Incroyable comme le sentiment peut tourner en l’espace d’un dîner de deux heures.

L’Audio du 4 décembre 2018

Il aura suffit d’un seul dîner à Trump pour transformer le sentiment global de « on est mal barré » à « tout va bien, finalement ».

J’exagère sûrement un peu, mais quand on voit la réaction des marchés ces dernières heures, on se dit qu’on a quand même la mémoire courte et qu’il ne nous en faut pas beaucoup pour nous emballer.

Emballé ou pas ?

Mais d’ailleurs, est-ce que l’on s’est réellement emballé hier ? Pas complètement certain, on a senti une certaine euphorie à l’ouverture, mais on avait quand même l’impression qu’il faudra un peu plus pour que le rallye aille plus loin.

Non, parce qu’une trêve, c’est bien. Mais un accord définitif, c’est quand même mieux.

On sait dorénavant que Trump va donc suspendre ses taxes douanières MAIS que si rien ne se signe d’ici fin février, ça remontera à 25% de taxes immédiatement. Dans l’intervalle, les Chinois vont réduire progressivement et finalement faire sauter les taxes sur les voitures (actuellement de 40%), ils se sont aussi engagés à acheter massivement des produits agricoles américains.

Et maintenant quoi ?

C’est bien. Sauf que maintenant on a 90 jours pour trouver une solution. 90 jours c’est long pour les marchés boursiers, sachant qu’actuellement, le long terme c’est 3 semaines, 90 jours c’est de l’ultra-long-terme, limite du business de caisse de pension. Toujours est-il que ces prochains mois on va attentivement observer le ballet diplomatique entre la Chine et les USA pour savoir si l’on va vers un prolongement de la trêve ou si l’on peut déjà commencer à stocker des munitions pour le retour de la guerre.

Ceci étant dit, dans l’immédiat, ce que l’on sait, c’est que le mois de décembre est souvent un bon mois pour les actions. À l’inverse d’octobre qui souvent un mois tout pourri. Surtout le dernier. D’autres aussi, mais surtout le dernier.

Pourvu que ça dure

Reste donc à espérer que le momentum ne va nous claquer dans les mains dans les jours qui viennent, surtout qu’il ne reste pas grand-chose devant nous avant de plier pour la fin de l’année.

Je rappelle que nous sommes le 4 décembre. Demain c’est fermé aux USA, la semaine prochaine c’est l’Escalade, et puis après entre les Christmas Parties pour éponger les excédents et les derniers shoppings de Noël, je ne suis franchement pas certain que l’on soit enclin à faire les grandes manœuvres juste avant 2019.

Toujours est-il qu’hier, la journée aura été une journée de soulagement où soudainement, « être bull » n’était plus une honte. On peut certes être déçu de la performance à la fin de la séance, surtout après avoir vu les futures tellement forts hier matin, mais il faut dire que selon les experts « les professionnels avaient déjà acheté la semaine dernière » AVANT le tango de Buenos Aires et que donc, forcément, il fallait booker les bénéfices.

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Les losers de retour

Les stars de la journée étaient donc ceux qui s’étaient fait démonter récemment, mais aussi les pétrolières parce que les Saoudiens et les Russes sont amis et vont couper la production. Il y avait aussi les semi-conducteurs qui vont profiter de la nouvelle amitié temporaire des Américains et des Chinois. Et puis le secteur automobile, puisque les Chinois ne vont plus le taxer à terme et quand on voit les voitures très moches qu’ils font en Chine, on se dit qu’il y a un truc à jouer.

À la question : « ce rebond est-il un feu de paille ou pas ? », les analystes techniques sont tous sur le pont et estiment dans leur grande majorité que des configurations « bullishs » sont en train de se dessiner ici et là. Il y en a même un qui estime qu’un « re-test » des plus hauts de l’année (et donc du plus haut de tous les temps) n’est pas à exclure d’ici la fin de l’année.

Bull or not Bull ?

À ce propos. Je veux bien être bullish ou bull ou peut importe comment on veut me qualifier, mais si le S&P500 retourne au plus haut de l’année d’ici au 31 décembre, je me teins les cheveux en jaune. Vais pas me greffer des cornes, y a pas de subventions pour ça en Suisse.

Quoi qu’il en soit, on sent comme un vent de positivisme arriver sur les marchés. Il est clair que la météo peut tourner très vite, mais en même temps, il faut reconnaître que ça aiderait tout le monde si on finissait l’année en boulet de canon. Mais avant de sortir la combinaison en latex de « SuperBullish », va quand même falloir attendre de voir comment se passent les prochains jours.

Comme disait Yoda : « Ne pas se précipiter, savoir raison garder il faut ».

Pétrole is back…mais il es pas sûr encore

Du côté du pétrole, tout va bien à nouveau.

Enfin, disons qu’il ne baisse plus et que les promesses de coupes de production évoquées par MBS et Poutine rassurent et soulagent les traders qui retrouvent quelques velléités acheteuses. Ce matin le baril est à 53.47$.

Mais que se passe-t-il ?

Et puis il se passe un truc. Je ne sais pas comment je dois le prendre, mais depuis hier je suis bullish sur l’or. Je suis incapable d’expliquer pourquoi et je n’ai aucune explication fondamentale, mais là tout de suite, quand je regarde le graphique de l’or ; j’ai assez envie de vendre mon iPhone pour acheter des lingots. Je précise que je déteste ce truc et que je n’y ai jamais rien compris, mais là tout de suite. Je serai long…. Je sais, ça ne fait aucun sens, mais on verra bien.

Actuellement l’or est à 1241$ et le Bitcoin se fait RE-défoncer encore une fois et revient sous les 4000$, à 3842$ pour être précis. Une rupture à la baisse des 3600$ serait catastrophique. Je ne sais pas ce qu’en pense Nabilla, mais soyons prudents.

Prise de profits en Asie

Ce matin, on prend les profits en Asie. Le Japon baisse pour la première fois après 7 séances de hausse. Le Nikkei recule de 1.8%. Hong-Kong et la Chine baissent tous deux de 0.10%.

En ce qui concerne les nouvelles du jour, inutile de vous dire que tout tourne autour des discussions à venir entre la Chine et les USA. Les économistes se sont déjà mis sur le coup et selon eux, après s’être plongés dans leurs livres d’histoire, ils ont trouvé que le 18 décembre serait une bonne date pour que la Chine change le cours de son économie, puisque ça correspondrait aux 40 ans de ses réformes économiques.

Ça vaut ce que ça vaut, mais quand on voit ce qu’on voit en terme de nouvelles ce matin, autant s’intéresser à ça.

On aime la paix

Donc, pour faire simple et pour conclure : nous sommes en période de paix – une trêve au milieu du champ de bataille, il y a des opportunités et les intervenants tentent d’y croire, mais on va avoir besoin d’être rassuré ces prochains jours. La moindre alerte pourrait mettre le château de cartes par terre et remettre l’angoisse comme premier sentiment au réveil.

Nous marchons sur des œufs, pas comme Macron qui lui, marche sur des pavés.

Côté chiffres économiques, nous aurons absolument rien du tout de relevant et les futures sont en baisse de 0.7%, laissant supposer que, pour l’instant, la journée est placée sous le signe des prises de profits et surtout sur le fait qu’on veut bien y aller, mais qu’on a quand même vachement peur.

Il me reste à vous souhaiter une excellente journée et vous dire qu’on se retrouve demain pour brasser de l’air, parce que les Américains ne seront pas là, trop occupés à observer un enterrement à la télé.

Thomas Veillet
Investir.ch

« I do not like broccoli and I haven’t liked it since I was a little kid and my mother made me eat it. And I’m President of the United States and I’m not going to eat any more broccoli. »

-Georges H. W. Bush, Former President of United States and now dead President of United States