Fin de semaine épique sur les bourses mondiales et c’est à nouveau les taux qui sont en train ou qui essaient de déclencher la panique.

L’Audio du 8 octobre 2018

Et pour l’instant, ça marche.

Le rendement du 10 ans américain est passé de 2.81% le 23 septembre à 3.23% vendredi dernier. Autant dire que ce n’est pas toujours simple à digérer. Un « expert » le disait encore hier : « ce n’est pas tant le fait d’être à 3.23% qui fait du mal, c’est la vitesse à laquelle nous y sommes arrivés ».

En effet, il y a encore 4 jours nous étions à 3% et là, pouf, 3.23%. Un peu comme en février dernier, tout le monde a la tête qui tourne, comme à chaque fois que l’on change trop rapidement d’altitude. Tout cela parce que tout va trop bien. Ou presque.

TOUT VA BIEN !

On pourra dire ce que l’on veut, si l’on regarde les chiffres économiques et ce qui se passe aux USA : TOUT VA BIEN. Les chiffres du chômage sont au plus bas depuis que le chômage existe – ou presque – les chiffres économiques dans leur ensemble sont bons et on attend les chiffres du troisième trimestre qui vont démarrer cette semaine, afin de savoir si les sociétés elles-mêmes, tissu économique de base, sont enfin en train de marquer le pas – ce qui corroborerait les théories comme quoi nous sommes à la fin d’un cycle et que la récession est proche… Tout comme Halloween est proche et en plus nous sommes en plein mois d’octobre, LE MOIS POURRI PAR EXCELLENCE !!!!

Les étoiles sont presque un peu trop alignées…

Calmons-nous deux secondes et revenons à la base.

L’économie américaine va bien. La croissance est bonne, l’emploi va bien, les perspectives semblent bonnes et, mis à part la guerre avec les Chinois, c’est un plan qui se déroule sans accroc pour Donald Hannibal Smith-Trump.

Inflation, vous avez dit : « inflation ? »

Mais voilà, il y a l’inflation qui est là, tapie dans l’ombre, telle un fauve prêt à bondir pour saisir le pauvre investisseur à la gorge. Powell, le patron de la FED tente donc de bloquer l’inflation en montant les taux directeurs tout en prenant le risque de freiner la croissance en rendant l’accès à l’argent un peu trop cher pour les entreprises.

C’est ce délicat équilibre que la FED tente de maintenir.

Pendant ce temps, les marchés réagissent comme à leur habitude, tel une classe de jardin d’enfant qui rentre de promenade et à qui on demande de s’asseoir calmement pour prendre le goûter.

Les derniers chiffres ont déclenché un « sell off » dans le marché obligataire, les rendements sont donc montés en flèche et du coup, à un certain moment le doute nous a saisi à la gorge et on s’est dit qu’à 3.23% de rendement, autant prêter du fric au gouvernement US – qui est TELLEMENT sécurisant – que de rester engagé dans des actions qui sont TELLEMENT montées et qui sont TELLEMENT angoissantes et stressantes.

Et paf, fin de semaine pourrie, on met la tête entre les genoux quand on entend les mots : « brace, brace, brace » et on attend l’impact en se disant que statistiquement un krach, ça n’arrive qu’aux autres.

Antidépresseurs à la main et whisky dans l’autre

En ce lundi matin, c’est donc la dépression qui nous guette et les théories sur ce qu’il faut faire en cas de hausse des rendements et des conséquences qui nous attendent sont légion et foisonnent dans les médias financiers. Cela fait donc partie des lundis où l’on n’aimerait juste retourner se coucher en espérant que demain ça sera mieux ou même carrément oublié.

Sans compter que les Chinois reviennent d’une semaine de congé et rattrapent le retard avec une baisse de 3% pour fêter ça. Alors on sait bien que c’est juste pour recoller à la roue du reste du monde, mais psychologiquement quand on regarde ça sur l’écran du Bloomberg, c’est déprimant.

Nous sommes le lundi 8 octobre 2018 et j’entend déjà les douces voix des gourous de la finance qui vont nous dire : « on vous l’avait dit !!! ». Reste à savoir ce qu’ils nous avaient dit, puisqu’ils nous ont prédit tellement de choses depuis le premier janvier que l’on peine à faire le tri. Une chose est sûre, s’ils ont raison, ça va mal se finir. Surtout si c’est Albert Edwards de la SocGen qui a raison.

Et qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Aujourd’hui, il va donc falloir tâcher de savoir raison garder. Tout d’abord, oui, le rendement du 10 ans est haut – mais les tendances des indices boursiers américains n’ont pas encore été égratignées et avant d’être dans les 20% de correction qui nous annonceront un « bear market », on a encore un peu de marge.

L’Europe n’a pas bonne mine, soit, mais les support horizontaux que l’on a testé ces dernières semaines sont encore là. Même en Italie. Ce qui n’est pas peu dire.

J’ai donc envie de dire qu’il faut encore serrer un peu les fesses avant de siffler la fin du match parce que ce n’est pas la première fois que l’on nous annonce la fin du monde avec une garantie de 100%, satisfait ou remboursé et que dans le deux semaines on fait un nouveau « plus haut » sur le Nasdaq ou le S&P.

Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître que la situation est critique – pas économiquement parlant – mais nerveusement parlant. Manquerait plus que l’Italie nous lâche définitivement, mais comme apparemment, ils ne veulent pas retourner à la Lire tout de suite, il y a de l’espoir.

Quoi de neuf ?

La Chine lance un plan de secours de 175 milliards pour relancer leur économie via les prêts bancaires. Les Chinois se préparent à la confrontation avec les USA, vu que le mois de novembre approche à grands pas. Pendant ce temps, le pétrole s’est pris une petite tape derrière les oreilles et se traite à 73.81$ – après avoir frisé les 77$ la semaine dernière. La raison étant que l’on s’autorise à penser, dans les milieux autorisés, qu’éventuellement peut-être, les USA pourraient desserrer l’étau pétrolier autour de l’Iran.

Tiens. Finalement Trump se rend compte que le baril à 80$, ça ne va que moyennement l’arranger pour les élections.

On reparle BIEN EVIDEMMENT de Tesla, puisque Musk a ENCORE fait des siennes la semaine dernière. Puisque Môssieur refuse de se taire et ne peut pas s’empêcher d’allumer la SEC par tweets interposés, sans oublier qu’il estime aussi que les « short-sellers » sont des « destructeurs de valeurs » et que ces « méthodes d’investissement » devraient être interdites. On peut être d’accord avec lui, mais tant que c’est légal, c’est comme ça.

Néanmoins le fait que Musk traite la SEC de “Shortseller Enrichment Commission », ne va pas aider à améliorer son image vis à vis des investisseurs. Et il aura besoin d’eux quand il faudra augmenter le capital de Tesla pour rembourser la dette qui arrivera inévitablement à échéance. Au passage, on notera que Tesla vient d’annoncer que son Model 3 a réussi les tests de sécurité haut la main et même mieux que ça.

Au Brésil on parle de la présidentielle, selon les derniers sondage, c’est l’extrême droite qui devrait remporter la mise. Ça continue encore et encore et visiblement ce n’est pas près de s’arrêter. Aux USA on a donc confirmé Kavanaugh au poste de juge de la cour suprême des USA, visiblement, 35 ans pour se souvenir de certaines agressions sexuelles, c’est trop long. En même temps, au vu de l’âge de certains Sénateurs et des casseroles qu’ils doivent se trimbaler, ça ne doit plus les choquer depuis longtemps.

Pour le reste, on va tout de même entamer la saison des résultats puisqu’il n’y a pas que les taux qui comptent après tout. Les sociétés vont publier leur troisième trimestre et on va enfin savoir si c’est CETTE FOIS que la musique va vraiment s’arrêter, comme cela devait être le cas il y a un an, il y a 9 mois, il y a 6 mois et il y a encore 3 mois. En tous les cas, ça va commencer à chauffer en fin de semaine, en commençant comme d’habitude par les bancaires. Concernant les chiffres économiques, nous n’aurons que la production industrielle allemande et pour le moment les futures sont légèrement plus faibles alors que la Chine est TOUJOURS en baisse de 3%.

Il me reste à vous souhaiter un bon début de semaine, un bon lundi et que les taux soient avec vous. Que Powell vous soutienne et que Trump et Musk se taisent au moins 48 heures, ça nous fera des vacances.

Et puis n’oubliez pas, le 18 octobre à 17h45, nos sponsors AtonRa Partners, vous offrent l’occasion de voir un peu plus loin dans le futur avec une conférence intitulée : Sustainable Future: Building A New World . – l’invitation se retrouve également dans la rubrique AGENDA du site.

Vous trouverez l’invitation et de quoi vous y inscrire en « scrollant down » un peu plus bas..

Autrement on se retrouve demain à la même heure !

Thomas Veillet
Investir.ch

« Under capitalism, man exploits man. Under communism, it’s just the opposite. »

John Kenneth Galbraith