Je crois que c’est officiel. Nous sommes en plein délire géopolitique mondial et la plupart des mecs qui sont censés prendre de décisions pour « le peuple » sont à moitié cinglés. Et encore, quand je dis « à moitié », c’est par respect et pour rester poli.

L’Audio du 28 mai 2018

Petit bilan de la situation actuelle :

1) Trump se la joue girouette et aurait envie qu’on le supplie pour qu’il se pointe au sommet de Singapour le 12 juin. En fin de semaine dernière il a déclaré qu’il laissait tomber. En début de week-end, il a déclaré qu’il pourrait y aller quand même et ce dimanche – parce Monsieur ne s’arrête jamais de faire des conneries ou de la ramener sur Twitter – il a annoncé qu’un Team Américain était arrivé à Singapour pour préparer le sommet si les Nord Coréens acceptaient leurs conditions. On ne sait même plus quelles sont les conditions, la seule chose que l’on sait, c’est qu’elles sont trop longues pour les mettre dans un Tweet, sinon il l’aurait fait, l’autre andouille. Donc les USA sont suspendus à la décision de Trump qui est capable de nous faire le coup d’un pas un avant, un pas en arrière encore une douzaine de fois avant le 12 juin. En attendant le marché n’aime pas quand il n’y va pas et il aime quand il y va. Ce matin les futures sont franchement en hausse depuis qu’il a tourné la veste ou retourné la veste ou re-retourné la veste, je ne sais plus, mais en même temps, le marché US est fermé parce que c’est Memorial Day.

2) Le bordel en Italie chapitre, je-ne-sais-plus-combien. Le Président a donc refusé la nomination d’un des Ministre proposé par Giuseppe Conte. Il s’agissait du Ministre des Finance, Monsieur Savona – Eurosceptique devant l’éternel, âgé de…81 ans – Là on a envie de dire : et la retraite !!!??? Non debleu !!! Mais c’est pas à cause de ça, Mattarella, le Président Italien a 76 ans. Non, le problème c’est l’Eurosceptiscisme. Mattarella ne veut pas d’un Eurosceptique pour mener les finances de l’Italie et se mettre à dos les banques et l’Europe. Autant dire que la décision n’a pas plu : Conte et son CV magouillé ont refusé le poste de Premier Ministre et les deux Présidents de partis, le 5 étoiles et la Liga ont hurlé comme des cochons que l’on égorge et Mattarella a convoqué un ancien du FMI – Cottarelli pour former un nouveau gouvernement tout en ayant pour objectif d’organiser de nouvelles élections. C’est donc la crise politique 3.0 en Italie qui continue et Moody’s a courageusement downgradé la dette italienne dans la foulée.

3) Pour faire bon poids et bonne mesure, c’est également en train de partir en vrille en Espagne puisque la gauche s’en prend au Premier Ministre et que le Sud de l’Espagne veut toujours divorcer du Nord. En conclusion, l’Europe ça reste l’Allemagne et la France – et encore, en France on peut se demander. Les Allemands doivent commencer sérieusement à se demander si ce n’était pas mieux avant et Draghi doit se demander ce qu’il fout dans ce panier de crabes et si ce n’était pas mieux avant aussi, quand il faisait des émissions obligataires pourries pour la Grèce au nom de Goldman Sachs.

4) Etonnement, on ne parle pas de la Trade War entre la Chine et les USA, mais ça va sûrement venir durant la semaine, en revanche, le pétrole est en train de se faire défoncer propre en ordre depuis trois jours, puisque l’on s’autorise à penser, toujours dans les milieux autorisés que la production POURRAIT être augmenté d’un million de baril par jour. Ça fait trois jours qu’on en parle, trois jours que trois millions de barils supplémentaires n’ont PAS été produits, mais que ça pourrait venir… Le baril est passé de 72.80$ le 22 mai à 66.12$ ce matin. Je n’ai pas encore vu, lu ou entendu une des ces stars de LinkedIn et des réseaux sociaux qui la ramène toutes les deux minutes depuis deux mois pour dire qu’ils savaient et qu’ils savent que le pétrole va à 100… Personne, rien, pas un mot, pas une carte postale, rien. Ils ont dû le faire les ponts du mois de mai. Tous les ponts. Et ne recommencent que début juin, on se réjouit d’avoir un feed-back…

Tout ça pour vous dire que l’on fait dans le « réchauffé », que l’on n’est pas plus avancé que vendredi dernier et que les marchés financiers n’ont d’yeux que pour la géopolitique et les bricolages politiques à droite ou à gauche. Aux USA on écoute Trump, on vend les bonnes nouvelles, on achète les mauvaises ou l’inverse ça dépend du vent et du taux de connerie dans l’air. En Europe on apprend des noms de familles que l’on devra oublier dans trois jours parce qu’ils ont été virés ou qu’ils ont démissionné, et si dans trois semaines je vous demande qui est Conte, Cottarelli, Savon, Mattarella, Di Maio et Salvini, mis à part me dire qu’ils ne JOUENT PAS à la Juventus, vous serez bien incapables de me répondre, mais rassurez-vous ; moi non plus. Et pour ce qui est du reste du monde, on essaie d’interpréter ce qu’il faut faire avec une vision sur le prochain quart d’heure. Comme d’habitude, il y a des choses qui ne changent pas.

Maintenant en ce qui concerne les indices boursiers, ça ne va pas si mal. Si l’on ne regarde pas le MIB en Italie. Le reste va plutôt bien et ceux qui ont encore joué le concept du SELL IN MAY AND GO AWAY, peuvent à nouveau se dire qu’ils auraient mieux fait de s’épiler les sourcils à la cire chaude et que ça aurait été moins douloureux. Par contre, qu’ils se rassurent, selon l’Almanach des traders, source inépuisable de bonheur dans le monde de l’investissement depuis des siècles, il semblerait que le mois de juin soit, je cite : « le-deuxième-pire-mois-de-l’année-surtout-en-période-électorale-comme-c’est-le-cas-cette-année-aux-USA». Alors attention… le pire est à venir et le joli mois de mai que l’on vient de se faire pourrait se transformer en mois de juin tout pourri. Surtout que le pétrole est en train de faire démonter et que les titres du secteur partent avec. Sans compter que si le million de barils supplémentaire arrive enfin, ça va être très, voir trop compliqué.

Mais bon, que l’on se rassure, Kermitt-Trump-La Grenouille va surement trouver de quoi nous animer les prochaines semaines, pendant que Peggy-Kim-Jong-Un la cochonne va continuer de lui courir après en lui tapant dessus tout en lui disant qu’elle l’aime et que Gonzo-Draghi va s’occuper de son QE, que Fozzie-Bolton va nous gérer la crise iranienne et que les deux vieux du balcon, l’Espagne et l’Italie vont nous faire trembler toutes les 5 minutes provoquant des secousses sur l’Euro facilitant les exportations de l’Allemagne puisqu’on dirait que c’est les seuls qui bossent en Europe en ce moment…

Voilà, vous l’aurez compris, les fondamentaux économiques et ceux des entreprises sont un peu mis au rencard, mais il ne faut pas renoncer pour autant, parce que contrairement à ce que l’on pense, les entreprises cotées en bourse n’arrêtent pas de travailler et de faire de l’argent pendant que les grands de ce mondes jouent à savoir qui a la plus grosse et en général quand la poussière géopolitique retombe, on se rend compte que Nestlé a vendu un paquet de chocolat, de flotte et de café, que Coca-Cola vend toujours une chiée de bouteilles et un peu partout dans le monde, McDo fait de la bouffe pourrie, mais qu’il y a quand même la queue devant chaque restaurant tous les jours, midi et soir et partout dans le monde c’est pareil. Amazon est toujours plus gros, plus grand, plus fort. Que Google fait toujours un paquet de fric avec vos données – entre autres – que vous venez quand même de passer 45 minutes sur Facebook aujourd’hui et que du coup, ils vendent un peu plus de pub et que votre préoccupation principale de la semaine c’est de savoir si vous allez acheter un nouvel iPhone ou pas…et que du coup, Apple encaisse toujours 5 milliards de cash tous les mois.

Alors à la fin, savoir si Trump va en week-end à Singapour ou savoir si c’est Paolo Conte ou Benito Mussolini qui dirigera l’Italie et même si l’Italie restera dans l’Europe, ça ne changera pas le fait que la machine économique continue de tourner et que le consommateur consomme toujours et que pour le moment, ce n’est pas les états d’âme de Trump qui vont y changer quelque chose. D’ailleurs, vous n’avez pas remarqué que depuis qu’il est au pouvoir, ses Tweets ont de moins en moins d’impact sur les marchés ? On s’habitue à tout.

Ce matin les marchés asiatiques ne font rien et regardent le pétrole baisser. L’or est à 1302$ et je ne sais pas trop quoi vous dire d’autre. Les Futures sont en hausse à cause de Trump et ça risque de secouer encore en Europe à cause de l’Italie et maintenant de l’Espagne.

Côté news du jour, je vous encourage à relire ce que je viens d’écrire, tout tourne autour de ça, sans compter que les ricains sont en mode barbecue jusqu’à ce soir, alors autant vous dire que la semaine commencera vraiment demain, mais que les thèmes seront les mêmes encore et encore.

En ce qui me concerne, j’ai envie de vous dire « À demain », mais en même temps, je me demande si il sera bien nécessaire d’écrire quelque chose demain, puisque ça risque bien d’être la même soupe et la même purée encore et encore, à moins que Trump change de registre, mais je ne compterais pas trop dessus. Quand à l’Italie, le jour où ça sera comme l’Allemagne, ben ça n’aura plus le même charme.

Ah oui, j’oubliais.. mais promettez-moi de ne rien dire à personne, parce que personne n’en parle, mais le 10 ans américain, il est retombé à 2.93% de rendement, mais chuuuuutttt…. Ça reste entre vous et moi.

Je vous souhaite un très bon début de semaine et on se retrouve bientôt. Si c’est vraiment nécessaire. Moi je vais m’acheter un costume de Kermitt la grenouille.

Thomas Veillet
Investir.ch

“I can talk for a long time only when it’s about something boring.”
― Lydia Davis,