Quand vous lancez une balle en l’air, elle monte propulsée par votre force qui lui permet de s’éloigner de la Terre et de lutter contre l’attraction terrestre. Puis, pendant un bref instant, elle s’arrête et ne bouge plus – c’est imperceptible à l’œil humain, mais elle ne bouge plus, comme suspendue en plein vol – ensuite elle inverse sa trajectoire et vous retombe en plein dessus si vous ne faites pas attention et si c’est une pierre de 5 kilos à la place d’une balle, ça fait super mal. Si c’est le S&P500 ça peu faire mal aussi. C’est là où nous en sommes aujourd'hui.

L’Audio du 20 février 2019

Le marché est suspendu dans le vide, comme s’il avait rencontré un obstacle trop difficile à franchir. Les indices américains ne parviennent pas à aller plus haut et sans les Américains, les Européens n’y arriveront pas non plus, c’est une certitude.

Le retour des négatifs

Après une journée de congé pour fêter les Présidents Américains et une journée à ne rien faire, les « experts » de la fin du monde en ont profité pour reprendre possession des médias financiers. Les signaux d’alarme sont donc ainsi légion un peu partout.

À la question, « mais pourquoi on monte plus, papa ? », la réponse est : « tout est dans les prix mon fils ». On sait que les Chinois et les Américains vont se mettre d’accord et le résultat de cet accord est déjà parfaitement calculé et intégré dans le marché, on a tous sorti nos bouliers et retrouvé où se planquait la calculatrice sur nos iPhones. On a compté tout ce qui transite entre les USA et la Chine, on a estimé la totalité des biens échangés – avec une marge d’erreur de 0.2%. On a ensuite appliqué le contenu des négociations que l’on ne connaît pas encore, puis on a tout appliqué à tous les résultats de toutes les sociétés traitées en bourse aux USA et là on sait qu’on a trouvé LE JUSTE PRIX…

Tout est dans les prix, c’est comme ça. Tellement on est trop fort.

Et après ?

Et puis on a également répondu à la question « que va-t-il se passer ensuite, papa ? », puisque la réponse a été donnée ce matin par Avi Gilburt, spécialiste des vagues d’Elliott qui avait prédit une correction massive mercredi il y a 10 jours si je ne m’abuse.

Gilburt est revenu ce matin pour nous dire qu’il s’était trompé parce qu’en fait on n’avait pas complètement fini la vague a-b-c dans laquelle nous sommes, mais que maintenant on était en train de finir la vague b à l’intérieur de la vague abc et que là c’est bon, on va se péter la gueule à toute vitesse. La date exacte est encore à déterminer, mais on a posé la question à la marmotte qui met le chocolat dans le papier et la réponse ne saurait tarder.

Nuages noirs qui s’amoncèlent (ou pas)

Et puis le Barrons nous signale également que des nuages noirs s’accumulent sur nos têtes – enfin, surtout sur l’économie américaine, puisque c’est la seule qui compte – et que si ça continue, ça va mal se finir. Article principalement basé sur les chiffres des ventes de détails publié la semaine dernière.

Des chiffres qui n’étaient pas bons au demeurant, mais qui pourraient être sujet à interrogation, si ce n’est pas à interprétation quand on voit qu’hier Walmart a pulvérisé les attentes et montraient des chiffres forts et encourageants. Le retail n’est donc pas tout pourri pour tout le monde.

Bref…

En résumé, les marchés américains n’ont rien foutu. Il attendent un signal, mais ne savent pas trop quoi, ni trop dans quelle direction. Il est vrai qu’après la hausse verticale de ces dernières semaines, on serait tenté de dire que la suite logique serait une prise de profits saine et constructive, mais qui sait, et si les Chinois décidaient de faire des cadeaux à Trump et l’industrie américaine, on aurait l’air malin avec tout notre cash en banque pendant que le Nasdaq prend 10% par jour…

En Europe on ne fait rien non plus et on attend de voir ce que les Américains font, puisque c’est notre guide, notre lumière. Hier on s’est un peu pris la tête avec les mauvais chiffres d’HSBC, mais fondamentalement ce n’est ni les chiffres d’HSBC ou de qui que ce soit, ni l’IFO, ni le ZEW et encore moins le GDP d’un pays de l’Union qui va nous changer la mise, non !

Les yeux au loin sur l’horizon

La seule chose que l’on regarde en Europe ; c’est les négociations. Le reste n’est que du bruit qui clignote en faisant de la lumière sur un écran Bloomberg.

Ce matin le Japon est en hausse de 0.4%, malgré des chiffres décevants niveau exportations, la Chine recule de 0.25% et Hong Kong est en hausse de 0.6%. Le pétrole vaut 56.09$ et est au plus haut depuis 3 mois parce que, je cite : « l’effet des coupes de production commence à se faire sentir » – à 42.50$ au mois de décembre, personne ne l’avait vu venir « l’effet COUPE DE PRODUCTION »… On va l’appeler le CDP, ça fera bien plus professionnel.

Comme prévu

Et puis, comme tout le reste, l’or continue de monter, ce matin il est à 1346$ – parfaitement sur la route tracée par son graphique depuis des semaines. On dirait presque un plan d’Hannibal Smith dans l’Agence tous risques. Un plan qui se déroule sans accroc.

Pour les nouvelles du jour, je serais tenté de dire qu’il n’y a rien. On parle beaucoup de Trump. Enfin, c’est surtout Trump qui parle de lui, puisqu’il a estimé que « sans lui » le marché serait 10’000 points plus bas, ce qui correspondrait à une baisse de 55%.

 

Attention, il n’a pas dit que l’on aurait baissé de 55%, il a dit simplement que sans lui, on serait collé 55% plus bas. Il est vrai que quand on regarde le tableau ci-dessous, ses « statistiques » sont impressionnantes et si c’était celles d’un joueur de Baseball, il vaudrait très cher.

En plus de se faire mousser et de s’auto-passer la brosse à reluire, Trump a également déclaré que la date « butoir » du 1er mars pour les négociations, n’avait qu’une valeur indicative. En gros, si ça se passe bien, on pourra toujours s’arranger.

Et maintenant ? Que vais-je faire ???

Pour le moment les futures sont en baise de 0.10% – probablement la vague B qui se termine dans la vague ABC en approche de la seconde vague de rebond potentielle que l’on appellera la vague QRS, parce ça fait joli et que ça ne veut strictement rien dire.

En ce qui concerne les chiffres économiques, il y aura les Minutes du FOMC Meeting en fin de journée.

Du miel pour nos oreilles et nos yeux

Alors ça, c’est toujours du vrai bonheur. Ils vont nous communiquer le rapport complet des discussions qui ont eu lieu derrière les portes closes de la FED. Le challenge pour nous, spécialistes de l’investissement à 3 minutes, sera de trouver la chaîne de mots qui nous donnera la certitude que l’on a trouvé un indice supplémentaire que Powell n’a pas dit dans son discours.

Grâce à la magie de l’intelligence artificielle, les experts sont capables d’analyser un paquet de feuilles A4 couvertes de caractères en arial 3, le tout en 12 secondes et d’en tirer une conclusion.

En gros, à 14h00, ça sort, à 14h00 et 12 secondes on a une opinion et à 14h01 ça fera 48 secondes que ça va dans tous les sens et que tout le monde revoit sa stratégie d’investissement pour les 8 mois à venir. Et finalement, à 14h02, on a oublié et on est passé à autre chose, oui, parce que la semaine prochaine, y a les chiffres de l’emploi quand même… et ça, c’est de la vraie news.

Bon, en ce qui me concerne, je vais aller chercher un marteau-piqueur pour aider le marché a fracturer le mur contre lequel il bute depuis hier et je vous retrouve demain en espérant que la vague C dans la vague B, dissimulée dans une vague A au carré n’ait pas fait son œuvre.

Belle journée et à demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

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