Si la lettre que vous avez envoyée au Père Noël c’était pour lui demander un “Christmas Rally”, je peux vous dire qu’elle s’est perdue dans le courrier. Merci Tariff Man !
L’Audio du 5 décembre 2018
Nous n’en sommes pas encore au bilan de l’année, mais il y a une chose que l’on ne pourra pas reprocher à l’année 2018, c’est qu’elle fût ennuyante. Enfin, si. Par moment c’était ennuyant.
Mais depuis le début du mois d’octobre et le dernier pétage de plomb en date de la volatilité et des algos, on ne peut pas dire que c’est les vacances.
C’était mieux avant !
Il fût un temps, sur les marchés boursiers, on prenait notre temps pour changer d’avis. On analysait. On sentait que le sentiment de fond était en train de changer, mais ça se faisait à la vitesse d’un paquebot qui manoeuvre dans un port de Corse pendant la sieste.
Et puis depuis quelques temps, on a changé de rythme et on fait ça plutôt à la vitesse d’un labrador qui mange. Celle de la lumière.
Lundi matin, après le “moratoire” annoncé par les Rois du Monde, on était plein de commentaires dégoulinants d’optimisme. Un état de “bullish attitude”, le feeling que Trump et Xi nous avaient filé une carte du monopoly qui donne le droit d’acheter uniquement, mais de pas vendre.
Dans certains médias, on avait même ressorti les “Bulls” de l’armoire à naphtaline et il y en a même un qui expliquait encore mardi matin que “dans ces conditions, on pouvait imaginer un retour au plus haut de l’année avant la fin de l’année, justement”.
Tariff Man arrive et il va nous sauver. Ou pas.
J’avais d’ailleurs proposé de me teindre les cheveux en jaune ou de me raser la tête en cas de réalisation de cette prévision. Depuis hier soir mes cheveux sont tranquilles, ils resteront gris. Merci Tariff Man.
Tariff Man c’est donc le nouveau nom de “super héros” que Donald Trump s’est donné lui-même, hier soir sur Twitter. Emmanuel Macron c’est “J’ai peur du jaune Man” et Donald Trump c’est Tariff Man. J’imagine qu’Abraham Lincoln et le Général de Gaulle doivent faire office de ventilateurs dans leurs tombes, tellement ils doivent s’y retourner.
On y a cru 24 heures
Mais revenons au marché. Depuis l’ouverture de lundi après l’accord de Buenos Aires, on sentait bien que le marché n’était pas franc et ne montrait pas une envie débordante. La clôture de lundi soir n’était pas terrible et on espérait que mardi tiendrait le coup, surtout avant le mercredi de congé au USA.
Que nenni. Les analystes, les économistes, les stratégistes, les bouchers charcutiers et les assistantes de puériculture ont commencé a étudier à fond les tenants et les aboutissants du moratoire signé entre la Chine et les USA. Ils se sont rapidement rendus compte que ça serait compliqué de résoudre une équation à 12’500 inconnues en l’espace de 90 jours, équipé d’un crayon gris et d’un bloc note en papier recyclé.
Hier matin l’Asie était en baisse, l’Europe a suivit comme un seul homme et à l’ouverture de Wall Street, c’était rouge partout. Mais un rouge clair.
C’est alors que plusieurs choses se sont passées.
Un beau bordel..
Tout d’abord Larry Kudlow, le conseilller économique de Trump, s’est gouré dans les dates de mise en place du moratoire. Ce qui a mis la confusion sur un marché qui était déjà largement assez confus.
Puis Mnuchin le Secrétaire du Trésor a déclaré que “on verra ce que donneront les négociations” laissant entendre qu’il n’en savait foutrement rien.
Et pour faire bon poids bonne mesure, Tariff Man s’est lancé dans une série de “tweets” menaçants vis-à-vis de la Chine, laissant entendre que si ça ne se passait pas comme IL VOULAIT lui, les tarifs remonteraient et qu’à la fin il voulait que l’Amérique soit “riche AGAIN”…
Le contenu des “tweets” étaient tellement pathétique que si un enfant de 8 ans faisait ça sur Twitter, on l’interdirait de Smartphone et d’iPad et de télé jusqu’à la majorité.
On n’a pas aimé du tout, du tout, du tout
Le marché n’a pas du tout aimé et s’est donc dit qu’à ce rythme-là, on ne trouverait jamais d’accord, que c’est trop déprimant, que ce moratoire c’est tout caca et que dans ces conditions, vaut mieux tout vendre et partir en vacances de Noël ou voir l’enterrement de l’ex-Président à la télé ce mercredi.
Je pense même que certains auraient bien voulu voir l’enterrement du Président ACTUEL, plutôt que celui du vieux.
MAIS ATTENDEZ, ce n’est pas tout !!!
L’inversion fatale
En plus du fait que l’on s’est repris la Guerre Economique en pleine gueule en l’espace de trois “tweets” alors que l’on n’avait pas encore commencé à cicatriser, on s’est mis à parler de récession et d’inversion de la courbe des rendements.
Alors là… Inutile de vous dire que c’est l’équivalent d’un troupeau d’Ours qui ont enfilé des gilets jaunes et qui ont décidé de massacrer à la fourche tout animal portant des cornes dans la région.
En gros le rendement du 10 ans américain s’est pété la figure violemment hier soir et se rapprochait méchament du rendement du 2 ans. Ils sont au plus près depuis 2007. Un passage du taux à dix ans en-dessous du taux à deux ans est considéré historiquement comme un signe de récession à venir. C’est en tous les cas ce qui a été observé les trois dernières fois.
Souvenir, souvenir
Ce qui est chouette, c’est qu’en février on s’est pété la figure PARCE QUE LE RENDEMENT DU DIX ANS PASSAIT AU-DESSUS DE 3%… Et hier, on s’est fait défoncer parce que le RENDEMENT DU DIX ANS PASSAIT EN-DESSOUS DE 3%…
Bref…
On s’est fait défoncer.
La plupart des titres qui ont une relation de près ou de loin avec la Chine se sont fait allumer à cause de la Guerre Economique. Les titres qui ont une relation de près ou de loin avec les taux se sont fait exploser à cause que les rendements ils baissent et le reste des titres se sont fait massacrer parce que la récession est à nos portes.
Joyeux Noël !!!
Le S&P500 était parvenu à repasser au-dessus de sa moyenne mobile des 200 jours lundi matin, mardi soir c’était déjà du passé.
Finalement la seule bonne nouvelle de la journée, c’était que mercredi ça ne baissera parce que c’est fermé. Mais par contre, on a déjà peur de l’ouverture de jeudi matin, parce qu’à cette vitesse là, ça va faire peur aux rennes du Père Noël et il n’est pas exclu que les festivités soient annulées en cas de récession.
Ah oui, dans la foulée de tout ce négativisme ambiant, il y a un type de la FED qui a dit que « l’économie américaine se porte comme un charme », mais pour être franc, dans l’ambiance de fin du monde dans laquelle nous étions c’est un peu comme si le Premier Ministre français venait à la télé pour dire qu’il suspend les taxes sur l’essence prévues au premier janvier : TOUT LE MONDE S’EN FOUT…
Et maintenant ? Que vais-je faire ???
Ce matin l’Asie continue de baisser. Le Japon recule de 0.7%, le Hang Seng de 1.6% et la Chine de 0.4%. Cette une relativement belle performance compte tenu des 3% et plus des indices américains. L’ouverture en Europe promet d’être sanglante, comme un week-end à l’Arc de Triomphe.
Le pétrole rebaisse avec le reste, mais se maintient parce que l’OPEP devrait quand même couper la production et que dans le doute, on ne sait jamais. L’or ne bouge pas à 1240$, parce qu’on ne sait jamais, autant ne pas se réfugier trop vite.
Pour ce qui est des nouvelles du jour, autant vous dire que dans cette ambiance, mis à part si Apple décide de racheter la totalité du SMI d’ici la fin de la semaine, personne n’en parlera.
Récession, fin du monde et stockage de bouteilles d’eau
Nous sommes donc tous obsédés par l’inversion de la courbe des rendements, par le désespoir des bancaires à cause des rendements qui baissent et par la déprime totale du reste du marché parce qu’il n’y aura jamais d’accord avec la Chine, que l’économie va s’effondrer, que les systèmes politiques vont céder que Macron va devoir partir, qu’il sera remplacé par Cyril Hanouna et qu’à la fin, celui qui restera debout sur les ruines, c’est Pierre Maudet qui sera toujours là…
En conclusion, vivement les vacances.
Côté chiffres économiques, nous aurons plein de PMI’s un peu partout et le Beige Book sera publié aux States pendant que l’on mettra le Père Bush sous terre et que personne ne pensera à lui reprocher d’avoir engendré W. Bush et Jeb Bush… Qui sont quand même deux des plus grosses catastrophes politiques américaines de ces 50 dernières années.
À ce propos, vous avez remarqué comme quand vous êtes mort on oublie toutes vos erreurs ??? Surtout en politique. Tu peux avoir fait toutes les conneries du monde en étant en poste, quand t’est mort, t’es un génie. À ce rythme-là François Hollande devrait être canonisé…
Passez une excellente journée. Personnellement je vais aller m’acheter une marmite de l’Escalade avec plein de faux légumes en sucre à l’intérieur, la casser et la manger tout seul pour oublier. Une grosse marmite.
On se retouve demain, histoire que je vous raconte quand même que New York était fermé et que ça n’a pas baissé.
Thomas Veillet
Investir.ch
“Why should we take advice on sex from the pope? If he knows anything about it, he shouldn’t!”
― George Bernard Shaw