Cette semaine, les Démocrates, majoritaires à la Chambre, ont mis en accusation le président Trump pour abus de pouvoir et obstruction. Les Républicains, majoritaires au sénat, l’acquitteront d’ici peu. Presque tout le monde a voté selon la ligne de son parti. Bleus contre Rouges. La "tribalisation" politique a ainsi franchi un nouveau pic. Trump se présentera à sa réélection en ayant été inculpé mais non démis. Rien n’assure que cela lui nuise. D’ores et déjà, cela contribue au fundraising chez les Républicains. De plus, le président a le soutien total de son parti, l’économie est robuste, il a rempli nombre de ses promesses.

Focus US par Bruno Cavalier, Chef Economiste et Fabien Bossy, Economiste

 

US : degré de polarisation partisane

Donald Trump suscite l’adulation chez ses partisans et le rejet absolu chez les autres. Il n’y a pas de juste milieu. Selon un sondage WSJ/NBC News Polls paru cette semaine, 91% des sondés se disant Républicain approuvent le président mais ils ne sont que 6% chez ceux qui se disent Démocrate. La polarisation partisane, phénomène qui croît depuis les années 1980, a atteint un degré inédit (graphe). L’inculpation (impeachment) du président par un vote de la Chambre cette semaine (230 v 197) et son acquittement certain par le Sénat, sans doute en janvier, en sont la plus pure illustration. C’est dans ce contexte que vont se dérouler les élections de 2020.

Il est hasardeux de prédire le résultat d’une élection quand on ne connaît qu’un seul des candidats, et quel candidat! Quelques règles de bon sens permettent d’apprécier le résultat. Elles ont été formalisées par le politologue Allan Lichtman dans son ouvrage The Keys to the White House. Il y a treize critères. Selon son modèle, si le parti au pouvoir en remplit au moins 8, la victoire est assurée. Le candidat/président Trump coche déjà sept cases.

  1. Il est président en exercice.
  2. Il n’a pas d’opposant dans son parti.
  3. Il n’y a pas de candidat sérieux d’un troisième parti.
  4. L’économie ne sera pas en récession durant la campagne.
  5. La croissance sous son mandat a dépassé (de peu) celle de son prédécesseur.
  6. Il a réalisé au moins une réforme importante (la réforme fiscale).
  7. Il n’y a pas eu de mouvements sociaux majeurs durant son mandat.

US : popularité de Donald Trump

Un 8ème critère n’est pas rempli: son parti a perdu la majorité à la Chambre lors des élections de mi-mandat. Aux cinq dernières questions, la réponse est plus ouverte. Y at- il eu des scandales majeurs? Trump a-t-il subi un échec en politique étrangère? A-t-il remporté une victoire significative? Le président est-il charismatique? Son opposant le sera-t-il? En somme, l’élection s’annonce comme un référendum sur la personnalité de ce président hors-normes. Du fait de la polarisation extrême, les sondages de popularité sont très stables depuis deux ans (graphe). Et comme en 2016, l’issue de l’élection risque de se jouer sur le résultat de quelques swing states.

 

A suivre début 2020

Après la période des fêtes, les principales statistiques seront l’enquête ISM dans le secteur manufacturier (le 3 janvier) et le rapport mensuel sur le marché du travail (le 10).

 

Sources : Pew Research Center, WSJ/NBC, 538, Oddo BHF Securities