L’OBSESSION du moment qui préoccupe tout bon financier, c’est de trouver le graphique, la théorie, l’explication, la comparaison ou encore LA formule mathématique qui nous confirme que le marché est trop cher, que les actions sont trop chères, que tout est surfait et que, nous sommes au bord du gouffre, tout prêts à faire un grand pas en avant.

L’Audio du 14 juin 2017

 

Être le prochain Roubini semble être devenu définitivement un sport national et chacun y va de sa théorie personnelle. Il faut dire que depuis vendredi passé et la claque monumentale subie par les « chéris du marché » et le la séance de lundi qui laissait penser que ce n’était pas vraiment terminé, puisque ça a encore pas mal secoué, les adeptes de la fin du monde se sont empressés de ressortir leurs panneaux poussiéreux du fond de leur cave, panneaux sur lesquels il est écrit en lettre capitales : « LA FIN EST PROCHE » et en lettre moins capitales : « c’est trop cher debleu ! ».

 

Pourtant, la séance d’hier nous aura encore fait prendre conscience de deux choses :

 

  • le krach n’est peut être pas encore pour tout de suite
  • peut-être que l’on n’arrivera jamais à prédire le prochain

 

En tous les cas, hier, pendant que certains se demandaient si la techno était trop chère et si Amazon pouvait ou ne pouvait pas diviser par deux. Pendant que d’autres tiraient des graphiques avec des « PE Arithmétiques » qui laissaient supposer que les deux dernières fois que le marché avait été « AUSSI CHER », c’est en 1929 et en 2000 – nous donnant largement l’occasion d’avoir envie d’ouvrir la fenêtre et de sauter, juste avant de se rendre compte qu’on est au rez-de-chaussée – au passage, je vous rassure, moi non plus je ne sais pas ce que c’est un « PE Arithmétique », c’est peut-être dû au fait que j’ai arrêté l’école juste après que j’aie appris à écrire (et encore, pas très bien). Mais si vous ne savez pas ce que c’est non plus, je vous rassure, il y a toujours un chiffre quelque part qui justifie (en comparaison) que le marché est trop cher et que la dernière fois il a crashé juste là.

 

Je pense que l’on peut même trouver des corrélations avec le nombre de fois où Nadal a remis son slip en place par tournoi et les corrections de marché.

 

Mais bon, peu importe. Alors qu’hier nous étions en train de nous demander quelle formule de calcul nous allions utiliser pour justifier la mise en place du « short de l’année », le secteur (groggy) de la technologie rebondissait, le Dow Jones touchait des niveaux records durant la séance et le S&P500 terminait au plus haut de tous les temps, rendant du même coup la barrière mythique des 2’500 points un tout petit peu plus accessible soudainement.

 

Il est donc extrêmement intéressant de voir que, pendant que l’on se demande si le krach viendra de la techno ou pas, le reste du marché continue de s’envoler.

 

Peut-être aussi de par le fait que l’on redécouvre le concept de la « rotation sectorielle » ou peut-être simplement parce que les investisseurs sont assis sur des montagnes de cash et qu’à la fin, 2.2% de rendement sur le 10 ans, pousse les gens à trouver des alternatives un peu plus risquées et puis comme un Hedge Fund Manager Multimilliardaire qui était sur CNBC hier laissait entendre que selon lui, en 2030, le Dow Jones aurait doublé, il y avait encore de l’espoir.

 

On a même regardé le témoignage de Jeff Sessions à la télé et comme l’avocat général n’a pas balancé de scoop comme quoi Trump était un agent double, on s’est dit que l’on pouvait peut-être racheter un peu le marché. Il faut tout de même reconnaître que le rebond était sans grande conviction, on a connu des matchs foot Lucerne-Thoune bien plus excitants que la journée d’hier.

 

Mais peu importe, les FAANG’s ne sont pas mort et le reste semble prendre le relai, nous ne sommes donc pas en mode « courage fuyons », mais plutôt en mode « qu’est-ce que je vais de tout ce cash ? ».

 

En Europe c’était pareil, on rachetait la Techno en se disant que tout n’était peut-être pas fini, mais on cherchait tout de même des autres idées dans les autres secteurs. En résumé, la journée d’hier nous aura rappelé que la théorie de la diversification de portefeuille, c’est pas pour les chiens et que la méthode du « all in », ça va un moment.

 

L’autre préoccupation, que dis-je, l’autre « intérêt » de la journée se résumait dans le fait d’attendre le discours de la FED de mercredi soir. Les hommes de Yellen sont donc réunis dans une grande pièce avec des fauteuils en cuir et plein de plateaux avec des sandwichs et des grands thermos de café – c’est en tous les cas comme ça que j’imagine un meeting de la FED – et ils vont causer pendant deux jours pour que mercredi soir on puisse scruter la cheminée, voir si la fumée qui en sort signifie qu’ils sont d’accord de monter les taux.

 

Comment ? Ah oui, non, la fumée c’est pour les papes. Mais peu importe, mercredi soir, tout à l’heure, Janet Yellen annoncera que la FED monte encore une fois les taux, comme à peu près 112% du marché s’y attend. Et puis elle devrait aussi annoncer que tout va bien. Que l’économie américaine va bien et que Trump est un mec bien. Quoique, le dernier point n’est pas certain.

 

 

L’or est à 1270$ et semble être à peu près aussi au courant d’où il doit aller que moi si l’on m’enlève mon GPS et le pétrole se traîne à 46$, sur ses niveaux de support et il attend toujours que quelqu’un vienne le supporter. Le Bitcoin, après avoir touché les 3’000 ce week-end, après avoir perdu 500$ en trois minutes en début de semaine, le voilà qui se reprend et se traite ce matin à 2767$. La probabilité qu’il soit encore là à l’heure où vous me lirez est à peu près aussi élevée que de voir Guy Parmelin faire un discours en anglais.

 

L’Asie n’a pas l’air « monstre convaincue » du rebond, puisque ce matin Tokyo avance de 0.12%, Hong Kong baisse de 0.27% et les Chinois reculent de 0.58%.

 

Dans les nouvelles du jour, on retiendra que le patron d’UBER prend un congé sabbatique indéfini suite aux multiples scandales dans son « top management » et à la culture d’entreprise quelque peu douteuse chez UBER. La bonne nouvelle pour nous, c’est qu’UBER n’est pas encore coté en bourse, sinon le Nasdaq serait en souffrance ce matin. Là tout de suite, je n’aimerai pas être un fond de Private Equity qui est rentré dans le dernier round de financement d’UBER.

 

Mis à part cela, on retiendra qu’Apple va émettre un « Green Bond » sur 10 ans, juste quelques semaines après les sautes d’humeurs du géant orange sur le sujet du climat. Macron a rencontré Theresa May et lui a bien fait comprendre que la porte de l’Europe restait ouverte pour le Royaume Uni et que plus les négociations sur le BREXIT seront longues, plus ça sera difficile pour elle.

 

Dans le Barron’s, on tresse une couronne au nouveau CEO de GE qui donne de l’espoir aux actionnaires et on estime que ceux qui sont « négatifs » sur le titre vont bientôt être à court de munitions. Une autre façon de dire qu’il faut acheter. Dans le même journal, on se demande si les « FAANG’S » sont morts ou est-ce qu’il y a encore de l’espoir. C’est un peu la question que tout le monde se pose. Et puis, ils aiment les jeux vidéo, Activision et Electronic Arts pourraient être loin d’être Game Over – oui elle est facile celle-là, mais il en faut et pour terminer, un des stratèges de Morgan Stanley pense que Tesla c’est trop cher. On ne peut pas lui en vouloir, puisque la boîte à Musk a dépassé BMW tout récemment – en terme de capitalisation boursière – et qu’ils ont vendu une proportion infinitésimale des voitures de BMW, mais tout le monde s’en fout et on continue de croire que la voiture électrique c’est l’avenir. Pourtant quand on connaît l’odeur d’un V8 essence au petit matin, ça n’a quand même rien à voir.

 

Pour le reste ; ça recommence, sur CNBC ce matin on nous explique pourquoi le baril de pétrole va à 30$ – c’est d’un manque d’originalité – et on nous publie la lettre d’au revoir de Marissa Mayer qui est toute triste de quitter Yahoo ! et ses employés, mais qui va quand même se consoler avec un chèque de 23 millions de dollars.

 

En ce qui concerne les chiffres économiques de la journée, il y aura le CPI allemand et américain, l’emploi en Europe, les inventaires pétroliers et ce soir, il y aura le résultat des courses avec la hausse des taux SURPRISE de la FED.

 

Actuellement les futures sont en baisse de 0.10%, ce qui ne veut absolument rien dire et un broker japonais – ni bon ni mauvais – vient de downgrader Apple parce qu’il ne croit pas à l’iPhone 8. Il paraît que, comme le futur-téléphone d’Apple ne fait pas les sushis lui-même, cela ne présente strictement aucun intérêt.

 

Voilà, pas grand-chose de plus si ce n’est que l’on peut dire que l’on se tâte, que l’on se pose plein de questions, mais pour être franc on n’est pas plus avancé que la semaine dernière. On espère que Boris Johnson sera Premier Ministre en Angleterre très bientôt, ça nous donnera l’occasion de se marrer sur quelque chose.

 

En attendant je vous souhaite une très belle journée et on se retrouve demain à la même heure et au même endroit que la force de la FED soit avec vous !

 

 

Thomas Veillet

Investir.ch

 

« There is only one sort of discipline – PERFECT DISCIPLINE. »

 

General Patton