Les investisseurs avaient fui les marchés en décembre, aimés ceux-ci en janvier et février. Le retour des révisions des experts jette un froid au moral et nous rappelle que l’hiver n’est pas fini.

Le 27 février dernier, State Street avait publié les résultats de l’indice de confiance des investisseurs. Il en ressortait une légère hausse aux Etats-Unis et en Europe alors qu’en Asie, l’indice baissait de quelques points.

Source : State Street

Selon Kenneth Froot, « les investisseurs institutionnels sont restés prudents en février. Compte tenu d’une croissance à la traine et des incertitudes pesant sur la politique commerciale, il semble que l’attitude plus accommodante de la Réserve fédérale et les espoirs de progrès sur le front des relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine ne soient pas suffisants pour renverser la tendance sur le plan de l’aversion au risque. »

Source : State Street

Chez Sentix, les sentiments des investisseurs sont tout aussi confus. L’Asie ex-Japon montre des signes positifs alors qu’en Europe et aux Etats-Unis, les indicateurs restent dans une tendance baissière. Certes, les attentes semblent regagner un peu de vigueur mais la lame de fonds reste plutôt négative.

Source : Sentix

Les prévisions des économistes de l’OCDE comme de la BCE donnent raison aux plus prudents. Le communiqué de presse des premiers annonce la couleur : « Au regard des précédentes projections, les perspectives macroéconomiques dénotent un fléchissement de l’activité dans la quasi-totalité des pays du G20. Les vulnérabilités liées à la conjoncture chinoise et à la perte de dynamisme de l’économie européenne s’inscrivent dans un contexte marqué par le ralentissement des échanges et du secteur manufacturier mondial, par de fortes incertitudes quant à l’action publique, et par des risques élevés sur les marchés financiers, et pourraient compromettre l’atteinte d’une croissance mondiale soutenue et durable sur le moyen terme. »

En conséquence, les nouvelles prévisions de l’OCDE tablent sur une économie mondiale en croissance de 3.3% en 2019 et de 3.4% en 2020. Notons toutefois la baisse généralisée des taux de croissance des économies européennes et anglaise.

Source : OCDE

Les sages de la BCE ne prennent guère de risques et révisent aussi leurs prévisions à la baisse pour la zone euro. Le communiqué est clair : « La détérioration généralisée des indicateurs du sentiment économique dans les pays au cours des derniers mois suggère que des facteurs défavorables persistent et que la dynamique cyclique sous-jacente est un peu plus faible que celle précédemment évaluée. À court terme, une combinaison d’incertitudes mondiales (telles que les menaces d’une escalade des mesures protectionnistes et la possibilité d’un Brexit désordonné) ainsi que des facteurs internes défavorables dans certains pays de la zone euro continueront probablement de peser sur l’activité économique. »

Par contre, ils restent relativement optimistes pour 2020 et 2021. Mais, au vu du nombre de révisions auxquelles les marchés devront faire face, il est de bon ton de considérer que ces chiffres n’ont guère de valeur. Les projections des chiffres de l’inflation indiquent une hausse progressive de celle-ci pour atteindre 1.6% en 2021. Ils dépendent toutefois des prix du pétrole (grande inconnue) et des perspectives de croissance économique (autre grande inconnue).

Les investisseurs sont-ils surpris des ces révisions ? Nous ne pensons pas que l’humeur était à la fête donc ces révisions ne font qu’ajouter une pierre à l’édifice des baisses de projections bénéficaires des analystes dans différents secteurs d’activité.

Si cela ne suffisait pas, l’indice Baltic Dry, le baromètre du transport de matières premières, a fortement chuté et a cassé sa tendance haussière enclenchée au début 2016. Si le marché des actions (américaines dans cet exemple) n’a pas suivi ce changement de tendance, c’est en partie dû à une dynamique particulière.

Baltic Dry index (en noir), SP500 (en orange)

Les faibles rendements obligataires, les rachats massifs d’actions couplés d’augmentations de dividendes ont soutenu les marchés des actions.

Source : Yardeni Research

Mais le froid (scepticisme) est de retour et les investisseurs n’ont guère envie de s’aventurer hors des sentiers battus, pour l’instant.