On aurait dû se méfier. Alors que lundi dernier la journée était parfaite pour se vautrer, les marchés sont parvenus à limiter la casse. C’était pour mieux finir la semaine.

L’Audio du 18 mars 2019

Et on l’a bien finie cette semaine, ce n’est pas tant par l’amplitude de la hausse sur les 5 derniers jours de trading – on a connu plus excitant – mais ce qu’il faudra retenir de la semaine qui s’est conclue le 15 mars 2019 ; c’est que les résistances qui nous gâchaient la vue ont cédé sous les coups de cornes du marché.

Dorénavant la vue est dégagée pour aller au pire au plus haut de tous les temps. Au mieux ; à 3’000 sur le S&P. Pourquoi 3’000 ??? – parce que c’est chouette les chiffres ronds et c’est très joli sur une casquette.

Reste à trouver les arguments

Alors évidemment, pour que la hausse se fasse, pour que les marchés montent et que les résistances cèdent comme elles ont cédé vendredi, il faut trouver des arguments, des justifications.

De nos jours le médicament « placebo » qui fonctionne à tous les coups, c’est le concept du «trade deal», futur accord commercial historique entre la Chine et les USA.

On ne sait pas quand on l’aura pour de vrai, mais en attendant, il suffit de dire : «Oui, mais les Chinois et les Américains vont trouver un accord commercial» et le plus pessimiste des investisseurs va vendre sa femme et ses gosses pour investir en bourse.

Alors après coup, on trouve autre chose

Comme des fois il se peut que la bonne vieille théorie du «trade deal» ne fonctionne pas, on prévoit toujours des arguments de remplacement qui peuvent parfois empêcher l’intervenant moyen de se trouver dépourvu quand le vendeur fût venu.

Cette semaine, on a bien aimé et on continue de bien aimer le concept des banques centrales qui «soutiennent» les économies et les marchés boursiers par la même occasion. C’est un peu l’excuse de secours, la justification «back up», comme on dit en informatique.

Powell, le médicament magique

Il est vrai que l’on peut tout mettre sur le dos des discussions entre Chinois et Américains, mais celui qui a tout de même relancé la machine, c’est quand même Powell qui a débarqué dans nos vies à la fin du mois de décembre pour terrasser le monstre hideux de la récession avec ses déclarations fracassantes sur le fait qu’il ne montera plus les taux.

Pour être franc, il n’a pas vraiment dit ça comme ça, mais c’est comme ça qu’on l’a compris, n’est-ce pas le plus important ? D’ailleurs aujourd’hui, il y a bientôt plus de gens qui pensent que Powell va baisser les taux en 2019, que de gens qui parient sur une hausse, même minime.

Bon, en même temps si ces sondages sont aussi efficaces que ceux faits pour les votations, ça ne veut juste rien dire. Sans compter qu’en finance, on est super doué pour mentir sans que ça se voit…

Vous faites passer un gérant de fonds au détecteur de mensonges, le détecteur, il pense qu’il est connecté à un caillou, tellement il n’y a aucune émotion.

Draghi, le suceur de roue

Et puis, une fois que Powell eut donné le ton, la BCE est venue faire de même, puisque depuis quelques semaines, Draghi et ses amis sont un peu revenus sur le plan prévu. Plan qui voulait laisser l’économie européenne se démerder toute seule.

Mais voyant que ça partait dans tous les sens et que chacun se la jouait perso, la BCE a décidé de faire machine arrière toute et de revenir au secours de l’économie.

On espère simplement que l’ordre de «machine arrière toute» a été donné plus tôt que celui du capitaine du Titanic, parce qu’on n’est pas sûr que Di Caprio ait très envie de jouer le rôle de Draghi dans le film qui sortira dans 10 ans.

Take off or not take off

Toujours est-il qu’en ce lundi matin, la météo à l’air plutôt clémente du côté des bourses mondiales. Les performances depuis le début de l’année sont purement hallucinantes et la photo technique laisse à pense que plus RIEN ne pourra stopper les indices pour aller battre de nouveaux records. Le fait que les fondamentaux soient bons, que les banques centrales nous soutiennent ou que les Américains et les Chinois se mettent d’accord semble clairement secondaire.

Sur le graphique ci-dessous, la cassure à la hausse est nette et confirmée par les accélérations haussières sur le reste des indices mondiaux, DAX, CAC, Nasdaq et surtout : l’indice des semi-conducteurs qui vient de démolir sa tendance baissière, ouvrant la port au retour définitif de la technologie dans nos cœurs.

On peut ne pas aimer l’analyse technique, ou ne pas y croire. Tout comme on peut mettre en doute les sciences économiques qui nous gavent parfois de théories douteuses. Toujours est-il que l’image instantanée que nous offre les bourses mondiales est plus que séduisante et le rallye entamé à Noël semble vouloir perdurer et aller bien plus haut.

Graphique du S&P500 – Source : Investing.com

Lundi champagne

Tout semble donc être mis en place pour aller plus haut, plus fort et plus longtemps. Reste juste à que rien ne nous pète à la figure.

En ce lundi matin, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, puisque l’Asie est en hausse comme dans un plan qui se déroule sans accroc. Le Japon avance de 0.6%, Hong Kong est en hausse de 0.7% et la Chine continue son bonhomme de chemin à la hausse, en progressant de 1.2% et en se moquant totalement des derniers chiffres économiques catastrophique qu’elle a pu publier.

Après tout, on s’en fout. Ils vont trouver un accord avec les USA tout soudain.

Presque tout soudain

Enfin, pas si soudain que ça, puisque ce week-end un journal chinois a laissé entendre que le meeting au sommet de l’économie mondiale entre Trump et Xi, le XITRUMP meeting, serait repoussé à la fin du mois de juin.

Pour le moment, personne ne semble perturbé par la nouvelle, puisqu’en attendant qu’ils se mettent d’accord, les banques centrales s’occupent de maintenir l’économie sous respirateur jusqu’à que les grands de ce monde lui trouve des organes de remplacements pour qu’elle puisse être autonome et sortir de son poumon d’acier.

Côté or, côté pétrole

L’or est 1298$. Comme d’habitude. Le pétrole est à 58.30$ et, malgré sa baisse de vendredi soir, il a quand même vécu sa meilleure semaine depuis 4 semaines.

Sa meilleure semaine depuis 4 semaines.

Ça donne tout de suite le sentiment que l’on a une vision long terme et globale. Surtout quand on commence à mesurer les performances du pétrole sur 30 jours, à faire des comparaisons et se donner des grandes claques dans le dos parce qu’il a pris 1.5 dollars sur 5 jours.

Côté news, côté BREXIT

Le marché est de plus en plus super-content que le parlement anglais ait enfin voté un truc de concret sur le BREXIT, on ne sait pas trop où ça va nous mener, mais on sait qu’ils vont REVOTER cette semaine et si le plan numéro 214 de Theresa May fonctionne, les cartes pourraient être redistribuées. Je vous avoue que je peine à maitriser mon excitation.

Autrement, pendant que Macron fait du ski, les Gilets Jaunes se sont RE-fait Paris. Il va être content de rentrer à Paris alors que ses ministres principaux son convoqués devant le Sénat. Il faut reconnaître que le Président est extrêmement brillant en terme de communication, se faire prendre en photo à la montagne en vacances de ski en ce moment, c’est brillant. Il n’y a pas d’autres mots.

737 MAX et secret comme James Bond en Aston Martin

Mis à part ça, Boeing et la FAA se défendent au sujet de leurs procédures de sécurité sur les 737 Max, pendant que les « experts » confirment les similitudes entre le crash de LionAir et celui d’Ethiopian Airlines. La Deutsche Bank et la Commerzbank mettent fin à un suspens insoutenable en avouant qu’effectivement ils tiennent des discussions secrètes concernant un éventuel merger.

Des discussions secrètes qui sont en première page du FT, du Wall Street et du Barron’s depuis 3 semaines. Même dans le 20 minutes ils en parlent depuis 2 semaines. C’est dire si c’est secret.

Economiquement parlant

Aujourd’hui, pour ce qui est des chiffres économiques, nous aurons le Trade Balance européen. Fabuleusement sexy et attirant. Par contre, histoire de nous divertir et de nous motiver, je vous recommande de lire l’article sur CNBC de ce jour. Article qui s’intitule :

«Après son come-back, la Bourse est alignée sur un schéma historique avec une feuille de route parfaite»

La traduction est approximative, mais l’article revient sur le fait que depuis que les Américains ont débarqué sur les plages de Normandie après CHAQUE élection de mi-mandat, le marché est monté de 14.5% dans les 12 mois qui ont suivi. Comme nous sommes à peine en hausse de 1.5% depuis les élections de novembre, il y a encore de la place…

À lire ce matin

En plus de CNBC, sur Investir.ch ce matin vous trouverez le point macro de Nicolas Blanc sur le BREXIT, les 4 graphiques de la semaine par le même Nicolas Blanc. Et puis ensuite vous aurez aussi des mauvaises nouvelles avec le sondage de Fidelity qui démontre que les dirigeants d’entreprise semblent se méfier de l’avenir et pour terminer il y a Oddo qui nous explique pourquoi la consommation US a pris un mauvais départ en 2019.

Vous trouverez tout ça en « scrollant down » (c’est pas très français, mais c’est tout ce que j’ai trouvé)…

Pour le reste, on se revoit demain à la même heure et au même endroit. Passez une excellente journée !!!

Thomas Veillet
Investir.ch

«Je fais deux régimes en même temps, parce qu’avec un seul, j’avais pas assez à manger.»

Coluche