Berkshire Hathaway a pleinement bénéficié de la réforme fiscale américaine en 2017.

Dans sa très attendue lettre annuelle aux actionnaires (téléchargeable ici), Warren Buffett a dévoilé samedi dernier dans quelle mesure Berkshire Hathaway a bénéficié de la baisse d’imposition des entreprises mise en œuvre par l’administration américaine. Ceci l’a amené à annoncer que 45% des 65 milliards de dollars de gains de l’exercice 2017 ne provenaient pas des décisions de gestion, mais d’un gain fiscal s’élevant à 29 milliards. Bien que la nouvelle soit excellente pour ses actionnaires, Warren Buffet l’a accueillie de manière mitigée car ce résultat va à l’encontre de sa conviction personnelle que les riches devraient payer plus d’impôts.

L’autre point qui a considérablement irrité le milliardaire porte sur la prochaine réforme des règles comptables américaines obligeant les entreprises à effectuer un mark-to-market des participations détenues dans d’autres sociétés. De son point de vue, de telles réévaluations sur une base trimestrielle ne feront qu’augmenter la volatilité des cours et inquiéteront inutilement les investisseurs de long terme sur base de caprices boursiers de court terme.

Concernant les performances des différentes activités détenues par le conglomérat, le seul point négatif concerne les activités de réassurance. L’année 2017 a connu plusieurs catastrophes naturelles de grande ampleur amenant une perte de l’ordre de 3.2 milliards (avant taxes) pour Berkshire Hathaway, après 14 années de bénéfices pour la branche assurances, l’un des pilier de la holding depuis 1967.

Berkshire Hathaway Inc (action A) – source: bloomberg.com

Malgré cela, les performances 2017 ont été supérieures à la moyenne puisque la book value a gagné 23% (moyenne historique depuis 1965: 19.1%) et l’action Berkshire Hathaway a progressé de 21.9% (moyenne historique: 20.9%). La société dispose actuellement de 116 milliards de dollars de liquidités mais Warren Buffet estime que beaucoup de cibles potentielles sont actuellement bien trop chère pour en considérer l’acquisition. Cette cherté du marché s’explique selon lui par une frénésie acheteuse amenant les dirigeants à effectuer des acquisitions à des niveaux de valorisation bien trop élevés, profitant de l’opportunité de s’endetter à des taux historiquement bas. Un comportement malheureusement encouragé par Wall Street, comme le déplore encore Warren Buffet, qui n’a jamais été partisan de l’endettement ni de l’effet de levier. Il a d’ailleurs réitéré que sa philosophie d’investissement consiste à prendre des participations dans des activités économiques, pas à acheter et vendre des titres sur base du graphique du cours, de prévisions d’analystes ou – pire encore – d’opinions exprimées par des médias. Cette saillie acerbe vise à faire taire ceux qui critiquent sa prise de participation dans Kraft Heinz, dont le cours a connu quelques déboires en 2017.

Concernant le futur de la société, le milliardaire de 87 ans ainsi que Charlie Munger, âgé de 94 ans, ont annoncé qu’ils conservaient leurs responsabilités mais ont annoncé la nomination au conseil d’administration de Gregory Abel et Ajit Jain. Certains analystes s’attendent ainsi à ce que les 2 compères effectuent une dernière méga-acquisition avant de se retirer. Un dernier coup d’éclat de ces génies de l’investissement, qui permettrait également de ne pas mettre d’entrée de jeu une pression excessive sur leurs successeurs afin qu’ils utilisent l’énorme réserve de cash à disposition.

Les fans de l’oracle d’Omaha auront la possibilité de suivre l’assemblée annuelle en direct via Yahoo! le 5 mai.