En astrophysique, on appelle «point de Lagrange» la position exacte de l’espace où les champs de gravité de deux corps célestes, l’un en orbite autour de l’autre, sont de force identique. Autrement dit, c’est un point de l’espace où des corps, des objets célestes, peuvent demeurer en équilibre durable. La situation actuelle des marchés ressemble à cette particularité astrophysique. Depuis deux semaines, ils évoluent au gré d’une alternance de séances haussières et baissières, dans un canal horizontal, dans lequel des forces contraires les maintiennent à court et à moyen terme.

Olivier de Berranger, CIO, LFDE

A court terme, les investisseurs sont partagés entre l’optimisme suscité par les dernières publications économiques et la crainte d’une reprise forte de la pandémie, notamment aux Etats-Unis. L’ISM Manufacturier, qui a bondi de 43,1 à 52,6, le PMI Services chinois, passé de 55,0 à 58,4 alors qu’il était attendu en baisse, ou encore la robustesse du rapport sur l’emploi américain, avec des créations d’emploi nettement supérieures aux attentes et un taux de chômage en baisse… sont autant de données encourageantes, qui s’ajoutent aux bons chiffres de PMI européens publiés la semaine précédente et qui alimentent l’espoir d’une reprise en V.

Parallèlement toutefois, la situation sanitaire inquiète. De nombreux pays émergents, comme l’Inde, le Brésil et le Mexique, peinent à endiguer la pandémie, et les cas repartent à la hausse dans des pays jusque-là peu touchés comme le Japon ou l’Australie. Mais c’est surtout la situation américaine qui cristallise les attentions. Avec 53’000 nouvelles contaminations jeudi, un nouveau record a été atteint et les hospitalisations augmentent dans des foyers majeurs comme Houston ou Phoenix. D’après Anthony Fauci, médecin en charge de la cellule de crise à la Maison Blanche, la pandémie est de nouveau «hors de contrôle» aux Etats-Unis. Cela conduit certains Etats à suspendre le déconfinement. Après le Texas, la Californie vient d’annoncer une nouvelle fermeture des bars, restaurants et cinémas. Le spectre d’un re-confinement plus massif plane sur les Etats du sud du pays, notamment la Floride et l’Arizona où les chiffres sont particulièrement inquiétants.

Sur un horizon plus lointain, on retrouve la même dualité entre perspectives encourageantes et crainte de nouvelles difficultés. Sur le front de l’espoir, on notera la validation du projet de plan de relance européen, qui pourrait intervenir dès le sommet des 17 et 18 juillet, un second plan de relance aux Etats-Unis de 1000 milliards de dollars espéré d’ici la fin du mois, ou encore les avancées récentes des recherches sur un vaccin contre la Covid-19, avec des résultats positifs obtenus par Pfizer et BioNTech lors de leurs premiers essais sur l’homme.

Au rayon des craintes, la politique et la géopolitique dominent. Les présidentielles américaines généreront certainement de la volatilité, due notamment à la perspective de hausse de la fiscalité en cas d’élection de Joe Biden. Le retour des tensions sino-américaines n’est pas non plus à exclure, et l’application autoritaire de la loi de sécurité décidée par la Chine à l’égard de Hong-Kong pourrait servir de prétexte à de nouvelles rivalités. Enfin, le dernier trimestre pourrait voir se matérialiser les stigmates durables de la crise, entre faillites d’entreprises et plans de licenciement que le soutien des Etats ne saurait totalement éviter.

Tant que les forces gravitationnelles de ces différents éléments s’équilibreront, il y a fort à parier que les marchés continueront à faire du surplace. L’expérience nous enseigne néanmoins que rares sont les étés calmes sur les marchés. Reste à savoir de quel côté penchera la balance.

 

Rédaction achevée le 03.07.2020

 


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