La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

Le Conseil de la BCE de cette semaine a confirmé que la banque envisageait, moins d’un an avant la fin du QE, d’augmenter à nouveau le degré d’accommodation monétaire dans la zone. Aucune décision concrète n’a été annoncée mais les éléments de langage étaient résolument dovish:

  • La dégradation de la situation économique et monétaire appelle une réaction forte, avec de nombreux risques externes et une inflation, tant réalisée qu’anticipée (marché et prévisionnistes confondus), nettement sous les objectifs.
  • L’objectif d’inflation doit être compris comme symétrique (ce qui indique le dimensionnement voulu des mesures, plus qu’une anticipation que l’inflation dépassera réellement les objectifs).
  • Une réflexion interne est engagée sur: -l’extension de la forward guidance, -des mesures permettant d’immuniser les banques des effets négatifs des taux très bas et -le dimensionnement et la composition d’un nouveau QE (permettant de contourner les contraintes posées par la clé de répartition et les ratios d’emprise), avec des décisions à prendre dès septembre.

Notons que la réaction des marchés à ces annonces dovish a été perturbée par une publication de fortes commandes biens durables aux US qui a créé une pression à la hausse sur les taux.

Brexit, saison 2

Au regard des ambitions du nouveau premier ministre anglais, le temps et les moyens dont il dispose semblent bien limités. Le départ de Mme May ne change en effet rien aux données du problème. Du côté de l’UE, les principes fondamentaux demeurent et l’irritation face aux britanniques augmente. Les concessions sont donc peu probables, même sur le sujet des délais (sauf, bien sûr, en cas d’élections ou de référendum). Au, UK, les rapports de force parlementaires n’ont pas changé, avec une très faible majorité pour le gouvernement et aucune en faveur d’une issue particulière. Les options possibles restent les mêmes, avec quelques évolutions de probabilités:

No-deal

La menace de M. Johnson de neutraliser les Communes avant l’échéance du 31 octobre, en vue de forcer le no-deal, a été déjouée, avec l’aide de 47 tories. Une poignée d’entre eux serait peut-être prête à faire tomber le gouvernement pour éviter le no-deal, si celui-ci était choisi par M. Johnson, entrainant probablement une élection générale. La probabilité du no-deal a toutefois clairement augmenté depuis le départ de Mme May.

Deal

Paradoxalement, un scénario envisageable pour Boris Johnson reste de réussir – en préparant activement le no-deal – à faire passer l’accord qu’il a si violemment critiqué, en le remaniant à la marge, et en forçant le soutien de parlementaires soucieux de conserver leur siège. La probabilité de ce cas de figure a diminué.

Elections

Si l’option précédente s’avérait toujours impossible, M. Johnson devra activement préparer les élections. Vu la faiblesse des intentions de vote en faveur des conservateurs, une alliance avec M. Farage semble difficilement contournable. Du côté des remainers, même si l’on peut s’attendre à une position plus claire du Labour, une alliance électorale avec les LibDem est impraticable politiquement. Notons qu’en cas d’élections, le délai sera mécaniquement repoussé, probablement jusqu’au début 2020.

Référendum (et possible no-Brexit)

Le scénario d’un nouveau référendum semble peu probable, vu les convictions affichées par le nouveau premier ministre. Il pourrait ressurgir en cas de défaite électorale des conservateurs.

Au global, avec le risque accru du no-deal, on doit s’attendre une possible résurgence à la rentrée des turbulences de marché liées au Brexit.