La bonne nouvelle c’est que les indices boursiers ne peuvent pas aller à droite ou à gauche, ça compliquerait encore un peu plus la tâche. En tous cas, depuis le début de la semaine, ça va dans tous les sens, on a connu des canards sans tête qui semblaient plus convaincus de la direction à suivre. Il faut dire que depuis plusieurs mois, deux tendances s’affrontent ; les bulls, qui parient sur la hausse et les bears qui ne pensent qu’à stocker du riz et des pâtes et à aller vivre dans un abri anti-atomique. Sauf que l’on a complètement oublié la troisième tendance : les dahus. Animal mythique avec les pattes plus courtes d’un côté que de l’autre, fait pour courir à flanc de montagne, mais qui se casse la figure quand il se retourne. Et quand vous mettez un dahu sur un terrain plat, il tourne en rond. Les bourses actuelles souffrent du syndrome du dahu depuis une semaine.

L’Audio du 30 juin 2017 :

Il faut dire que depuis que les banquiers centraux ont parlé en début de semaine, on n’a jamais eu autant de peine à digérer la chose. Jamais il ne nous aura fallu autant de temps pour interpréter les déclarations de Draghi et parvenir à comprendre ce qu’il voulait bien pouvoir expliquer lors de son discours de mardi. Il a même fallu qu’un de ses hommes de main vienne dire dans les médias que «les investisseurs n’avaient rien compris au message subliminal que Draghi voulait faire passer ». Et depuis on va dans tous les sens.

D’un côté vous avez les bancaires qui retrouvent des couleurs, en Europe parce qu’on se dit que les taux vont remonter et que ça va finir par payer pour les bancaires et aux USA, parce que la fin des stress tests va permettre de retourner du cash aux actionnaires. Mais pour le reste, c’est plus compliqué.

En Europe, l’Euro remonte comme un bouchon de liège, casse les 1.14 et fait réaliser que les valeurs industrielles vont en prendre plein les dents quand il leur viendra à l’idée de vendre leurs produits à l’extérieur du monde merveilleux du marché européen et du coup, tout le monde a appuyé sur le gros bouton rouge en bas du clavier à droite, le bouton « SELL-SELL-SELL ».

La journée fût donc la plus pourrie de ces deux derniers mois. L’angoisse était à son comble, tout comme l’euphorie était présente il y a 48 heures.

Et puis, aux States on continuait notre vieille stratégie sectorielle qui dit que si c’est trop cher, c’est les technos qu’il faut vendre en premier, parce qu’elles sont peut-être pas trop chères – on n’est pas sûr – mais comme elles sont beaucoup montées ces derniers, autant prendre les profits où il y en a. Pas besoin de vous faire un dessin, les technos se sont faites laminées et il n’y a eu aucune indulgence pour l’anniversaire de l’iPhone, Apple est passée à la trappe avec le reste.

Pour le reste, les financières tenaient la baraque, les pétrolières étaient en forme parce que le pétrole (dont on ne parle plus) remontait au-dessus des 45$ – il est à 45.22$ ce matin et PERSONNE n’en dit un mot, tous les neinsagers qui parlaient de 30$ sont visiblement repartis en vacances. Mais bon, globalement c’est encore une fois le Nasdaq qui nous tirait tout ça en bas. L’indice abandonnait 1.44%, Google perdait 2.4% et Apple reculait de 1.5%. Tout était dit.

Après on aussi eu le Secrétaire du Trésor Américain, Steven Mnuchin qui a déclaré que les marchés financiers ne devaient pas craindre le « debt ceiling » qui devrait de toute façon être bientôt augmenté pour éviter un défaut de la dette US. Vous étiez inquiets vous ??? Non, parce que globalement, tout le monde s’en fout depuis bien longtemps, on sait bien que les USA vont continuer à faire comme si de rien n’était, surtout avec Trump au pouvoir.

Et puis il a aussi annoncé de « nouvelles sanctions » contre la Corée du Nord. Ce à quoi le marché a répondut : « Contre la Corée de quoi ??? » et il a recommencé à vendre des technos et des FAANG’s en particulier.

On signalera au passage que Walgreen a renoncé au merger avec RiteAid. Vous vous en fichez certainement, mais RiteAid a pris 26% dans les dents après s’être fait planter devant l’autel, devant le curé et le tout en robe de mariée.

En résumé, les bourses mondiales sont actuellement dans un gigantesque flipper et au moment où ça commence à se calmer, « tchac-tchac », ça repart dans l’autre sens. En tous les cas, il y a un vieil adage boursier qui m’est cher et qui dit qu’il ne faut pas aller contre la tendance. Le seul problème, c’est que depuis le début de la semaine, IL N’Y PAS DE TENDANCE !!!

La journée aura donc été à l’image de celle de mardi qui aura été contrée par celle de mercredi. Je ne sais pas vous, mais j’ai déjà mal à la tête alors que la soirée de vendredi n’a même pas commencé. Je crois que la bonne solution, c’est de partir en week-end et de se reposer les neurones boursiers, on y verra plus clair quand on reviendra pour autant que vous fassiez partie des gens qui ne PARTENT pas en juillet.

L’or est à 1246$, le Nikkei recule de 1.10% par sympathie avec les valeurs technologiques américaines, Hong Kong recule de 0.8% par sympathie avec Tokyo et la Chine baisse de 0.18% parce qu’ils se foutent de ce qui se passe ailleurs et ils ont bien raison.

Le PMI chinois – justement –vient de sortir pour le mois qui se termine. Il est de 51.7 contre 51.2 en mai. Et nettement au-dessus des attentes des « stars de la finance » qui se sont (encore) gourés. Le consensus était de 51.1 et on notera que cela fait le onzième mois consécutif que le PMI est au-dessus de la barre fatidique des 50 et de l’éventuelle récession.

Ceci est considéré comme une bonne nouvelle. Je pense qu’il faut le dire. Surtout lors de matins compliqués comme celui-ci.

Le FT se fait l’écho du sell-off sur le marché obligataire, sell off qui contamine les actions et qui est du au fait que les banquiers centraux ont « donné trop de signaux comme quoi la période de l’argent gratuit et des taux bas allait se terminer ». Si cela est vrai, cela voudrait dire que nous, les investisseurs professionnels (soi-disant) aurions ENFIN compris pour de vrai le discours de Draghi ? Cela voudrait-il dire qu’après tant d’années de recherches, nous aurions enfin compris le langage subtil des banquiers centraux ??? Cela voudrait-il également dire que les banquiers centraux savent ????

Vous je ne sais pas, mais pour moi ça fait beaucoup de conditionnel pour parier ma caisse de retraite dessus.

Le Wall Street Journal revient sur les 10 ans de l’iPhone et montre la capitalisation boursière d’Apple en 2006, c’est grosso-modo du fois 10. Reste à trouver qui est le prochain Apple et préparer sa retraite avec ça. Je crois qu’il y a plus de chance de trouver le prochain Apple que d’essayer de comprendre le langage des banquiers centraux.

Le Barron’s parie sur la bière en mettant tout sur Constellation Brands alors que les chiffres montre que la boisson gazeuse l’emporte sur le raisin fermenté aux USA. Et puis, ils reviennent sur l’IPO de la veille, Blue Apron. Rappelez-vous, il y a 48 heures, Blue Apron avait « slashé » son prix d’IPO de 30% – hier soir elle a été pricée à 10$, comme prévu. Et elle va commencer à traiter aujourd’hui. Après les deal Whole Food Market/Amazon, l’ambiance était morose chez Blue Apron, mais le Barron’s pense maintenant que le titre à l’air « savoureux » a ces niveaux. À noter que Blue Apron livre des paquets avec des recettes toutes prêtes à l’intérieur, il ne reste plus qu’à les cuisiner.

Selon une étude de la London Business School, la Suisse est LA place de bourse la plus stable au travers des années. Si vous aviez investi 1 francs sur le marché suisse en 1900, aujourd’hui, vous auriez 2’000 francs. Je viens donc de parier 1’000 francs sur le SMI, selon mes calculs, en 2134, je devrait avoir 2 millions sur mon compte. Et j’aurais donc.. 163 ans… Je pourrais m’offrir un déambulateur plaqué or. À moins que l’or soit monté (ENFIN) à 20’000 l’once.

Côté chiffres, ça sera l’avalanche aujourd’hui. Il y aura les Retail Sales en Allemagne, ainsi que le chômage. Il y aure le CPI en France – qui devrait être canonissime comme tous les chiffres français depuis que Macron est au pouvoir. En Angleterre il y aura le GDP et en Europe, le CPI. En Suisse il y aura le KOF indicator et puis aux USA, il y aura le Chicago PMI et les chiffres de la confiance du consommateur version Université du Michigan, avec ces chiffres n’oublions pas que nous saurons enfin si l’Américain moyen compte acheter un lave-vaiselle dans les 12 ans à venir.

Pour le moment, les futures sont inchangés. Selon le rythme de la semaine, la logique voudrait que le marché remonte aujourd’hui, parce que finalement ; la techno c’est pas cher, l’Euro qui monte on s’en fiche et puis après avoir réécouté Draghi remixé avec le discours de Yellen en superposé par dessus, on a enfin tout compris !!!

En attendant, je crois que faire une pause de deux jours ne sera pas complètement idiot. Je vous retrouve donc lundi matin, pour ceux qui ne sont pas partis en vacances. Donc … Excellent week-end à tous, bon vendredi et bonnes vacances pour ceux qui partent.

Thomas Veillet
Investir.ch

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Hal Elrod