Si vous suivez un peu les aventures trépidantes du monde de la finance, vous avez sûrement entendu parler de l'Intelligence Artificielle et pourquoi l’intelligence artificielle changera concrètement le monde, pourquoi aujourd’hui de telles avancées sont possibles et démystifient certains concepts et fausses idées liées à ces développements technologiques. Stefano Rodella d’AtonRâ Partners nous explique...

Un peu d’histoire…

L’utilisation du terme « intelligence artificielle » suscite assez souvent craintes et inquiétudes dans le monde occidental. D’une part, le sens même du nom intrigue. D’autre part, notre imaginaire nous renvoie à certains films de science-fiction comme 2001: Odyssée dans l’espace, Terminator, A.I Intelligence Artificielle, Minority Report ou iRobot, qui ont comme point commun une vision du futur peu rassurante pour l’humanité.

Au Japon, la situation est tout autre. Les Japonais estiment que tout objet a une âme et qu’il est impératif de la respecter. Si le facteur religieux (shintoïsme) joue un rôle important, c’est surtout le développement des machines dans la période après-guerre et l’automatisation en général qui ont permis au pays de sortir d’une situation exsangue et de retrouver une fierté perdue grâce au miracle économique qui a suivi.

Les habitants du pays du soleil levant perçoivent les machines et les robots comme une extension de l’humain dont l’homme est toujours le maître, et non comme un remplacement de l’humain même si ces machines peuvent penser.

Le terme « intelligence artificielle » a été formulé officiellement en 1956 lors d’une conférence de travail organisée par John McCarthy (docteur en mathématiques, professeur à Stanford jusqu’en 2000, et parmi les pères fondateurs de l’intelligence artificielle).

Selon McCarthy, tous les aspects de l’apprentissage humain pouvaient être si bien décrits qu’une machine ou un programme informatique pouvaient être conçus pour les simuler et les imiter à la perfection.

Si dans une première phase, la pensée de McCarthy a été accompagnée de sommes importantes allouées en recherche et développement, la suite n’a pas été aussi brillante car les applications tangibles faisaient terriblement défaut et les progrès technologiques promis prenaient beaucoup plus de temps que prévu.

Ce qui a permis la « renaissance » ou tout du moins l’engouement actuel autour de l’intelligence artificielle, ce sont les avancées réalisées en matière de matériel informatique (les puces notamment et plus précisément les cartes graphiques) ainsi que la disponibilité accrue et la collecte facilitée des données.

En effet, un programme d’intelligence artificielle, pour fonctionner, requiert une quantité importante de données et un traitement efficient et rapide de ces données.

Mais qu’est–ce au juste que l’intelligence artificielle ?

Tout simplement, des machines capables de faire ce qui est normalement fait par l’intelligence humaine.

L’intelligence humaine représente la somme de plusieurs facteurs comme le raisonnement, l’apprentissage, le langage, la créativité et la compréhension, ainsi que les 5 sens qui sont propres à la plupart des animaux et humains : la perception, le toucher, la vision, le goût et l’ouïe. L’âme de son côté (en laissant de côté toute considération philosophique) n’est autre que le lien entre le monde physique et le monde spirituel.

Il est donc tout à fait légitime que la recherche sur l’intelligence artificielle se consacre à la réplication de ces cinq sens avec des résultats (et des applications associées) assez spectaculaires, notamment dans les domaines du langage, de la vision et de l’ouïe.

Il suffit de penser aux détecteurs de fumée de nouvelle génération, à la reconnaissance visuelle (les personnes apparaissant sur vos photos Facebook sont automatiquement indexées) ou à la reconnaissance vocale qui permet la transcription et la traduction (écrite et vocale) d’une langue vers une autre (les applications les plus connues sont Skype Translator et les assistants personnels intelligents comme SIRI chez Apple ou Alexa chez Amazon).

La question maintenant est de savoir si tous ces progrès en intelligence artificielle vont permettre aux machines de devenir à terme plus intelligentes que les humains et si le but ultime des chercheurs, à savoir l’intelligence artificielle générale ou plus communément appelée intelligence forte, pourra être atteint ?

Selon les gérants des thématiques d’AtonRâ Partners, on ne peut formuler aucune certitude sur le sujet car pour en arriver là, des avancées autres que celles actuelles en « machine learning » (apprentissage automatique) ou en « deep learning » (apprentissage profond) sont nécessaires.

En effet, avec l’apprentissage automatique, le « système » peut apprendre des fonctions complexes qui ne sont pas linéaires et algorithmiques, c’est-à-dire des suites d’instructions (calculs) qui permettent la résolution d’un problème bien défini.

Les avancées qui vont vraisemblablement permettre l’avènement d’une intelligence forte sont à chercher du côté des ordinateurs quantiques, qui permettrons le traitement des données non seulement en binaire (des 0 ou des 1, comme pour les ordinateurs actuels) mais aussi en quantique, c’est-à-dire des 0 et des 1 en simultané.

Le plus grand obstacle au développement de ces ordinateurs quantiques relève de la physique, des matériaux utilisés et des semi-conducteurs de nouvelle génération. Dans tous ces domaines, Google est, selon l’avis de Stefano Rodella et Brice Mari, l’un des acteurs les plus importants, si ce n’est le plus important. D’ici la fin de l’année 2017, il faut s’attendre à des annonces majeures de la part de la société californienne qui serait sur le point de démontrer des calculs particuliers (des modèles météorologiques par exemple) qu’aucun autre ordinateur (même un super ordinateur) au monde n’est capable actuellement de réaliser.

La possibilité pour ces ordinateurs quantiques d’effectuer des opérations (et en prédire le résultat) dont le nombre des variables est gigantesque et dont les variables elles-mêmes changent avec le temps, représentera une rupture technologique majeure, avec des applications concrètes comme la compréhension des réactions chimiques, l’étude du comportement des gènes humains, l’étude de l’espace ou encore les modèles financiers.

Identifier les gagnants de la révolution IA

Il est assez facile de comprendre qu’avec un accès privilégié à de grandes quantités de données, les grands acteurs technologiques actuels, et notamment ceux qui ont des modèles B2C et B2B2C (un peu à l’instar de Google, Amazon, Facebook etc.) ont un avantage concurrentiel par rapport à d’autres sociétés, industrielles notamment (automobile, biens industriels, distribution, etc.). Ces dernières prennent très au sérieux les développements en intelligence artificielle et espèrent y jouer un rôle de premier plan (voitures autonomes, robotique, etc).

L’accès aux données représente donc un enjeu majeur et une ressource que la plupart d’entre nous considérons avoir peu de valeur, car nous avons un service, la plupart du temps gratuit, qui nous est offert, en échange d’un accès à nos données personnelles.

L’avènement prochain de l’internet des objets, qui aura comme effet une multiplication exponentielle des données, va donc profiter aux développements en intelligence artificielle et plus spécifiquement à ces grands acteurs de la technologie.

Un autre aspect majeur est la capacité des différents acteurs à s’assurer les services des meilleurs scientifiques et ingénieurs pour soutenir leurs investissements en recherche et développement. Les leaders de la technologie ayant déjà une longueur d’avance en matière de recrutement de talents (derrière chaque développement en intelligence artificielle, il y a toujours le facteur humain…en tout cas pour le moment…) et des cultures d’entreprise a priori plus proches des aspirations des jeunes diplômés, les sociétés industrielles auront vraisemblablement les plus grandes difficultés à rattraper leur retard et risquent de se retrouver cantonnées au rôle de clients des grandes sociétés de technologie.

Les grands gagnants de cette révolution seront donc, d’une part, ceux qui auront accès au plus grand nombre de données et qui sauront les « traiter » pour leur propre compte (à l’instar de Google) et, d’autre part, les sociétés dont la technologie est essentielle pour fournir de la puissance de calcul et d’autres applications spécifiques. Nous pensons notamment ici à Nvidia dont les GPU (graphic processing unit) permettent aux scientifiques et ingénieurs d’effectuer des opérations parallèles et nécessitant des calculs répétitifs à des vitesses phénoménales.

A l’instar de ce qui s’est passé pendant la révolution internet, sur laquelle l’intelligence artificielle s’appuie en grande partie, l’équipe d’AtonRâ Partners pense que les développements actuels en intelligence artificielle ne représentent que la partie émergée de l’iceberg et qu’au cours de ces prochaines années, tous les secteurs de l’économie seront impactés et transformés par cette technologie.

Stefano Rodella, AtonRâ Partners

 

Who’s who

Depuis 2004, les gérants d’AtonRâ Partners, en étroite collaboration avec des chercheurs, universités et startups, identifient et gèrent pour leurs clients des thématiques actions liées à des innovations technologiques révolutionnaires et ayant un réel impact sur l’économie mondiale. En 2014, ils ont lancé une gamme d’indices thématiques focalisés sur l’intelligence artificielle/robotique, la biotechnologie, la bionique, les technologies dans le domaine de la défense et de l’espace, les paiements mobiles ainsi que l’innovation au sens large. Ils nous parlent aujourd’hui plus spécifiquement de l’intelligence artificielle.

Si vous désirez en savoir plus, le 15 juin 2017 aura lieu une présentation sur le thème, les inscriptions, c’est ici.