L'impasse a été brisée. Après quatre jours et quatre nuits de négociations, les dirigeants européens se sont mis d'accord sur un fonds de sauvetage pour aider la zone euro à surmonter l'impact économique de la pandémie de coronavirus.

Par Paul O’Connor, responsable de l’activité Multi-Asset

 

L’impact macro-économique direct du fonds de sauvetage de 750 milliards d’euros sera relativement modeste par rapport aux dommages économiques que COVID-19 causera aux économies de la zone euro. Alors que les prévisions consensuelles estiment que le PIB réel de la zone euro s’est contracté de 15% en glissement annuel au deuxième trimestre, le fonds de sauvetage devrait générer une reprise de 6 à 7%, ce qui prendra des mois ou bien des années pour produire tous ses effets.

Néanmoins, le symbolisme est très important. Le plan de relance sera financé par l’émission conjointe de titres de créance, ce qui représente la première véritable tentative de la zone euro pour régler les dettes mutuelles et constitue la plus grande étape vers l’intégration fiscale à ce jour. Si les sceptiques estiment que le plan de relance est une réponse ponctuelle à une crise ponctuelle, un précédent important a été créé quant à la manière dont la zone euro peut réagir aux chocs économiques. Il ne fait aucun doute qu’il y aura une forte pression pour continuer dans cette direction la prochaine fois que la région sera confrontée à une crise économique.

Le sentiment positif qui s’est dégagé ces dernières semaines concernant les actifs de la zone euro a ramené l’euro à un niveau proche de son plus haut niveau depuis un an.

La modeste réaction des marchés mardi matin à la nouvelle du sommet reflète le fait qu’une sorte d’accord avait déjà été évalué par les marchés financiers. Alors que les investisseurs étaient sceptiques quant à la possibilité de parvenir à un accord lors de ce sommet, le consensus était qu’il serait atteint avant la fin du mois de juillet. Le sentiment positif qui s’est dégagé ces dernières semaines concernant les actifs de la zone euro a ramené l’euro à un niveau proche de son plus haut niveau depuis un an et a ramené l’écart de rendement entre les obligations d’État italiennes et allemandes aux niveaux d’avant le coronavirus.

D’où la possibilité de surpondérer davantage les actifs de la zone euro. Bien que le sentiment concernant la région se soit déjà amélioré, le positionnement des investisseurs n’est pas exagéré. Les investisseurs mondiaux ont commencé à réinvestir dans les actions européennes ces dernières semaines, mais la région a connu des sorties nettes de 30 milliards d’euros cette année. Mais le vent semble tourner. L’Europe a été beaucoup plus efficace que les États-Unis dans sa lutte contre Covid-19 et, au moins pour les prochains mois, on peut considérer qu’elle offre aux investisseurs mondiaux un refuge contre les tempêtes politiques qui vont frapper les États-Unis.

 

Infographie: Le plan de relance économique en Europe | Statista