Je vous donne deux indices : Johnny Allen et le 6 septembre 1956. Pas d’idée ? Même pas une petite ? Et bien le 6 septembre 1956, Johnny Allen atteignait les 342 km/h au guidon d’une moto équipée d’un moteur de 650 cm3 en provenance d’une Triumph Tiger, c’était sur le lac salé de Bonneville, dans l’Utah. Pour rendre hommage à cet événement la marque britannique décide alors de lancer un nouveau modèle, la Triumph Bonneville – T 120 – T 120 parce que capable d’atteindre les 120 Miles à l’heure, ce qui est définitivement très mal selon les lois suisses actuelles, puisque dès que vous roulez trop vite, il est devenu courant que la force publique vous tire une balle dans chaque genou avant de vous emmener en prison pour le reste de votre vie.
L’Audio de la Bonneville :
Tout ça pour vous dire que ces 10 derniers jours, Triumph Suisse et Basset Motos ont été assez magnanimes pour me prêter la dernière version de cette moto que l’on peut considérer comme mythique. Voici donc mon histoire, la mienne et celle de la Triumph Bonneville.
Dès les premiers instants, je l’ai trouvée attachante, la livrée que l’on m’a attribuée (verte et blanche) lui assure un je-ne-sais-quoi d’hyper classe qui me donnait envie de plus jamais m’en séparer. Ce qu’il y a d’absolument génial dans la Bonneville, si on aime ça, c’est qu’elle a ce côté vintage, mais qu’aujourd’hui elle n’a pas à rougir de ses performances et de ses équipements par rapport à une moto cuvée 2017 – sachant, bien sûr qu’il faut comparer ce qui est comparable et laisser les R1 et autre Ducati Panigale dans la gamme qui est la leur.
Deux compteurs analogiques avec des fenêtres digitales, des poignées chauffantes – un must au début de l’automne, même si sur le mode « à fond, à fond », en arrivant au bureau j’avais l’impression d’avoir deux steaks à point à la place des mains. Il faut reconnaître que c’est agréable et puis de toute manière, il y a deux modes : saignant et à point – autrement dit : « Low » et « High » – je n’aurais pas craché sur le « medium rare », mais bon.
Il y aussi le mode « pluie » qui permet au moteur de distribuer la puissance un peu moins violemment en cas de route mouillée. Je n’ai pas pu le tester, il a fait beau tout le temps, ce qui est assez exceptionnel dans le quartier. Mais ceci dit, pour avoir roulé sous la pluie avec d’autres motos pas équipée avec ce genre de gadget, je dois dire que c’est bon de savoir qu’il est là. Je vous fait grâce de la béquille centrale et de l’angle de calage du moteur qui a changé, personnellement j’étais là pour aller ROULER !!!
Et je n’ai pas été déçu, la Bonneville roule, et plutôt bien.
Après près de 30 ans de permis moto, je peux dire que j’ai eu l’occasion d’en chevaucher deux ou trois, mais que celle-ci restera clairement celle avec laquelle je me suis senti à l’aise le plus vite. C’est vite vu, 100 mètres après la sortie du garage, j’avais le sentiment de ne faire qu’un avec elle. Etonnement, elle ne fait pas son âge. Bon, en même temps elle est neuve ; ça freine ça accélère, c’est coupleux, franchement que du bonheur. C’est clairement une citadine, elle se faufile partout et ne prend pas de place dans la circulation, et j’ai du plusieurs fois me pincer pour me souvenir que le moteur de la Bonneville était un 1200 cm3, tellement sa maniabilité m’a donné par moment l’impression d’être sur mon vélo électrique, l’accélération en plus.
Dans mon fichier mental, quand je pense moto, je me dis que la T120 est une citadine, mais ce n’est pas pour autant qu’elle doit rester confinée à cette utilisation. Je n’oserais pas forcément me lancer à l’assaut des cols valaisans ou de descendre à Nice par la route des grandes Alpes, mais ça ne veut pas dire que c’est impossible. Cependant, le pilote n’est abrité de rien et se prend à peu près tout ce qui vole en pleine figure, autant vous dire que sur 400 kilomètres, ça peut rapidement devenir fatiguant. Dans les options disponibles, vous trouverez un pare-brise qui vous protégera et vous simplifiera nettement les longs trajets – cependant le look de votre moto en prendra plein les dents, parce que mettre un pare-brise sur une Bonneville, c’est un peu comme tirer un caravane avec une Aston Martin DB-11, c’est possible, mais c’est ridicule. Mais c’est possible.
La position de conduite est idéale, on est installé confortablement, même si par moments, on pourrait reprocher à la selle d’être un peu mince quand le pilote se rapproche du réservoir. On peut rouler à deux dessus, même si ce n’est pas mon meilleur souvenir des dix jours passé avec elle. Pour sa défense, je ne connais pas beaucoup de motos où la particularité est d’être plus agréable à conduire à deux que tout seul. Je le dis haut et fort, la moto, c’est un truc d’égoïste.
Et puis, j’ai trouvé un truc négatif à dire sur la Bonneville. Car oui, fondamentalement, j’adore cette moto et je suis à deux doigts de virer mon scooter et mon vélo électrique pour passer à la Bonneville, mais il y a tout de même un détail que je n’ai pas aimé.
Dans le catalogue d’options immense que Triumph est en train de développer, s’inspirant probablement du spécialistes des « pièces indispensables à ajouter », Harley Davidson, qui a quasiment INVENTÉ le concept, il existe une gamme de rétroviseurs en forme de « cornes de vache » qui s’installent au bout du guidon. Ils ont le gros avantage d’être esthétiques, mais ils ont un énorme problème : ON NE PEUT PAS DÉCALER LA MAIN VERS LA GAUCHE POUR SALUER LES AMIS MOTARDS QUI ARRIVENT EN FACE… Au risque de se péter la figure en donnant un grand coup de poignet dans le rétro. Ça ne pose pas trop de problème en Suisse, les motards étant tout de même moins enclins au salut qu’en France, mais quand même, au bout de la 12ème fois, vous arrêtez de dire bonjour. La bonne nouvelle : c’est une option, vous n’êtes pas obligé de la mettre.
Mis à part ce point de détail, j’ai adoré ces balades tranquilles sur les routes sinueuses du jura et de la Haute-Savoie. La Bonneville est polyvalente, elle vous emmènera partout sans aucun problème, ça ne sera qu’une question de temps. De combien de temps vous avez pour vous. Mais en même temps, si vous êtes stressés, ce n’est pas une Triumph qu’il vous faut, c’est un T-Max pour faire croire que vous êtes un motard…
La Bonneville pousse à la flânerie et ne demande qu’à se promener. C’est le meilleur anti-stress que j’aie trouvé ces derniers mois. Fatigué, énervé ? Montez sur votre Bonneville, ça va passer rapidement. Cette moto possède également un capital sympathie hors du commun, même si l’on en voit de plus en plus dans les rues, on a chaque fois l’impression qu’elle est unique. Que c’est la seule du quartier et pour environ 13’000 Frs, vous avez le droit d’en avoir une rien qu’à vous, c’est moins cher qu’un T-Max et franchement, je n’aurais pas besoin de réfléchir longtemps pour faire mon choix.
Après, il faut aussi penser qu’il faut le casque Triumph, la veste Triumph, le t-shirt Triumph et les gants Triumph, parce que comme toutes les marques mythiques, on doit montrer son appartenance. Encore une fois, Harley l’a bien compris et les Anglais font comme leurs cousins d’Amérique.
En conclusion ; il m’en faut une. Sauf que… Oui, sauf qu’en ramenant ma Bonneville de prêt chez Basset Motos, on m’a prêté la « Thruxton 1200 »… Et là du coup, je me suis dit que le meilleur des deux mondes serait quand même fabuleux : imaginez, le corps d’une Thruxton avec la position de conduite de la Bonneville et son guidon droit !
Moi qui était en train d’envisager de casser ma tirelire pour la Bonneville, me voilà en train de me demander si je ne vais pas économiser pour me fabriquer une hybride Thruxton-Bonneville, mais cela fera probablement le sujet d’un prochain test si l’anticyclone des Açores continue de nous abreuver de soleil – et que Triumph m’engage comme pilote officiel, au risque de me faire renier par le Harley Owner Group, Chapter Geneva.
Merci encore à Triumph et à Basset Motos (à Genève) pour la mise à disposition du véhicule. Il y a un truc qui me dit que je vais y revenir.
Thomas Veillet
Investir.ch
Contact : Basset Motos
TRIUMPH Genève
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