Contrepied magistral des marchés mondiaux en ce début de semaine.

L’Audio du 12 mars 2019

En regardant l’ambiance d’hier matin, on n’aurait pas forcément parié sur une journée comme ça. Alors qu’en Europe on fêtait les banques allemandes qui sont en « discussions informelles » – bien que le marché semble les avoir déjà mariées – les marchés US montraient leur angoisse avec Boeing qui était censé coûter très cher au Dow Jones, puisque les pré-indications donnaient le titre en baisse de près de 10% soit 250 points de baisse sur le Dow Jones à lui tout seul.

Tout cru

Sauf que… ça n’a pas fonctionné comme prévu. Au paroxysme de la crise, Boeing perdait jusqu’à 13% mais ne terminait en baisse que de 6%. La compagnie a envoyé une carte de condoléances aux familles et une équipe d’experts sur place pour aider à l’enquête. Pour le moment tout le monde fait le parallèle avec les similarités avec le crash de Lion Air en Indonésie – même avion et même plantage quelques minutes après le décollage.

Les chinois ont « groundé » tous leurs 737 MAX, les Ethiopiens aussi alors que les compagnies aériennes américaines ne changent rien aux opérations, mais « restent en contact avec Boeing »…

Rien sur le Trade Deal

Mis à part l’histoire Boeing et les 5000 autres 737 qui sont en commande chez eux, le marché est reparti comme une fusée hier. On n’aurait pas parié là-dessus. Surtout qu’il n’y a pas eu une nouvelle sur le Trade Deal.

On a pas mal parlé des Retails Sales. Souvenez-vous que le mois dernier les chiffres avaient été catastrophiques, en baisse de 1.2% sur le mois, laissant supposer que plus rien ne se vendait. Ou presque.

La mauvaise nouvelle était même pire, puisque le chiffre en question a été corrigé à la baisse – ce n’est plus une baisse de 1.2% sur le mois, mais une baisse de 1.6%.

Pas si grave, le passé c’est le passé

Mais visiblement on s’en tape comme de notre première opération de trading, puisque le chiffre de février était en hausse de 0.2% contre 0.1% attendu. Apparemment, selon les « experts », c’est une bonne nouvelle et cela montre que le chiffre du mois dernier n’était qu’un « événement ponctuel » et rien de plus. Pas de ralentissement, pas de dépression.

Pas de dépression, pas de récession.

Pas de récession pas de fin du bull market.

Pas de fin du bull market, il reste donc de l’espoir.

Rocket market

Et les marchés sont donc repartis à la hausse. Entre les rumeurs de fusion entre les deux banques allemandes, le rachat de Mellanox par NVIDIA qui propulsait les DEUX titres en forte hausse et l’upgrade d’une banque américaine sur Apple. Apple qui bondissait de plus de 3%. Soudainement, le marché n’avait plus la même gueule que très tôt le matin.

Sans compter qu’une partie du positivisme en Europe était également dû au fait que Theresa May arrivait à Bruxelles hier soir et qu’elle allait négocier avec Juncker – s’il n’est pas complètement bourré – il restait donc des gens dans le marché qui croient encore à un accord avant la fin du mois. À noter que les députés britanniques doivent voter aujourd’hui.

Kaboommmm

Les moyennes mobiles des 200 jours qui avaient cédé en fin de semaine dernière ont été reprises d’assaut, piétinées et pulvérisées à la hausse. La Tech est redevenue « the place to be », les commentaires sur l’interview de Powell dans l’émission « 60 Minutes » étaient considérés comme « dovishly rassurants »… Ce qui ne veut strictement rien dire en français, mais disons que c’était « prudemment encourageant et positif pour l’économie tout en étant plutôt timide en ce qui concerne la hausse des taux ».

À la fin, les marchés US terminaient en boulet de canon et tout sans la moindre nouvelle du côté du Trade Deal. Si Trump avait profité d’hier pour « twitter » qu’il se réjouissait de voir son pote Xi Jinping, le marché aurait pris 12% dans la foulée.

Euphoria made in Asia

L’or ne fait rien et le pétrole est en haut de son « range », proche des 57$. Comme ça à l’œil et au feeling, je dirais que le baril est proche de la cassure à la hausse.

Les 1.5% de hausse sur le S&P et les 2% du Nasdaq propulsent toute l’Asie à la hausse. Ce matin le Japon bondit de 1.9%, Hong Kong de 1.4% et la Chine de près de 2%. La Chine qui a pratiquement récupéré de sa baisse de vendredi. Baisse provoquée par les chiffres immondes du Trade Balance.

Actuellement les futures sont en hausse et l’optimisme est de mise. Manquerait plus que l’on ait des nouvelles du Trade Deal – dont on ne parle plus DU TOUT depuis trois jours – et le marché pourrait aller péter toutes les résistances qui sont à nouveau très proches.

ça avance

Dans les nouvelles du jour on salue les « avancées dans les négociations » entre l’Europe et l’Angleterre, puisqu’il semblerait que May progresse avec Juncker. Et selon la première page du FT, ils pensent qu’il est temps de « se réunir ». Il était temps, surtout au moment de signer le divorce.

Musk fait encore parler de lui dans les journaux parce qu’il pense que la SEC est ridicule de s’en prendre encore à lui à cause de ses « tweets » qui ne violent en rien la loi – puisque la loi, c’est lui. Tesla qui retrouve un peu des couleurs depuis qu’ils ont décidé de « finalement ne pas fermer TOUTES leurs concessions au travers du monde.

Par contre la récente baisse de prix reste valable et ceux qui ont acheté juste avant n’ont plus que leurs yeux pour pleurer s’ils veulent revendre leur mixer d’occasion.

Dans le reste des news, la FAA estime que le Boeing 737 Max est toujours capable de voler. Dans le doute, je prendrai le train. Et dans le doute Singapore Airlines cloue les siens au sol.

Des vagues qui clapotent

Morgan Stanley pense qu’il faut être dans les marchés émergents pour, je cite : « faire de gros gains ». CNBC est « bullish » sur Tencent pour 2019 et puis le « spécialiste des vagues d’Elliott » – Avi Gilburt – qui prédit le krach depuis 1 mois parce que nous sommes dans la vague C de la vague B qui précède la vague A, selon le coefficient des marées – estime que « vu la situation de ses vagues d’Elliott à lui, le marché ne devrait pas être capable de monter « trop haut » »…

Ce qui ne veut absolument rien dire, si ce n’est qu’il est faux depuis un moment.

Côté chiffres économiques, nous aurons les Non Farm Payrolls version française, puis ça sera une grosse journée pour l’Angleterre, puisqu’il y aura le GDP, la production industrielle et manufacturière ET le Trade Balance. Sans compter qu’en fin de journée, le parlement va voter pour la 812ème fois sur le BREXIT et refuser les propositions de Theresa May. Aux USA nous aurons le CPI qui nous donnera un avant-goût du niveau de l’inflation, histoire de voir si Powell doit TOUT remettre en cause la semaine prochaine.

Pour le moment nous sommes bercés par un vent d’optimisme. On peine à voir d’où vient le vent, mais il semblerait que les optimistes et autres bovins sont toujours en embuscade pour sauver le monde et puis, on ne sait jamais, qui sait, si les Chinois trouvaient un deal avec les Américains d’ici midi, on aurait plus qu’à viser les étoiles…

Passez une excellente journée et à demain.. Si vous le voulez bien.

Thomas Veillet
Investir.ch

« Quand vous voyez un flic dans la rue, c’est qu’y a pas de danger. S’il y avait du danger, le flic serait pas là. »

Coluche