La perspective d’un fort rebond économique dès le second semestre s’est précisée au cours du mois, et ce alors même que la pandémie connaissait des résurgences inquiétantes dans plusieurs zones, entrainant le retour de mesures restrictives.

Par Nicolas Blanc, Responsable de l’allocation

 

ELLIPSIS - Nicolas BlancLes indicateurs avancés – particulièrement ceux représentatifs de l’activité manufacturière – ont été publiés à des niveaux record: 62,5 pour les PMI de la zone euro et 64,7 aux US. Cet optimisme a résulté d’une conjonction très favorable de facteurs:

  • l’économie mondiale a mieux résisté aux restrictions sanitaires qu’on avait pu le craindre,
  • la réponse budgétaire à la crise, particulièrement aux US, a été d’une ampleur inégalée, avec la mise en place du plan de relance de Joe Biden,
  • le contexte monétaire reste ultra-accommodant,
  • les ménages ont accumulé une épargne importante, qui viendra soutenir la demande lors de la levée des restrictions sanitaires et
  • la campagne vaccinale progresse rapidement, de sorte que la réouverture complète des économies émergées devrait avoir lieu d’ici l’été.

Ce climat d’accélération alimente les craintes de démarrage d’un cycle inflationniste, ce qui rendrait nécessaire une intervention monétaire et mettrait en péril les valorisations élevées des actifs. Pour l’heure cependant, les banques centrales écartent ce scénario et maintiennent une «guidance» longue et très accommodante, en insistant sur les faiblesses résiduelles de la conjoncture et sur le caractère transitoire des pressions observées sur les prix. On notera également que les données réelles (et donc retardées) sont toujours modérées et que les anticipations de marché, qui ont récemment progressé rapidement, n’indiquent pas de surchauffe. Enfin, le mouvement ascendant des prix des matières premières s’est interrompu au mois de mars.

ELLIPSIS - PMI composite global mars 2021
PMI composite global

Dans ce contexte globalement très positif, on observe une divergence entre les économies émergées, qui ont bien avancé leur programme vaccinal et qui peuvent financer des politiques de soutien public, et certaines économies émergentes qui subissent une forte reprise des infections et dont les financements extérieurs sont fragilisés par la hausse du dollar. Si la situation parait aujourd’hui sous contrôle, tout resserrement des conditions financières aux US serait un facteur important de déstabilisation. La Chine, enfin, demeure très avancée dans le cycle par rapport au reste du monde. Sa gestion de la pandémie a été très efficace et son rattrapage économique est déjà passé. Elle se concentre désormais sur la normalisation de ses politiques publiques, avec l’idée de préserver à long-terme sa stabilité financière, ce qui a pour effet de ralentir ses perspectives de croissance.

 

Source : Ellipsis AM , Bloomberg, IBES, 06/04/2021