Nous avons absolument besoin de trouver quelque chose qui nous fait avancer. On sait tous que l’on est en mode « attente de Trade Deal » et que tant que ça ne sera pas signé, ça sera très long. Mais entre deux, nous devons absolument trouver quelque chose pour nous occuper, sinon mars n’en finira pas et avril sera très long.

L’Audio du 15 mars 2019

Je peux chercher partout, dans tous les médias du monde pour essayer de trouver une histoire à raconter, mais globalement, soyons francs, tout le monde tourne autour du Trade Deal et se le refait à sa sauce personnelle.

Un scénario par jour

Toutes nouvelles qui sont publiées sur ce sujet sont des interprétations personnelles des quelques infos qui ont été publiées ces dernières 48 heures et sur lesquelles tout le monde se fait un film.

Depuis que Trump a annoncé qu’il n’avait pas encore renoncé définitivement à quitter la table des négociations si ça ne lui plaisait pas, les « experts » ont même repoussé leurs attentes sur une date de signature.

En avril…ne te découvre pas d’un fil

Mercredi nous parlions encore de finaliser ce deal en mars, mais là, depuis 24 heures, la date butoir est gentiment en train de passer en avril. Les Américains y vont de leurs petites phrases assassines – un des clowns du gouvernement US a même déclaré que Xi Jinping avait PEUR de rencontrer Donald Trump.

En résumé, tout le monde est convaincu que l’on va trouver un accord et que ça va se faire, mais soudainement le consensus semble d’accord sur le fait qu’il ne sont pas en train d’organiser un bingo pour la maison de retraite du quartier et que c’est un peu plus complexe de mettre d’accord les deux plus grandes puissances économiques mondiales sur leurs échanges commerciaux que de savoir si Madame Bolomey et Madame Pahud doivent être assisses à la même table ou pas.

Salle d’attente

Dans cette zone d’attente, tout le monde a une opinion et chacun essaie de la faire valoir aux autres. Sauf qu’à la fin, personne n’ose foncer dans une direction ou une autre à cause de cette foutue incertitude qui nous empêche clairement d’avoir du courage.

Hier les marchés n’ont strictement rien foutu.

Aux USA les indices sont collés juste sous leurs résistances, comme je le mentionnais hier, et il faudrait un catalyste pour passer au-dessus. Ce catalyste pourrait être le Trade Deal, mais pour le moment c’est encore loin.

Donc on n’arrive pas à y aller.

J’y vais pas parce que j’ai peur

Par contre on n’ose pas vendre, parce que si soudainement ils nous annoncent un truc positif sur les négociations, ça peut repartir très vite à la hausse et planter encore une fois les «shorts» et autres «bearishs». Des «shorts» et des «bearishs» qui ont largement assez souffert depuis Noël.

Dans le doute nous avons donc mis en place la stratégie du «je brasse de l’air et je ne fais rien en attendant que les autres fassent et me montrent le chemin». Ce qui nous donne des marchés qui sont aussi passionnants qu’un discours d’Emmanuel Macron.

Pas mieux en Europe

En Europe, comme on est à peu près dans le même état d’attente que les Américains, on s’occupe comme on peut et chez nous c’est le BREXIT qui compte.

Le nouveau hobby du trader européen, en plus de traiter la Livre contre l’Euro, c’est de rentrer le soir à la maison pour aller regarder – en LIVE – les votes du parlement anglais qui décident tous les deux jours un truc différent sur leur sortie de l’Europe et sur comment ils vont faire.

Avant les traders européens allaient dans un bar voir un match de foot – à Londres : Manchester City – Chelsea et à Paris : PSG –Guingamp. On a les équipes de foot qu’on mérite – et puis aujourd’hui on rentre à la maison pour aller voir le vote du parlement britannique.

Tu parles d’une vie pourrie.

C’est quoi un parlement ?

Surtout que les types du parlement ils ne votent rien. Déjà en général, ils refusent tout – sauf hier soir où ils ont accepté d’accepter de demander un délai pour pouvoir sortir de l’Europe à la fin du mois de juin à la place de fin mars.

Ils n’ont pas dit ou même pas pensé avoir un accord, ils veulent juste gagner du temps, parce que là, sortir à l’arrache sans avoir de «deal», c’est pas très «british»…

Et dans trois mois, on sera dans la même situation, parce qu’ils ne vont pas trouver de solution… ça fait deux ans qu’ils brassent de l’air pour se mettre d’accord sur la longueur des poils lors de la tonte des moutons et là, avec 3 mois de plus ils vont résoudre l’équation ???

Les yeux sur Londres

Bref, selon les médias, hier les investisseurs européens avaient les yeux rivés sur le vote du parlement et ne «faisaient rien en attendant». Super, nous voici donc réduit à attendre que Trump ne fasse pas un caprice avec les Chinois et que le parlement britannique vote un truc que l’on ne comprend pas pour nous permettre de prendre une décision qui ne nous mènera nulle part à la fin.

Nous vivons une époque formidable, passionnante et fabuleuse en terme d’intérêt pour les marchés financiers. Je pense que même les algo sont au bord de la dépression.

L’Asie monte tout de même

Pour le reste, le pétrole continue sa discrète ascension et se traite à 58.61$. Quand à l’or il ne fait rien en attendant la décision des Chinois et le vote du parlement britannique.

Ce matin toute l’Asie est en hausse d’un peu moins d’un pourcent. Pourtant hier tout le monde mettait en avant que dorénavant c’était SÛR, la Chine était en ralentissement – pour ceux qui avaient un doute. Mais comme cette nuit XI Jinping a :

1) déclaré que l’économie avait besoin de MESURES FORTES pour être relancée (on imagine donc qu’il va les prendre vu que c’est quand même lui qui décide).
2) voté une nouvelle loi contre le transfert forcé de technologie (sujet qui était un des gros soucis des Américains).

Du coup, il y a comme un vent d’optimisme sur le Trade Deal. Trade Deal qui ne se signera pas avant avril, c’est déjà dans la tête des investisseurs.

Brise d’optimisme

Donc l’Asie est en hausse ce matin. Tout comme les futures américains qui laissent à penser que la résistance des 2815 pourrait sauter ce soir. Dans l’hypothèse où Trump ne nous sort pas une connerie entre deux. Ce qui est loin d’être impossible.

Dans le reste des nouvelles passionnantes qui nous assaillent, on notera que Tesla a présenté son NOUVEAU Crossover, le Model Y. Pour faire simple, c’est la copie du Model X, mais qui a fait un régime pendant 8 mois. De loin on pourrait les confondre.

Sauf pour le prix. Le prix de base est de 47’000$. Quand à la livraison en Europe, si ça marche aussi bien que la dernière en date. Je pense qu’octobre 2021 est un délai raisonnable. Les investisseurs ont bien aimé la présentation de Musk et le titre montait hier soir. Même si au niveau du design, c’est profondément déprimant. Et il n’y a toujours pas de version avec un V8 qui fait du bruit et qui pollue.

Totalement déprimant.

English tea et communication à l’italienne

Et puis il y a les Anglais qui se gargarisent du fait d’avoir enfin obtenu un vote qui était d’accord avec leur Premier Ministre. Pendant que tout le monde se félicite de cette magnifique Union des forces en présence en Angleterre, d’autres se demadent qui dirige réellement le pays et ce que pense l’Europe de tout ça.

Il est vrai que l’Europe a autre chose à faire actuellement, puisque les Italiens continuent de négocier avec la Chine, malgré le injonctions de Bruxelles. Ça, une fois que l’on aura liquidé l’Angleterre et choisi l’heure du thé sur la côte Est ou sur la côte Ouest en fonction de l’heure d’été qui aura été décidée à Bruxelles, on va commencer à se préoccuper de l’Italie.

Non parce que si jamais Bruxelles n’a pas encore compris, Rome passe ses journées à leur envoyer des messages qui disent «va fanculo» – mais visiblement, ils ne parlent pas italien au parlement européen.

C’est vrai que jusqu’ici ils ont du apprendre le grec et l’anglais, si en plus faut se mettre au latin, c’est compliqué.

En bref

Il y a aussi la commission européenne qui veut coller une nouvelle amende à Google. La Corée du Nord qui envisage de stopper les négociations autour du nucléaire avec les USA (ah bon ? y en avait ???). De nouveaux départs sont annoncés à la direction de Facebook. Facebook qui était en panne hier. Et, chose rassurante, le monde a survécu pendant plusieurs heures sans pouvoir raconter ce qu’il faisait, ce qu’il mangeait et où et s’il aimait les publications des chats qui font de bêtises.

Ouf. On a eu très peur.

Côté chiffres économiques, il y aura le CPI en Europe, comme s’il pouvait y avoir de l’inflation en Europe. Puis aux USA ça sera l’Empire State Manufacturing, la production industrielle, les JOLTS et les chiffres de la confiance du consommateur de l’Université du Michigan. Chiffres qui sont à peu près aussi crédibles qu’un politicien français. Mais ça va nous occuper.

La grande question qui va nous occuper, en tous les cas moi-même personnellement tout seul, c’est de savoir si ce soir le S&P500 terminera au-dessus ou au-dessous des 2815.

Pour le reste, passez un excellent week-end et à lundi !

Thomas Veillet
Investir.ch

« Pour qu’un écologiste soit élu président, il faudrait que les arbres votent. »

Coluche