Dans les règles de marché qui régissent les bourses américaines, il est spécifié que les marchés ne doivent pas être fermés plus de 3 jours de suite sauf si deux avions venaient à détruire deux buildings lors d’un complot probablement fomenté de l’intérieur ou alors c’est les Russes. Mais là n’est pas le sujet. Donc les bourses ne peuvent pas être fermées plus de trois jours de suite. En revanche, il n’est mentionné nulle part que l’on ne peut pas la fermer (la bourse), le mercredi.

L’Audio du 1er Février 2018

Non, parce qu’après avoir vécu une journée comme celle que nous venons de vivre, je pense sérieusement à trouver une occupation en milieu de semaine. Je suis en train de pondérer mes choix et de chercher une alternative pour occuper mes mercredis. J’ai constaté que généralement, le lundi c’est calme, le mardi ça bouge un peu, le mercredi c’est chiant et le reste de la semaine, ça dépend des chiffres, de la météo et de s’il y a foot à la télé le mercredi soir. Pour l’instant, j’hésite entre peinture sur soie et Ikebana.

J’ai le sentiment que le mercredi il se passe de moins en moins de choses. Pourtant CE mercredi-là, en particulier, ce dernier mercredi de janvier, il y en avait des trucs dans l’agenda.

Tout d’abord Janet Yellen a fait son pot de départ et son dernier discours post-FOMC-Meeting. Ça aurait du nous exciter – pas Janet – le discours et l’éventualité, peu probable je le conçois, qu’elle puisse monter les taux. Mais que nenni. On sentait bien le fonctionnaire qui part en vacances et qui veut surtout ne pas se coller des emmerdes sur le dos à 45 minutes de la quille, avant de partir se griller sur une plage d’Espagne avec bobonne.

Elle n’a pas monté les taux, elle a dit que l’économie « s’améliorait » et elle a dit que l’inflation était juste un poil en-dessous des 2% qu’elle s’était fixé, mais en même temps, dorénavant c’est Powell qui va se taper le boulot et elle n’aura plus qu’à continuer sa formation de professeur de BodyCombatAbdoFessiers pour occuper sa retraite. Quand à la hausse des taux, la tronche de l’inflation et la couleur des fixe-chaussettes de Trump, elle s’en balance comme de sa première paire de Jimmy Choo.

C’était donc un « non-event » comme on les aime, un de ces discours qui ne sert à rien, tellement à rien qu’on aurait dit un discours de Parmelin traduit par un écologiste en patois romanche.

Et puis, évidemment, comme les Européens étaient déjà fermés quand Janet est arrivée sur le podium, dans le doute ils se sont abstenus de faire quoi que ce soit et puis comme ce mois est tout de même le meilleur depuis le mois d’octobre, il eût été dommage de tout foutre en l’air en se prenant la tête pour pas grand-chose. Autant marquer des points sur les tabelles de l’histoire fabuleuse des marchés financiers. Alors mis à part Capita qui s’est faite défoncer en Angleterre, mais qui du coup n’est pas vraiment en Europe, il n’y avait rien de bien folichon à signaler.

C’est bien simple à force de scruter les marchés pour trouver un truc intelligent à dire ou à faire ce mercredi, j’ai fini par m’effondrer sur mon clavier et hier soir, en me couchant, sur mon front était inscrit : QWERTZASDFGYXCV, mais à l’envers.

Aux USA on notera tout de même les chiffres canons de Boeing, le titre prenait encore 5% – sauf que 5% quand tu vaux 340$, ça fait beaucoup d’argent. Le marché US terminait en hausse, mais dans une hausse qui ressemblait plus à un téléthon qu’à un marché qui salue le départ de Yellen et de 9 ans de Bull Market.

Par contre, je ne sais pas si vous vous souvenez de la journée de mardi – oui, je sais ça fait super-loin, mais toujours est-il que l’on ne parlait que du rendement du 10 ans et du fait que 2.7% ça fait quand même beaucoup, presque la moitié de la hausse journalière de Boeing quand même. Sans compter que sur la même durée Boeing vous paie encore 2% de dividende, mais chut ! Il ne faut pas le dire.

Alors oui, 2.7% de rendement ça fait beaucoup, mais c’était mardi. Là on était mercredi et on avait déjà oublié. La fameuse mémoire du poisson rouge des investisseurs. Du coup plus personne n’en parlait. Grand classique de la haute finance mondiale.

Et puis l’or vaut 1349$, il est remonté comme un bouchon, presque 10$ dans la même journée. Il y avait une ambiance de folie sur le métal jaune, qu’on serait cru devant la cage des paresseux au zoo de Bâle. Le pétrole a grimpé presque à 65$, mais autant hier le même mouvement à la baisse avait coûté leur journée aux titres pétroliers, hier ça n’aura pas eu la même efficacité à la hausse. Encore un mystère, mais c’est probablement dû à un subtile mélange entre le mouvement du dollar, de la hausse des rendements, d’une partie du discours de Trump, avec une pincée de communiqué de presse de la FED, le tout au carré avec le nombre de naissances de canards colverts dans le lac de Central Park.

Je vous le dis, il faut avoir fait des sacrées études pour comprendre ce qui se passe dans la finance des fois.

Mais pour être franc, c’est après la clôture que tout se passait, puisque comme je vous l’avais mentionné hier matin, mercredi soir il y avait Facebook et Microsoft qui publiaient leurs chiffres trimestriels. Il faut dire que l’on a mis de grands espoirs sur les chiffres des cadors de la technologie. Un peu comme si avec leurs trimestres écoulés, ils allaient nous dire de quoi serait fait le trimestre à venir. On peut rêver.

Facebook a publié un net income de 4.27 milliards, soit près de 750 millions de plus que l’an passé à la même période. Par contre, comme tout le monde ils ont pris une « charge exceptionnelle » que l’on va qualifier la « charge Trump », vu que c’est à cause de la Réforme Fiscale. Comme pour toutes boîtes qui ont annoncé ce genre de charge, c’est visiblement très difficile à inclure et a interpréter les résultats dans la foulée. Il n’y a donc plus qu’une solution : Vendre. Facebook se prenait 5% dans les « Likes » après la clôture.

C’était un peu la même histoire chez Microsoft. Mais en moins pire. Charge Trump, machin tout ça et le titre perdait 1% after close. Par contre AT&T a également annoncé ses chiffres trimestriels, mais eux ont « bénéficié » de la Réforme Fiscale, du coup le titre prenait 4% à 22h15. Déjà que je n’ai JAMAIS aimé la compta et lire un bilan me donne rapidement envie de me jeter par la fenêtre. Heureusement je suis au Rez-de-Chaussée.

Mais là, entre l’interprétation des chiffres qui est toujours psychologiquement assez compliquée, si en plus on se greffe une « charge Trump », c’est la migraine qui nous guette. Heureusement qu’ils ont décidé de faire baisser les prix des médicaments, acheter une caisse de Doliprane ne coûtera bientôt plus rien, ça va nous aider à interpréter.

En gros, on a beaucoup attendu sur les chiffres de Facebook et de Microsoft, pourtant pour être franc, ma vie n’est pas transformée ce matin.

Dans les nouvelles du jour, je dois dire que l’on est au top aujourd’hui. C’est une avalanche d’informations qui me donnent envie de me mettre rapidement au Stand-Up et commencer à faire de la scène parce qu’il y a de quoi se moquer.

Ecoutez plutôt, on vit dans un monde formidable :

Tout d’abord on parle de Yellen qui s’en va et que c’est sûr, Powell montera les taux en mars. Ça, ce n’est pas une grande nouvelle, même en 4ème primaire dans la classe de ma fille, ils sont au courant. Ensuite, Steve Wynn, le patron de Wynn Resorts est toujours empêtré dans ses histoires de cul. Comme actuellement le #balancetonporc peut détruire la carrière d’à peu près n’importe qui, la société éponyme de Monsieur Wynn en prend plein les dents – encore –puisqu’après avoir effacé 5 milliards de capitalisation boursière en trois séances, voici que les ennuis de Steve Wynn pourrait également faire capoter l’énorme projet d’un nouveau casino.

Il serait peut-être bon que la FED se lance dans un programme de soutien économique aux entreprises qui sont touchées par des hauts-responsables qui n’arrivent pas à se contenir dans leurs slips.

Mais on continue avec les nouvelles fabuleuses, ça ne s’arrête pas là !!!

Brenda Fitzgerald, patronne du CDC, centre pour les maladies contagieuses à Atlanta – ceux qui vous protègent d’Ebola et de toutes ces bêtes sympas – a dû démissionner parce qu’elle avait acheté des actions Philip Morris…Et comme Philip Morris, ils sont un peu responsables de pas mal de trucs, c’est assez mal vu. Je peux comprendre, mais en même temps, l’action est quotée en bourse et ce n’est toujours pas illégal de fumer – enfin tant que c’est chez soit et que les voisins sont en vacances.

Et puis, on terminera avec la preuve comme quoi il n’y a pas que certains banquiers qui magouillent, puisque les gens de Tyson Foods et d’autres producteurs de nourriture ont été accusés d’avoir manipulé le cours du…poulet. Je profite de l’occasion pour féliciter tout ces banquiers qui ont manipulé : le Forex, le Libor, l’or, la panse de brebis farcie, le quartier de porc et qui ont inventé le subprime et le flash crash, c’est quand même plus glamour que de manipuler le prix du nugget de poulet.

En conclusion de tout cela, les marchés ont tout de même vécu un mois de janvier fabuleux et si l’adage qui dit que ce que nous vivons en janvier est le reflet de ce que nous vivrons le reste de l’année, ça va être facile !!! En revanche si on l’applique aux Cryptomonnaies, ça va moins rigoler. Le Bitcoin a perdu 26% sur le mois de janvier. C’est moins pire pour l’Ethereum qui est même encore en hausse sur le mois de janvier… Ben alors il faut être short Bitcoin et long Ethereum ?? C’est peut-être la solution pour devenir très très riche. Ou pas.

Ce jeudi, nous aurons le Manufacturing PMI en Allemagne, en Angleterre et aux States. Et puis il y aura les chiffres d’Apple, Google et Amazon, chaud l’after close de ce soir, chaud !!!!

Pour l’instant, je vais vous laisser vaquer à vos occupations de la journée, ça risque bien d’être aussi ch.. euh… passionnant qu’hier en attendant les chiffres du reste des FAANG’s…

Vous savez quoi ? Très belle journée, la vie est exceptionnellement belle et vaut définitivement la peine d’être vécue ! Je vous retrouve demain si on m’a laissé revenir de Zürich, vu que je n’ai pas fait mes vaccins.

Thomas Veillet
Investir.ch

« C’est trop calme… j’aime pas trop beaucoup ça… J’préfère quand c’est un peu trop plus moins calme… »

Numérobis