Ouf. Je suis rassuré. Vendredi dernier j’avais peur que l’on ne sache plus de quoi parler, ça va beaucoup mieux depuis que les deux cinglés de services ont décidé de se faire la guerre des mots et les guerre des taux.

L’Audio du 13 août

En effet, depuis vendredi dernier, on ne se préoccupe plus des tarifs douaniers avec la Chine. On ne s’intéresse plus aux chiffres du trimestre qui sont au-dessous ou au-dessous des attentes. On ne se demande plus si Apple vaudra un jour deux mille milliards ou si Musk est complètement bipolaire ou seulement un peu et s’il faut le poursuivre en justice ou pas. Tout cela est terminé, c’est du passé, le truc à la mode depuis 4 jours, c’est la « Crise Turque ».

On va l’appeler comme ça, puisqu’apparemment ça va nous occuper pendant quelques jours.

Pour faire simple, la Turquie détient un pasteur américain sous des charges d’espionnage et Trump a décidé de le faire sortir. Le meilleur moyen pour ce faire, c’est de mettre la pression sur la Turquie via les tarifs douaniers. Vendredi Trump a doublé la mise sur les sanctions douanières sur l’acier – mais seulement pour la Turquie. Ce qui a provoqué un vent de panique qui souffle encore.

Ce qu’il y a de bien avec les tarifs douaniers, c’est que ça sert à tout. Sur ce coup là, les Américains ont fait s’effondrer la Livre Turque et c’est le bain de sang dans le reste des marchés du monde entier. Il faut dire qu’Erdogan n’est pas « monstre coopératif » non plus, mais en même temps quand vous mettez Trump et Edorgan dans la même pièce, il ne faut pas s’attendre à autre chose qu’une nouvelle version VIP de Mortal Combat. Deux tarés version XXL, il ne faut pas s’attendre à autre chose.

Ça serait quand même beaucoup plus calme si le conflit était entre Parmelin et Berset.

En tous les cas, on a trouvé la bonne justification pour vendre et « prendre les profits » après une bonne, voir excellente saison des résultats et des chiffres économiques encourageants. Les marchés européens finissaient dans le pâté vendredi : ne cherchez pas plus loin, c’est la faute à la Turquie. De plus la BCE s’est déclarée inquiète que certaines banques européennes soient un peu trop exposées à la Livre Turque, les plus gros prêteurs, Unicredito, Santander et BNP sont sous le radar.

C’est quand même drôle, parce que c’est souvent les mêmes. Je suis même étonné de voir que le Crédit Suisse n’est pas dans le coup, mais dans le doute on va attendre deux ou trois jours histoire de voir s’ils n’ont pas un produit structuré sur la Turquie qui nous pète à la figure.

Donc l’Europe a baissé ; la faute à la Turquie, les marchés US ont baissé, la faute à la Turquie. Ce matin l’Asie toute entière se fait défoncer ; la faute à la Turquie et puis les monnaies se font également secouer dans tous les sens et c’est aussi la faute à la Turquie.

La Livre Turque elle-même se prend 40% dans les dents depuis début août. Comme quoi un pasteur en costume de 007, un Président Américain qui veut faire justice et un dictateur Turc qui est à peu près aussi sain d’esprit qu’Hitler au top de sa forme et du jour au lendemain, on a un bonne crise monétaire pour nous occuper la fin des vacances !!!

Il faut dire qu’on a du bol, parce que à ça près, on s’ennuyait jusqu’au mois de septembre que l’on avait prévu pour guetter les krachs du mois d’octobre.

Pour le reste, le pétrole ne fait rien, l’or ne fait rien, le Bitcoin et les Cryptos ne font rien, de toute façon, on est tous bien occupé à se prendre la tête avec la Turquie, sujet qui est devenu L’AXE PRINCIPAL pour prendre un décision d’investissement depuis vendredi dernier.

Je suis impatient de ne parler plus que de ça.

Il faut dire que de l’autre côté, mis à part Elon Musk qui vient de se faire attaquer en justice pour avoir manipulé le cours de sa société et dans la foulée, le fonds souverain saoudien qui était censé participer au Buy Out de Tesla selon les « rumeurs » a déclaré qu’il n’était pas intéressé par le sujet, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent.

En tous les cas, Trump ne chôme pas, il serait peut-être même intéressant de penser à le mettre sous Ritaline. Sur 3-4 jours il est capable de se fâcher avec la Turquie, de continuer à mettre la pression sur les Chinois – qui commencent à sentir passer la facture – il peut se moquer de Harley Davidson à propos de la délocalisation de leur production et de se re-fâcher avec les Turcs, mais un peu plus… Je suis en train d’imaginer ce que l’on serait devenus si Hillary était devenue Présidente. L’ennui nous guetterait sûrement et nous serions en train de partager nos sculptures en trombones ou nos fresques en post-it sur Facebook.

Bref, on ne va pas perdre plus de temps que ça ; aujourd’hui le thème principal c’est la Turquie. On ne va parler que de ça et uniquement de ça. Erdogan veut mettre en place un plan économique pour stopper la spirale, mais pour le moment l’Asie s’en cogne et les futures sont indiqués en baisse et en plus il n’y a même pas de chiffres économiques, nous laissant toute la place pour ne parler que de la Turquie. La question que je me pose, c’est de savoir quand est-ce que l’on s’est préoccupé de la Turquie dans l’économie mondiale pour la dernière fois ?

C’est bien ce que je pensais.

Bon, ben c’est bien ça nous occupe. En plus il va faire moche aujourd’hui, alors comme ça on pourra parler de la Turquie et de la pluie, ça va nous donner des sujets de conversations originaux.

En attendant, je vous souhaite un bon début de semaine et on fera le point demain, histoire de voir si Trump a décidé de taxer la Turquie à 100% sur l’acier, ce qui rendrait la situation vraiment drôle.

Passez une excellente journée et on se retrouve demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

“The farther backward you can look, the farther forward you are likely to see.”

Winston Churchill