Il nous est difficile de nous prononcer sur les développements possibles du conflit. Il faut cependant considérer l’éventualité d’une période longue de tensions très fortes, avec des sanctions punitives de l’Occident qui auront, en retour, des impacts négatifs multiples sur ses propres économies.

Par Nicolas Blanc, Responsable de l’allocation

 

Nicolas Blanc, Responsable de l’allocation, Ellipsis AMPar l’ampleur et la diversité des risques qu’elle entraîne, l’invasion de l’Ukraine par la Russie impose une réévaluation du contexte d’investissement.

Les exportations vers la Russie vont fortement diminuer. Celles-ci ne représentent cependant, pour l’Europe, qu’une faible fraction du commerce extérieur (4,1%), négligeable aux US (0,4%). L’effet sur la demande sera donc limité, à un moment où celle-ci est excédentaire. Une récession en Russie n’aura d’ailleurs qu’un impact global limité, sa part dans le PIB mondial n’étant que d’environ 3%.

La hausse des prix de l’énergie, déjà visible dès le début du conflit, va peser sur la demande des ménages et réduire la croissance européenne cette année. De nombreux paramètres sont inconnus (poursuite possible de la hausse des prix du pétrole et du gaz, mesures en retour de soutien public pour les ménages) mais il semble que cet effet négatif sera inférieur à 0,5 point, avec une contribution toutefois plus sensible pour l’Allemagne et l’Italie, particulièrement exposées au gaz russe.

Les tensions inflationnistes déjà omniprésentes seront également accentuées par la hausse des prix de l’énergie, réduisant d’autant la capacité de soutien des banques centrales.

Or, des mesures comme l’exclusion de SWIFT de certaines banques russes, la hausse des risques de crédit des acteurs concernés par les sanctions et la crainte d’une escalade militaire au-delà de la situation actuelle pourraient peser sur l’aversion au risque et entrainer un resserrement des conditions financières. Ceci, comme la récession de 2008 l’a montré, peut être l’effet le moins facile à estimer et le plus toxique pour la croissance.

Un développement positif qu’il faut enfin mentionner est la cohésion qui ressort de l’attitude occidentale. L’Allemagne, traditionnellement réservée vis-à-vis de la Russie, a radicalement changé sa position. On peut donc espérer moins de contraintes fiscales et monétaires en Europe si le besoin d’un soutien rapide se faisait sentir.

Le conflit ouvre donc – c’est une évidence – une période d’incertitudes élevées. Cet environnement suggère bien sûr une plus grande prudence mais également une vigilance particulière sur les valorisations, qui pourraient offrir sporadiquement des points d’entrée attractifs.

 

Inflation 2 ans US, toujours transitoire après le conflit russo-ukrainien?
Inflation 2 ans US, toujours transitoire après le conflit russo-ukrainien?

 

Source : Ellipsis AM, Bloomberg, 28/02/2022