passé sous la barre des 50 depuis la grande crise et que la baisse de cette année était donc inquiétante. La composante emploi s’est particulièrement bien tenue, ce qui suggère que la consommation, qui a amorti jusqu’ici les chocs négatifs du commerce extérieur et de l’investissement, joue encore ce rôle aujourd’hui.

Allemagne : nouvelle baisse de la production industrielle

Allemagne : production industrielle et manufacturière

Publiée à -0,6% en septembre, la production industrielle allemande continue sa descente aux enfers. Les niveaux actuels sont désormais comparables à ceux de 2016, avec des rythmes de baisse depuis le point haut de 2018 de l’ordre de 5%/a. Sur le mois, la baisse de la composante manufacturière est encore plus marquée, en raison des gains enregistrés sur l’énergie (+1,6%) et la construction (+1,8%). La plupart des composants sont touchés notamment l’automobile (-0,9%), qui reperd une partie des gains enregistrés en août. Heureusement, la publication des commandes apporte une touche d’optimisme, avec +1,3% m/m publié, un niveau qui peut faire espérer que le retournement est proche.

Net redressement de la valorisation des actions

Prime de risque action (taux d’earnings contre inflation)

Selon la mesure de prime de risque que nous privilégions, l’écart entre le taux d’earnings et le swap d’inflation à long-terme, la valorisation des actions européennes apparait au plus haut depuis 2018, qu’on la considère en absolu ou relativement à sa moyenne trois ans (courbe en pointillés). Cette situation se justifie bien sûr par les nouvelles politiques, sur le Brexit et surtout sur la guerre commerciale, qui soutiennent l’appétit pour le risque. Les évolutions bénéficiaires, en revanche, ne justifient pas cette euphorie, avec des profits qui baissent en glissement annuel. Les marchés parient donc sur leur rebond, à la faveur d’une reprise de la conjoncture. Ce rebond pourrait toutefois être bridé par la hausse des taux et celle des salaires.

 

Sources : Ellipsis AM, Bloomberg, Eurostat