La période de Pâques est celle des résurgences: Résurrection pour les chrétiens, retour de printemps pour les habitants de l’hémisphère nord. Retour également, cette année, des valeurs refoulées par les investisseurs pendant le krach de mars, liées notamment au transport, à l’énergie ou au cycle économique en général. Ainsi, au 9 avril 2020, le secteur le plus dynamique depuis le début du mois est-il celui de l’énergie, suivi des matières premières et de l’immobilier, alors que la crise économique bat son plein, que le baril pétrole n’a regagné que quelques dollars depuis ses plus bas et que les centres commerciaux et les bureaux sont vides dans la plus grande partie du monde.

Olivier de Berranger

Irrationalité du monde boursier par rapport au monde économique? Pas seulement.

Tout d’abord, en Bourse comme ailleurs, les excès se compensent un jour, en partie. Quand des titres qui conservent une valeur indéniable ont drastiquement baissé, ils rebondissent systématiquement lorsque le sentiment des investisseurs est au plus bas. Il n’y a plus personne pour les vendre. Ils n’ont plus que trois types d’acheteurs potentiels: des investisseurs devant inverser leurs positions “vendeuses” pour diminuer leur risque ou honorer des rachats ; des investisseurs de très long terme, comme des fonds de pension, fonds souverains, etc.–ou de très court terme, comme des traders ou des fonds de gestion alternative fondés sur le renversement de tendance.

Il existe d’autres raisons, plus fondamentales. La semaine passée en particulier, les négociations au sein de l’OPEP “élargie” ont finalement abouti à une diminution volontaire de la production de pétrole, dans l’objectif de soutenir le prix du baril. Cette diminution n’est pas à la hauteur de la réduction réelle de la demande, mais elle permet de limiter un peu le déséquilibre.

Ce soutien nuit certes au consommateur final, mais préserve la viabilité des entreprises pétrolières, qui restent essentielles à l’économie puisqu’elles fournissent de l’emploi, des revenus, des investissements et de la valeur stratégique pour les Etats.

Enfin, il y a des raisons de plus long terme. Les gigantesques plans de soutien à l’économie visent à préserver autant que possible la confiance des acteurs économiques dans le système afin d’éviter la spirale de la défiance. Les valeurs les plus risquées en profitent logiquement. Et la volatilité baisse.

Ce retour positif s’accompagne symétriquement d’un autre refoulement, c’est-à-dire une angoisse que l’on peine à affronter : l’incertitude qui demeure sur la durée du confinement pour l’année à venir. En raison des annonces récentes de quelques pays, dont la France, on pourrait entretenir l’espoir qu’un déconfinement généralisé est en vue à l’échéance de quelques semaines. Hélas, rien n’assure qu’il sera effectif. Ni surtout définitif. Non seulement il sera très graduel, mais il pourra connaître des renversements. Une partie de l’Asie semble subir une seconde vague de contamination, et de nombreuses parties du monde émergent n’en sont encore qu’au début. On ne sait ce que réserve l’hiver austral, ni l’automne prochain dans nos régions. Bref, nul ne sait si une grande partie du monde ne sera pas de nouveau confinée dans trois ou six mois.

Sur le plan boursier, rien n’est donc acquis. Les autorités budgétaires ont certes parfaitement répondu à l’urgence, mais le retour du second refoulé, portant sur la durée incertaine du confinement, reste possible. S’il est légitime de retrouver une dose de confiance, le soutien des Etats semblant inépuisable, il l’est tout autant de rester mobile et vigilant à court terme.

 

Rédaction achevée le 14.04.2020


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