La capitalisation boursière des cryptoactifs à la fin mars a atteint 1.9 trillions de dollar, soit autant que le secteur bancaire américain, Apple ou Saudi Aramco. Voici un aperçu des 10 faits qui ont marqué ce secteur au 1er trimestre 2021.

Par Charles-Henry Monchau, CFA, CMT, CAIA – CIO de FlowBank

 

1. Surperformance massive du Bitcoin (BTC) et de l’éther (ETH)Charles-Henry Moncheau par rapport aux actifs traditionnels

La valeur boursière du Bitcoin a dépassé le milliard de dollars ce trimestre, une taille désormais incontournable pour les nombreuses institutions financières qui ont jusqu’alors choisi d’ignorer la principale cryptomonnaie.

Avec un gain de 100% au 1er trimestre, le Bitcoin (BTC) affiche une surperformance exceptionnelle par rapports aux classes d’actifs traditionnelles. A noter que la corrélation du Bitcoin avec l’or et le S&P 500 a fortement diminué alors que celle avec le dollar américain reste négative.

Mais si la performance du Bitcoin au 1er trimestre est époustouflante, l’Ether (ETC) fait encore mieux avec une progression de 162%. L’amélioration technologique grâce à Ethereum 2.0, le lancement de contrats à terme sur le CME, la frénésie autour des NFT (voir point 10), l’augmentation de l’activité sur les applications décentralisées et le «staking» (voir point 9) ont suscité un réel engouement des investisseurs pour l’Ether.

FLOWBANK Performances Cryptos vs Actifs Traditionnels
Performance au T1 de différentes classes d’actifs
source: Coindesk

2. De nombreux Altcoins font mieux que le Bitcoin et l’Ether

Comme l’indique le tableau ci-dessous, ADA Cardano est l’actif avec la meilleure performance au 1er trimestre (+ 579%).

FLOWBANK Performances Cryptos
Les crypto-monnaies les plus performantes au premier trimestre
source: Coindesk

La surperformance de nombreux Altcoins a pour conséquence de faire baisser le poids du Bitcoin dans l’univers cryptoactifs. Le Bitcoin représente désormais moins de 60% du marché. Par contre, sa part sur la base des volumes reste stable à 73%.

3. Forte hausse des volumes des contrats à terme et des options BTC

Le «open interest» sur les contrats à terme Bitcoin à la fin du premier trimestre était 350% plus élevé qu’il y a un an. Alors que les «open interest» sur l’or sont en baisse de -17% depuis le début de l’année, ils sont en hausse de +133% en ce qui concerne le Bitcoin.

Comme pour les contrats à terme sur BTC, les volumes de négociation d’options ont également atteint des sommets historiques au cours du premier trimestre.

FLOWBANK Futures BTC vs Gold
Futurs sur BTC vs Futurs sur l’or

4. Les «fondamentaux» du Bitcoin continuent de s’améliorer

En ce qui concerne l’équilibre offre vs. demande, nous notons que des «baleines» (individus ou entités qui détiennent de grandes quantités de Bitcoin) ne cessent de déplacer leurs Bitcoins des places de bourse crypto vers des portefeuilles «froids» (càd non connectés à la blockchain).

L’offre disponible continue donc de se tarir, entrainant un déséquilibre majeur: il reste environ 2,4 millions de Bitcoins sur les plateformes d’échanges pour faire face à la demande des institutionnels et épargnants particuliers, dont 46 millions de millionnaires.

Nous notons également que le nombre d’adresses ne cesse de croître, y compris les adresses détenant plus de 1,000 Bitcoins.

Autre indicateur clé à suivre sur le Bitcoin: le «hashrate» – qui fait référence à la puissance de calcul combinée totale qui est utilisée pour extraire et traiter les transactions sur une blockchain. Celui-ci a atteint des sommets à la fin du premier trimestre, tout comme les revenus des mineurs de Bitcoin (64 millions de dollars par jour à la fin mars). Les actions de sociétés minières telles que Mara ont vu leur cours de bourse multiplié par 5 depuis le début de l’année.

La consommation massive d’électricité des sociétés minières est de plus en plus critiquée, certains médias soulignant que le Bitcoin consomme plus d’électricité que l’Argentine.

5. Une demande institutionnelle qui reste soutenue

Microstrategy, une société de logiciels dirigée par Michael Saylor, continue d’accumuler des Bitcoins sur son bilan. Avec 91’579 Bitcoins à son actif, la valeur de l’investissement est estimée à 5,4 milliards de dollars.

De nouvelles sociétés leur emboitent le pas, et non des moindres. Fin février, Elon Musk a confirmé que Tesla avait acheté environ 1,5 milliard de dollars de Bitcoins en janvier et pourrait accepter la cryptomonnaie comme moyen de paiement dans un proche avenir. En Asie, le fabricant de smartphones Meitu a également investi une partie de son bilan dans des Bitcoins.

Le géant des paiements en ligne PayPal a annoncé qu’il permettrait aux utilisateurs de payer en Bitcoin (BTC) et d’autres cryptomonnaies lors des transactions auprès de divers fournisseurs.
Des institutions financières bien connues ont également annoncé leur intention de déployer des services de cryptographie. Goldman Sachs a annoncé la réouverture de son desk cryptomonnaies et son intention d’offrir des produits dédiés à ses clients privés. BlackRock a autorisé deux de ses plus grands fonds à investir dans des contrats à terme sur le Bitcoin.

BNY Mellon et Deutsche Bank vont offrir des services de garde sur les cryptomonnaies. Une poignée de banques privées européennes ont également commencé à s’intéresser au secteur, y compris en Suisse.

Les sociétés d’infrastructure du marché de la cryptomonnaie ont réalisé des levées de fonds impressionnantes et ont annoncé leur prochaine entrée en bourse. Parmi elles, la société d’échange de cryptomonnaies Coinbase qui devrait faire son entrée à Wall Street le 14 avril via une cotation directe. La valeur de l’entreprise est estimée à 90 milliards de dollars sur les marchés privés.

6. Les investisseurs particuliers ont désormais la main

FLOWBANK Retail vs Instit BTC Flows
Flux de Bitcoins de détail vs institutionnels
source: Coindesk, JP Morgan

Alors que la demande émanant des investisseurs institutionnels reste soutenue, ce sont les investisseurs particuliers qui sont à l’origine des flux les plus importants au premier trimestre. Il s’agit d’un renversement de tendance par rapport au quatrième trimestre de 2020.

Selon un rapport de JPMorgan, les investisseurs particuliers ont acheté plus de 187’000 Bitcoins au premier trimestre (à la mi-mars), contre environ 172’684 pour les investisseurs institutionnels.

Glassnode relève que les HODLers (les investisseurs crypto qui achètent et conservent leurs positions) de plus de 3 ans ont continué à accumuler des Bitcoins tandis que les plus récents HODLers (ceux qui sont rentrés sur le marché au cours des 6 à 12 derniers mois) ont tendance à vendre plus rapidement.

7. Le lancement de produits négociables sur les places de bourse traditionnelles

Le premier trimestre a vu le lancement réussi de 3 ETF sur le Bitcoin à la Bourse de Toronto. Le BTCC a connu 23 jours d’afflux consécutifs (à fin mars), ce qui est sans précédent pour un nouveau lancement, même aux États-Unis.

Comme ces ETF facturent des frais de gestion beaucoup plus raisonnables que ceux des Trusts, le fonds de Grayscale sur le Bitcoin se négocie désormais avec une décote par rapport à la valeur liquidative.

Ces 2 facteurs exercent une pression croissante sur la SEC pour approuver le lancement d’un ETF Bitcoin aux États-Unis. Comme le montre le tableau ci-dessous, ce ne sont pas les candidats qui manquent. Le nouveau président de la SEC, Gary Gensler, connaît bien les actifs cryptographiques et pourrait donc soutenir le processus.

FLOWBANK BTC ETF
La course à l’ETF (coté américain)
source: Eric Balchunas, Bloomberg

Plusieurs applications ont également eu lieu pour des ETF sur l’Ether en Amérique du Nord.

En Suisse, on note de nombreux lancements d’ETP (produits négociés en bourse) sur les cryptomonnaies. Les investisseurs peuvent acheter et vendre sur la bourse SIX des ETP proposés par 21shares.com sur plusieurs paniers de crypto-monnaies. Il en est de même avec Coinshares et SEBA.

8. Des progrès notables des gouvernements sur les CDBC

Un certain nombre de banques centrales dans le monde – dont le Japon, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse – envisagent d’émettre leurs propres monnaies numériques.

Au cours du premier trimestre, la Banque du Japon a lancé la première phase d’une étude de faisabilité pour sa monnaie numérique de banque centrale (CBDC). Son rival régional, la Chine, vise à être une superpuissance mondiale de la blockchain, et sa monnaie numérique nationale fait partie de ce plan. Pour que le yuan digital soit adopté à l’échelle mondiale, la Chine veut travailler avec des partenaires commerciaux ou des centres financiers régionaux pour disposer d’une plate-forme où le yuan numérique est techniquement, juridiquement et financièrement interopérable avec les monnaies numériques d’autres pays.

9. L’essor des applications DeFi et du «staking»

La DeFi (finance décentralisée) est une application des cryptomonnaies et des technologies blockchain. La principale cryptomonnaie impliquée dans la finance décentralisée est l’Ethereum, qui permet de créer de nombreuses applications financières.

L’objectif de la finance décentralisée est de permettre la transmission de valeur et la création d’une finance pour tous et sans intermédiaire comme peuvent l’être les banques ou les plateformes d’échange.

Les principales applications décentralisées ont levé des montants records au 1er trimestre alors que les échanges décentralisés (DEX) continuent de gagner en popularité (le volume des transactions est 3 fois supérieur à celui du quatrième trimestre 2020).

Mais c’est le «staking» qui reste le principal moteur de la DeFi. Le concept: stocker vos cryptomonnaies afin de valider certains protocoles et en échange, vous faire rémunérer.

Le site web Staking Rewards répertorie pas moins de 164 cryptomonnaies offrant des récompenses liées au staking avec des intérêts allant de 2% à 463%. Le staking offert par les 10 principales crypto-monnaies représente un montant cumulé de 87 milliards de dollars.

FLOWBANK Top 10 Cryptomonnaies en Staking
Le Top 10 des cryptomonnaies avec le plus d’argent de mise
Source: Staking rewards

10. La folie des NFT

FLOWBANK Top Shot NBA
Le produit Top Shot de la NBA est un système de cartes à collectionner basé sur la blockchain qui a généré plus de $230 millions de ventes brutes. Le système fonctionne comme des cartes à collectionner, uniquement avec les points forts de la NBA et les illustrations numériques.

L’explosion de l’intérêt pour NFT de la part des investisseurs, des célébrités et du grand public a surpris tout le monde au premier trimestre 2021.

NFT est l’abréviation de «Non-Fungible Token». Il s’agit essentiellement d’un jeton numérique unique et identifiable, stocké sur la blockchain. Ces jetons sont utilisés pour créer une propriété vérifiée d’un actif numérique dans les mondes de l’art cryptographique, des objets de collection et toutes sortes d’autres actifs cryptographiques.

Le volume des transactions NFT est passé de 9,2 millions de dollars en décembre à 226 millions de dollars en mars – une croissance phénoménale.

S’agit-il d’une nouvelle bulle spéculative ou le début d’une nouvelle tendance?

 

 

NB : Il n s’agit pas de recommandations d’investissement

 

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