Entretien avec Pascal Riégis, gérant de ODDO BHF Avenir Europe, un fonds d'actions européennes à moyenne capitalisation.

1 – Quelle est votre stratégie?

Pascal Riégis : ODDO BHF Avenir Europe est un fonds d’actions européennes à moyenne capitalisation. Je le gère avec la même équipe et avec le même processus d’investissement depuis 2003. Le fonds dispose de 2,9 milliards d’euros d’actifs sous gestion (au 30.08.2019) et compte plus de 6 milliards d’euros sur les différents fonds communs de placement et mandats autour de cette stratégie.

En termes de philosophie d’investissement, nous avons une approche purement fondamentale, sans biais de style ni pari macro-économique: nous nous concentrons sur une analyse fondamentale approfondie. Il s’agit d’un fonds de convictions avec un portefeuille d’environ 40 à 50 actions que nous considérons comme les grandes entreprises de demain. Notre processus d’investissement est centré sur la recherche de créateurs de valeur sur l’ensemble du cycle : croissance autofinancée, rentabilité préservée et autofinancement même en période de récession. Un de nos critères de sélection est la recherche d’entreprises d’envergure internationale avec une exposition géographique diversifiée.

Enfin, notre stratégie intègre des critères ESG stricts dans son processus d’investissement, basés sur un modèle d’analyse propriétaire ODDO BHF AM (exclusions sectorielles, intégration ESG dans le processus de construction du portefeuille et dialogue et engagement avec les sociétés investies).

2 – Pourquoi vous concentrez-vous sur l’Europe mid-small cap?

Pascal Riégis : Tout d’abord, nous voulons mettre l’accent sur le fait que nous nous concentrons sur l’analyse fondamentale – nous essayons d’identifier les entreprises européennes les plus prometteuses et il se trouve que les meilleures opportunités que nous identifions sont des entreprises de capitalisation moyenne (selon notre analyse). Nous n’avons pas d’opinion précise sur le segment de marché qui surperformera ou non, juste des opinions sur des valeurs.

Les valeurs moyennes présentent un potentiel de croissance similaire à celui que l’on trouve sur le marché des petites capitalisations, tout en ayant moins de risques car ces sociétés sont déjà structurées.

Cette première considération mise à part, nous pensons que l’univers européen des valeurs moyennes offre des opportunités d’investissement pour plusieurs raisons. Ces valeurs présentent un potentiel de croissance similaire à celui que l’on trouve sur le marché des petites capitalisations, tout en ayant (relativement) moins de risques car ces sociétés sont déjà structurées. En effet, sur le marché des valeurs moyennes, on trouve des entreprises qui n’ont pas atteint leur plateau de croissance tout en ayant déjà établi leur business model et une gouvernance solide. De plus, notre univers d’investissement est profond sur le marché, avec environ 2000 valeurs (valeurs européennes de 150 à 10 milliards d’euros de capitalisation boursière pour les petites et moyennes valeurs).

Enfin, cette orientation est le résultat de notre philosophie d’investissement. Nous voulons accompagner l’expansion d’entreprises prometteuses en champions globaux. Par exemple, nous avons investi pour la première fois dans Safran, l’une de nos principales participations (5,9% du portefeuille au 30.08.2019), en février 2007, lorsque sa capitalisation boursière était inférieure à 10 milliards d’euros. La société a désormais une capitalisation boursière supérieure à 50 milliards d’euros. Cela illustre bien ce que nous essayons de faire avec ODDO BHF Avenir Europe: investir dans les grandes entreprises de demain.

3 – Quelle est votre principale exposition (classe d’actifs, secteurs, pays…) et pourquoi?

Pascal Riégis : Concernant les secteurs, au 30.08.2019, le fonds est principalement investi dans l’industrie (35,6%, +11,3% par rapport au MSCI EUROPE Smid), la santé (25,6%, +16,7%) et la technologie (10,2%, +4,4%). Le fonds est sous-pondéré dans les secteurs des services financiers (0,9 %, -20,9 %), des matériaux de base (0 %, -7,4 %) et des services publics (0 %, -3,8 %).

Ces pondérations sont relativement stables au fil des ans. Il y a une sous-pondération structurelle de métiers peu créateurs de valeur et/ou purement domestiques au profit d’une surpondération structurelle d’autres secteurs recelant davantage d’opportunités d’investissement

Sur les industriels par exemple, nous trouvons actuellement le secteur aéronautique potentiellement attractif, en particulier les constructeurs de composants moteurs comme MTU Aero Engines (l’un des meilleurs contributeurs du fonds cette année, représente 6,0% du portefeuille au 30.08.2019) et Safran. Tous deux comptent parmi les leaders mondiaux dans la conception et la fabrication de composants de moteurs pour l’industrie aéronautique. Leurs modèles économiques sont intéressants en raison de fortes barrières à l’entrée et d’une bonne visibilité dans leurs revenus (grâce aux activités de maintenance). Cette année, il y a eu un bon momentum sur ce sous-secteur. En effet, il y a une pénurie de nouveaux avions (retards dans les livraisons) sur le marché, poussant au maximum l’utilisation des anciens avions (surtout pour les avions Airbus, équipés par MTU et Safran), ce qui a fortement soutenu les activités de maintenance des deux sociétés précitées.

Les sociétés françaises sont très internationales et réalisent souvent une part mineure de leurs ventes sur le marché français.

Pour les pays, notre surpondération la plus importante est la France, avec une pondération de 34,3% (données à fin août 2019) dans le fonds (+23,2% par rapport au benchmark / données à fin août 2019). C’est une pure conséquence de la sélection de valeurs et cela signifie seulement que 34,3% des fonds sont actuellement investis dans des entreprises françaises. Il n’y a pas de vue macro derrière ce positionnement. Ce positionnement s’explique par le processus d’investissement, qui se concentre sur les entreprises créatrices de valeur à dimension internationale. Les sociétés françaises sont très internationales et réalisent souvent une part mineure de leurs ventes sur le marché français. Dans presque tous les secteurs, on trouve des entreprises françaises bien positionnées, souvent leaders sur leurs marchés, et disposant d’avantages concurrentiels (technologie, IP, réseau de distribution…). Nous sommes également aidés par une bonne connaissance de ces sociétés car nous les suivons depuis des années et nous rencontrons régulièrement leurs dirigeants.

Par exemple nous sommes investis sur Safran (5.9% du portefeuille à la fin aout), Alstom (5.8%), Michelin (5.3%), Ipsen (4.1%), Sodexo (3.6%), Ingenico (2.4%) et Biomerieux (2.2%).

4 – Pourquoi un investisseur devrait-il insérer ce produit dans son portefeuille?

Pascal Riégis : ODDO BHF Avenir Europe peutêtre considéré comme un fonds cœur de portefeuille pour un investisseur souhaitant investir dans des actions européennes. Grâce à notre stratégie, l’investisseur s’expose à des entreprises solides et en croissance qui sont parmi les leaders de leurs marchés respectifs et qui se développent dans le monde entier.

Le fonds est géré par une équipe dévouée et stable de professionnels qui travaillent ensemble depuis 2003. Nous sommes experts sur le marché européen des actions et nous avons noué de solides relations avec les équipes de direction des entreprises et les analystes de marché.

J’insiste également là-dessus, mais c’est essentiel: il n’y a pas de biais de style, ni de pari macro-économique. Par conséquent, nous pensons qu’il s’agit d’un produit pertinent pour les investisseurs à long terme qui ne veulent pas arbitrer souvent leurs positions en fonds par rapport aux évolutions à court terme du marché.

Enfin, la performance*. Nous avons prouvé que nous sommes capables de surperformer à long terme sur les marchés haussiers et baissiers. En 2018, nous avons perdu -12,8% contre -14,3% pour l’indice de référence et cette année nous sommes à +17,7% contre +15,0%. Depuis la reprise de la gestion en 2003, la performance d’ODDO BHF Avenir Europe (classe d’actions CI-EUR) s’établit à 11,9% contre 8,3% pour le MSCI Europe Smid EUR NR et le fonds a surperformé l’indice 10 ans sur 15 (date fin août 2019). Le fonds est exposé à un risque de perte en capital

 

*Le rendement passé n’est pas un indicateur fiable du rendement futur et n’est pas constant dans le temps.