Alors que les Boeing 737 Max 8 et 9 sont cloués au sol un peu partout dans le monde, y compris aux USA dorénavant, les marchés n’en ont cure et se préparent à tout casser à la hausse.
L’Audio du 14 mars 2019
Hier les intervenants avaient définitivement mis de côté l’affaire Boeing. Pas qu’elle soit réglée – bien au contraire, puisque même les USA et la toute puissante FAA avaient décidé de « grounder » les avions puisque selon les dernières données obtenues par satellite, les derniers mouvements de l’avion correspondraient bien à un problème technique, plus qu’à une erreur du pilote.
Le comportement de l’appareil en vol semblait un peu trop similaire à celui de LionAir pour que cela soit une coïncidence. Mais les marché semblait avoir perdu tout intérêt pour l’affaire – Boeing a perdu 33 milliards de capitalisation boursière depuis lundi matin, les investisseurs on l’air de se dire que tout est dit.
L’Économie va bien
Non, ce qui intéressait le marché hier, c’est les chiffres économiques des Durables Goods qui étaient nettement meilleurs que ce que l’on attendait. Les indices s’envolaient donc comme un seul homme.
Le Dow Jones – enfin guéri de son problème d’avion terminait enfin en hausse (la première fois depuis 3 séances), le S&P500 continuait sa marche en avant et le Nasdaq montrait toujours une forme insolente. Lui qui avait été tant détesté en décembre.
Le pétrole, discrètement
Sans compter que le pétrole – qui agit souvent comme déclencheur est en train de s’envoler discrètement, sans faire de bruit. Et si j’en crois ce que j’ai lu dans le marc de café ce matin, je ne serais pas étonné de voir le baril franchir la ligne psychologiquement importante des 60$ encore cette semaine.
Vu qu’en ce moment on fait semblant de s’intéresser aux chiffres économiques et aux fondamentaux de l’économie en attendant une signature effective du Trade Deal, il est important d’observer attentivement l’aspect technique des choses.
Techniquement ou rien
Le S&P500 a terminé sa séance d’hier au plus haut depuis 4 mois. Depuis la plongée en enfer du mois de novembre dernier, l’indice de référence américain n’avait plus terminé aussi haut – 2810 – si l’on observe le graphique ci-dessous – on se rendra compte que nous sommes tout simplement posés contre la résistance qui nous pourrit la vie depuis des mois.
À chaque fois que nous nous sommes approchés cette résistance, dans la zone des 2810-2815, le marché s’est redégonflé derrière, est-ce que mars 2019 sera le mois de la libération ?
Accélération ou plantage
Techniquement, pas besoin d’avoir fait un doctorat en analyse technique avec option « dynamitage de résistances » pour imaginer que si l’on traverse ce mur imaginaire qui n’est pas – je le rappelle – financé par le Congrès Américain, la hausse pourrait s’accélérer.
D’autant plus que de très vieilles croyances indiennes appliquées au marché estiment que plus une résistance est difficile à casser, plus le mouvement qui s’ensuit à la hausse est violent lorsque finalement elle cède…
Personnellement, j’ai commencé à faire des incantations à base de graisse d’ours et de tartines au miel (pour attirer les ours justement), afin d’encourager le marché à casser à la hausse.
L’Europe toujours en pleine forme
L’Europe a suivit le mouvement, comme d’habitude, bien que les marchés du vieux continent se soient donnés bonne conscience en annonçant ne «rien vouloir faire» en attendant le nouveau vote du BREXIT. Vote du BREXIT qui a donc décidé de ne PAS aller en direction du «Hard BREXIT», mais de demander un nouveau délai à l’Europe pour avoir le temps de trouver un accord.
Donc je résume le BREXIT du moment
Les Anglais ne sont pas foutus de trouver un accord avec l’Europe pour se casser d’une soi-disant UNION qui est à peu près aussi unie que Trump est uni avec l’Iran. Ils n’arrivent pas à trouver un accord à cause de détails sur la frontière irlandaise et la tonte des moutons au nord de l’écosse.
De plus, chaque fois que May revient avec un semblant d’accord, elle se prend une volée de bois vert au parlement.
Mais maintenant ils veulent toujours négocier, mais plus longtemps. Cependant, avant de négocier à nouveau, ils veulent négocier pour trouver un accord pour que les négociations durent plus longtemps et qu’ils ne soient pas obliger de quitter l’Europe SANS accord.
On n’est pas sorti de l’auberge. Visiblement, ils vont encore nous prendre la tête pendant des mois et les journées où l’on va ATTENDRE DE VOIR LE VOTE DU PARLEMENT AU SUJET DU BREXIT vont encore être légion.
Youpi – mais en plus court
En résumé. Si je reprends la journée d’hier :
1) les USA terminent au plus haut JUSTE SOUS LA RÉSISTANCE – encore un effort et c’est « À POIL LES SHORTS » et nous partirons en direction du plus haut de tous les temps. Trade Deal ou pas, Boeing 737 ou pas.
2) L’Europe hésite à cause du BREXIT
3) L’Angleterre hésite à cause du BREXIT
4) L’Europe et l’Angleterre nous les brisent à cause du BREXIT
5) L’économie US va bien
6) L’économie européenne… euh… quelle économie ???
7) Le pétrole est en train de démarrer à la hausse et l’or ne fout rien
8) Et pour terminer, on attend le Trade Deal…. Il paraît.
Et paf! La Chine
Ce matin les Chinois ont publié une production industrielle qui était en-dessous des attentes. ENCORE UNE FOIS.
Ce qu’il y a de bien avec la Chine, c’est que comme ils n’arrêtent pas de décevoir, il y a forcément un jour ils vont finir par surprendre à la hausse – statistiquement c’est inévitable et à chaque déception, on se dit que la surprise à la hausse se rapproche.
C’est excitant, vous ne trouvez pas ?
On n’aime pas quand ça va pas
Suite au mauvais chiffres chinois et au fait que Trump ait déclaré hier que s’il n’avait pas CE QU’IL VOULAIT DANS LE TRADE DEAL, il quitterait simplement la table des négociations (en fait, il ne négocie pas – c’est comme il a envie, ou alors il se roule par terre en hurlant et en tapant des poings – c’est très mature comme comportement – c’est très Trump).
Donc, suite à ces «mauvaises nouvelles», la Chine est en baisse de 1% pendant qu’Hong Kong et le Japon ne font strictement rien. Il paraît qu’ils attendent sur le BREXIT.
Non, je plaisante.
Nouvelles neuves
Côté nouvelles du jour, on parle de Boeing un peu partout, mais le marché en a déjà fait son deuil et semble être passé à autre chose. Le sujet Trump et ses techniques de négociation sont souvent en première page.
Il est clair que pouvoir mettre en première page «Trump est prêt à cesser les négociations avec la Chine», ça claque un peu plus que «l’Europe attend sur le BREXIT» ou encore : «augmentation des primes d’assurances maladie en Suisse, le peuple accepte et trouve ça normal»…
Finalement on a les news qu’on mérite.
On tourne en boucle
Nous avons donc : Trump, le trade deal, le BREXIT, Boeing qui se lance dans le business du train et les enfants de riches qui ne foutent rien à l’école aux USA après avoir obtenus des « passe-droits ». Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je suis au bord du craquage euphorique, tellement ça va trop bien et c’est trop passionnant ce qui se passe.
Reste plus qu’à casser à la hausse, ça nous fera un truc à raconter en attendant que les Chinois et les Américains se mettent d’accord.
Côté chiffres économiques, nous aurons CPI en France et en Allemagne, PPI en Suisse, Jobless Claims aux USA… et il paraitrait que les Anglais vont tenter de voter sur une nouvelle date pour une nouvelle sortie de l’Europe.
Pour ceux que ça intéresse encore.
À ce stade-là, il me reste à vous souhaiter une excellente journée, que la force du BREXIT soit avec vous et en ce qui me concerne, c’est décidé, cet été je pars en vacances en train. Ou en Airbus.
À demain.
Thomas Veillet
Investir.ch
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Coluche