Après le «great repricing» de 2022, soit la pire année jamais enregistrée pour les obligations, le crédit aux entreprises est-il prêt à décoller?

Par Mondher Bettaieb Loriot, Head of Corporate Bonds, Portfolio Manager et Christian Hantel, Portfolio Manager

 

En bref

  • Les investisseurs institutionnels se tournent désormais vers le crédit aux entreprises Investment Grade pour revenir sur le marché des obligations.
  • Investir dans le crédit aux entreprises de première qualité, c’est investir dans des entreprises en bonne position pour faire face à une éventuelle récession.
  • Nous restons très optimistes concernant nos marchés Investment Grade dans l’espace européen et aux États-Unis, alors que la volatilité des taux s’atténue.

Mondher Bettaieb Loriot

Après avoir snobé les obligations une grande partie de l’année dernière, les investisseurs institutionnels se tournent désormais vers le crédit aux entreprises Investment Grade, après les turbulences de l’année dernière et alors que les banques centrales semblent s’approcher de la ligne d’arrivée en termes de hausses de taux. Cela devrait se traduire par une volatilité plus faible des taux et une plus grande stabilité des spreads de crédit.

Les flux vers les fonds d’obligations d’entreprises Investment Grade ont totalisé 19 milliards USD entre le début de l’année et la troisième semaine de février, selon l’EPFR, l’observateur des flux de fonds.

Investir dans le crédit aux entreprises de première qualité, c’est investir dans des entreprises en bonne position pour faire face à une éventuelle récession – même en notant le regain récent de dynamisme de la croissance économique grâce à la forte réduction des prix du gaz et à la réouverture de la Chine depuis Noël.

Christian Hantel

En outre, depuis la survenue de la pandémie de Covid-19 en 2020, les entreprises ont renforcé leurs bilans et sont donc en bien meilleure santé.

Le risque de récession diminuant, les spreads de crédit restent assez attrayants et pourraient encore se réduire d’environ 20 points de base en moyenne par rapport aux niveaux actuels. L’indice Euro Investment Grade se situe à 150 pb, tandis que l’indice Global Investment Grade affiche un niveau de 135 pb (à la fin février 2023 et sur la base des indices ICE Bank of America).

Le graphique ci-dessous utilise la figure du cockpit d’un avion pour montrer les trois moteurs des rendements obligataires pour les obligations d’entreprises européennes et mondiales, sur la base des indices de référence. Les taux n’ont pas été favorables pour nous en février, mais heureusement, le portage depuis le début de l’année reste très correct. À droite, le resserrement des spreads a été assez prononcé, aidant ainsi les rendements totaux à rester positifs.

2023.03.17.Cockpit

Les flux vers le crédit européen se poursuivront en 2023

Les flux vers les obligations Investment Grade de l’espace européen au début de l’année ont continué à soutenir l’inversion des tendances négatives qui ont provoqué l’effondrement du marché en 2022, et nous anticipons que ces tendances se poursuivent dans les mois à venir.

Si l’on examine le marché Investment Grade dans l’espace européen en février, on constate que la demande importante d’obligations d’entreprises s’est poursuivie sans relâche, resserrant encore les spreads, en dépit de la hausse des rendements des obligations d’État de référence. Selon nous, ces rendements n’augmenteront probablement pas beaucoup plus, car la politique de taux d’intérêt plus élevés porte généralement sur une période assez longue (c’est-à-dire deux à trois trimestres) avant de commencer à avoir un effet négatif sur les habitudes de consommation.

Le crédit à la consommation a fortement ralenti au quatrième trimestre 2022, selon la dernière enquête de la BCE sur les prêts, et devrait continuer à ralentir. Ce qui nous amène aussi à penser que la BCE est près de sa ligne d’arrivée.

Nous pensons que le niveau des liquidités à investir est sous-évalué, étant donné les rentrées régulières et le nombre plus élevé d’opportunités évoquées pour les comptes distincts potentiels. Une situation qui devrait perdurer, d’autant plus que, dans l’ensemble, le sentiment des investisseurs en matière d’argent réel semble toujours déprimé et que les investisseurs ne sont pas encore pleinement investis.

D’ici à ce que le décalage politique devienne plus clair, les investisseurs devraient utiliser davantage de leurs liquidités dans des obligations d’entreprises européennes Investment Grade, et nous voyons donc un potentiel élevé pour les entrées de liquidités. En février, nos émissions seniors les plus performantes concernaient l’immobilier, les services publics, les secteurs cycliques, ainsi que les services financiers – uniquement pour souligner l’attrait de notre marché dans l’espace européen.

La demande d’obligations mondiales de première qualité reste forte

Les obligations d’entreprises mondiales Investment Grade des marchés développés ont connu un début d’année 2023 phénoménal, les investisseurs ayant déversé des sommes record dans les obligations d’entreprises de première qualité.

En suivant de près l’évolution des flux, nous avons pu constater, jusqu’à présent, que la tendance reste forte. Et ce, malgré la volatilité de ces dernières semaines, alors que le sentiment du marché s’est refroidi face à la perspective d’un pivot imminent de la Réserve fédérale américaine.

Nous croyons que les investisseurs sont prêts à augmenter les risques dans leur allocation d’actifs. La bonne nouvelle est que les investisseurs en quête de rendement n’ont pas besoin d’aller jusqu’à l’extrême pour s’assurer des rendements décents. Cela pourrait expliquer la demande forte d’obligations de première qualité.

L’augmentation des rendements des obligations d’entreprises ces dernières semaines n’est pas une mauvaise nouvelle. Tout d’abord, le niveau d’entrée est devenu encore plus attrayant, ce qui pourrait intéresser ceux qui ont raté le rebond de début janvier. En outre, des rendements plus élevés se traduisent par un «portage» (c’est-à-dire un rendement courant) plus élevé, ce qui contribue à maintenir le niveau élevé de la composante revenu dans les investissements obligataires.

Trouver de la valeur dans le Crédit Monde noté triple B

Nous pensons que les investisseurs en crédit peuvent trouver une grande valeur et un revenu à rendement global élevé dans les obligations mondiales Investment Grade.

Notre position préférée dans les portefeuilles Investment Grade est le segment BBB, car les investisseurs ont tendance à obtenir une prime de risque attrayante, tout en sachant que les entreprises sont en général désireuses de maintenir leur notation ou de l’améliorer.

Une révision à la baisse de la catégorie Investment Grade vers celle du haut rendement s’accompagne généralement d’une augmentation significative des coûts de refinancement. Les entreprises ont tendance à éviter ce risque si possible et il nous incombe de nous assurer que nous n’arrivons pas dans une situation de crédit «des anges déchus». Il s’agit d’un risque dont les investisseurs doivent être conscients. Toutefois, nous ne constatons pas d’importantes activités de fusions et d’acquisitions, qui sont souvent à l’origine des révisions à la baisse des notations.

Qui plus est, la hausse des taux et des rendements ne constitue pas un risque majeur pour les entreprises de première qualité, étant donné que le ratio de «couverture des intérêts», c’est-à-dire la capacité à payer les coupons sur l’encours de la dette, n’a jamais été aussi élevé.

Il existe néanmoins d’autres risques qu’il convient de surveiller de près. Par exemple, avec l’amélioration de l’économie américaine et des dépenses de consommation qui restent fortes, la Fed pourrait s’engager à maintenir les taux d’intérêt à un niveau plus élevé plus longtemps.

Dans l’ensemble, nous restons très optimistes concernant nos marchés Investment Grade dans l’espace européen et aux États-Unis, alors que la volatilité des taux s’atténue et que les marchés ont déjà intégré les taux d’intérêt finaux élevés.

 


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