À une époque marquée par la volatilité des marchés mondiaux, des régimes de taux changeants et une incertitude géopolitique croissante, les investisseurs institutionnels se tournent de plus en plus vers des instruments obligataires sûrs, liquides et résilients. Les obligations sécurisées – une classe d’actifs forte d’une stabilité éprouvée depuis 200 ans, mais encore relativement peu visible à l’échelle internationale – attirent ainsi un regain d’attention.
Henrik Stille, responsable de l’équipe Fixed Income Rates chez Nordea Asset Management et lauréat du prix «Covered Bond Investor of the Year» décerné par Global Capital (GC), explique pourquoi ce marché attire de plus en plus de capitaux sophistiqués en quête d’alternatives à la dette souveraine et au crédit d’entreprise.
En tant que «Covered Bond Investor of the Year» de Global Capital, qu’est-ce qui distingue votre stratégie d’investissement de celle des autres acteurs du marché?
Henrik Stille : Nordea Asset Management est l’un des principaux acteurs du marché des obligations sécurisées en Europe, avec près de 40 milliards d’euros investis dans cette classe d’actifs[1]. Notre équipe Fixed Income Rates possède en moyenne 20 ans d’expérience et collabore depuis 15 ans – une continuité qui nous permet une compréhension approfondie des subtilités du marché.
Notre gamme de produits s’étend des solutions long-only classiques aux stratégies à faible risque de taux, voire sans risque de taux, ainsi qu’aux approches absolute return avec différents budgets de risque. Les obligations sécurisées constituent également un pilier essentiel de nombre de nos solutions multi-actifs.
Bien que réputées sûres et fortement régulées, les obligations sécurisées sont souvent perçues comme statiques, ce qui pousse de nombreux investisseurs vers une gestion passive. C’est une erreur d’appréciation. Le marché est structurellement inefficace: primes de rendement offertes par de nouveaux émetteurs, méthodologies des agences de notation qui ne reflètent pas pleinement les dynamiques de crédit de certains établissements, etc.
Ces inefficiences créent des opportunités pour les gestionnaires actifs expérimentés. Chez Nordea, nous privilégions une approche relative value entre juridictions et structures – y compris hors zone euro – tout en couvrant intégralement le risque de change. Notre capacité à exploiter les asymétries de notation et les dislocations techniques nous a permis de générer régulièrement de l’alpha dans cet univers.
Comment les obligations sécurisées se comparent-elles aux obligations d’État ou au crédit d’entreprise dans l’environnement actuel?
Henrik Stille : Pour de nombreux émetteurs souverains, la qualité de crédit s’est détériorée ces dernières années, en raison d’investissements massifs dans la défense et les infrastructures sur fond de croissance faible. Cela a entraîné d’importants déficits budgétaires, une hausse des ratios dette/PIB et un besoin de financement considérable sur les marchés obligataires souverains. Du point de vue du risque de crédit, cela rend les obligations sécurisées encore plus attractives que les obligations d’État.
En parallèle, les perspectives d’émission d’obligations sécurisées – qu’il s’agisse de l’offre nette ou brute – sont en baisse : la demande de crédit des emprunteurs reste faible et les dépôts bancaires demeurent stables, voire en croissance. Le crédit d’entreprise a récemment bien performé, mais les spreads par rapport aux obligations sécurisées se situent près de leurs plus bas historiques.
Les obligations sécurisées bénéficient aussi de protections réglementaires uniques. Dans le cadre de la directive européenne sur la résolution bancaire, elles sont exemptées des mesures de bail-in, contrairement à la dette bancaire non garantie. Cela les rend particulièrement attrayantes pour les institutions réglementées à la recherche de résilience bilancielle.
En termes de volatilité, elles offrent une trajectoire plus régulière que le crédit d’entreprise. Les spreads réagissent certes au sentiment de marché, mais bien moins fortement en période de stress. Et par rapport aux obligations souveraines de même notation et échéance, elles offrent fréquemment une prime de rendement – renforçant le potentiel de performance à long terme sans accroître le risque de crédit.[2]
Pris dans leur ensemble – qualité de crédit, dynamique de l’offre et niveaux de spread – nous considérons que l’environnement actuel est particulièrement favorable aux obligations sécurisées.
Compte tenu de la récente volatilité des taux – comme la flambée des rendements des Treasuries américains après l’instauration de droits de douane – comment les investisseurs ont-ils réagi?
Henrik Stille : Lorsque les taux se réajustent brutalement, même des valeurs refuges traditionnelles comme les Treasuries américains peuvent sembler vulnérables. Les investisseurs se trouvent alors face à un dilemme: éviter le risque mais perdre en rendement, ou rester exposés à des actifs qui paraissent soudain moins sûrs.
Dans ce contexte, les obligations sécurisées offrent une alternative convaincante. Moins connues hors d’Europe, elles existent pourtant depuis plus de deux siècles – sans aucun défaut enregistré. Leur double recours – à la fois sur la banque émettrice et sur un portefeuille de couverture surcollatéralisé – constitue une protection incomparable dans de nombreux autres segments obligataires.
Le marché des obligations sécurisées présente-t-il des inefficiences ou opportunités dont les investisseurs peuvent tirer parti?
Henrik Stille : Absolument. Exemple classique : il arrive que des obligations sécurisées se négocient avec des rendements supérieurs à ceux des obligations d’État du même pays – tout en présentant un profil de crédit plus solide. Les obligations sécurisées italiennes, par exemple, peuvent offrir davantage que la dette souveraine, bien qu’elles bénéficient d’un double recours et souvent de meilleures notations.
En tant que gestionnaire d’actifs, nous ne sommes pas contraints par des facteurs de pondération du risque, et notre univers d’investissement se concentre sur les obligations sécurisées libellées en devises du G10. De nombreuses opportunités en relative value apparaissent hors zone euro, où les banques émettrices disposent souvent d’une qualité de crédit encore plus élevée. Leurs obligations sécurisées sont généralement plus attractives par rapport aux obligations d’État locales et à la dette senior de l’émetteur.
Si l’on élargit la perspective – comment la dynamique de l’offre et la politique des banques centrales influencent-elles les perspectives des obligations sécurisées?
Henrik Stille : Actuellement, l’offre se contracte. Les gouvernements émettent davantage de dette pour financer leurs dépenses, mais les banques réduisent leurs émissions d’obligations sécurisées en raison du ralentissement de la production hypothécaire en Europe. Cette baisse de l’offre, combinée à une forte demande d’actifs de haute qualité, crée un environnement technique favorable.
Parallèlement, le désengagement du bilan de la BCE touche de manière disproportionnée les obligations souveraines. Le remboursement des titres souverains détenus par la BCE exerce une pression haussière sur les rendements, tandis que la réduction des obligations sécurisées est plus progressive. Cette divergence renforce la stabilité relative et l’attractivité des obligations sécurisées.
Enfin, quel est l’argument stratégique en faveur des obligations sécurisées dans un portefeuille mondial?
Henrik Stille : Elles doivent être considérées à la fois comme une allocation tactique et stratégique. À court terme, elles jouent un rôle de refuge, même lorsque les Treasuries paraissent fragilisés. À long terme, elles offrent des avantages constants en termes de rendement, de diversification, de volatilité réduite et de protection contre l’instabilité politique ou budgétaire.2
Les obligations sécurisées ancrent les portefeuilles avec un niveau de sécurité comparable à celui de la dette souveraine, tout en générant discrètement de la valeur grâce aux spreads et aux inefficiences structurelles. Dans un environnement marqué par l’incertitude, rares sont les actifs qui offrent une combinaison aussi convaincante de résilience, de liquidité et de potentiel de rendement.
[1] Nordea Asset Management, au 31.08.2025
[2] Il ne peut être garanti qu’un objectif d’investissement, un rendement cible ou les résultats d’une structure d’investissement soient atteints. La valeur d’un investissement peut varier à la hausse comme à la baisse, et l’investisseur peut perdre tout ou partie du capital investi.
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Publié par Nordea Asset Management, septembre 2025