L’optimisme était de la partie en ce premier jour du nouveau trimestre. Enfin, sauf si vous étiez une compagnie disruptive de taxi qui fait concurrence à Uber.
L’Audio du 2 avril 2019
Il est des lundis où l’on ne regrette pas de s’être levé. Après des jours et des jours de tergiversation sur le sujet de l’inversion de la courbe des taux (et encore, ce n’est pas fini, puisque tout le monde y va de son commentaire et de son analyse perso), le marché s’est concentré sur du concret. Des chiffres économiques. Des chiffres économiques qui sont la première bonne nouvelle sur la Chine depuis un bon moment !!!
Enfin du concret
Le marché chinois est donc en plein délire depuis le début de l’année. En quelques semaines les indices locaux ont repris jusqu’à 30% en « espérant » une amélioration de l’économie locale et en pariant sur une résolution rapide du Trade Deal. Sauf que depuis quelques semaines tout cela semblait être mis en attente. Le Trade Deal a été moult fois repoussé et les nouvelles économiques n’avaient d’excitantes que le fait de les attendre et d’avoir un peu d’espoir.
Et puis dimanche, tout a changé
ON A ENFIN EU un bon chiffre. Pour de vrai. Reste à espérer qu’il ne soit pas complètement bidonné, mais dans le doute on va supposer que c’est vrai et que le gouvernement chinois n’est pas menteur, manipulateur, égoïste et égocentrique. Les chiffres du PMI’s qui sont sortis étaient donc meilleurs que les attentes et c’était assez rare pour être signalé.
Enfin une surprise à la hausse. Si en plus, à ces chiffres vous ajoutiez le fait que la Chine renonçait à mettre en place de nouveaux tarifs douaniers sur les voitures américaines importées. Dans le but de, je cite : « favoriser une atmosphère agréable pour les négociations sur le Trade Deal »… Autant vous dire que si le Gouvernement Chinois se met au Feng Sui, l’euphorie et la joie de vivre devrait rapidement remplacer l’analyse barbare de l’inversion de la courbe des taux.
Explosion chinoise, mais pas que
Le marché chinois était donc le premier à s’envoler hier matin. Mais il n’était pas le seul, puisque l’engouement soudain et renouvelé sur la Chine entraînait le Japon, puis l’Europe, puis les USA. En Europe on saluait les chiffres chinois et on s’emballait sur le secteur automobile – suite au renoncement chinois concernant les taxes douanières.
Daimler prenait 4% et Peugeot, pas loin de 5%. Mais tous les fabricants de pièces détachées comme Faurecia ou Valero étaient également en plein délire.
Les USA AUSSI ont des bons chiffres
Alors que le moteur de la hausse était chinois hier, les Américains n’étaient pas en reste, puisque les chiffres de l’ISM étaient nettement mieux que les attentes également. En revanche, on peut noter – mais uniquement en tout petits caractères – que les chiffres des ventes de détail étaient décevants. Encore une fois.
Depuis 3-4 mois, les détracteurs du Bull Market notent que certains chiffres qui reflètent la consommation américaine vont moins bien. Des chiffres comme les ventes de détail ou les ventes de nouvelles maisons. Ces chiffres médiocres pourraient indiquer – au même titre que la désormais mythique INVERSION DE LA COURBE – que l’économie se rapproche chaque jour un peu plus de la récession.
Le verre à moitié plein
Mais peu importe ces considérations négatives, en ce moment, en tous les cas ; hier, le marché est optimiste et préfère se concentrer sur ce qui va bien et sur ce qui pourrait encore aller mieux. Autant se garder les mauvaises nouvelles et les trucs tout pourris pour plus tard quand l’ambiance sera merdique.
À ce moment, il sera assez facile de tout ressortir ce que l’on avait planqué sous le tapis et dire : ON VOUS L’AVAIT DIT !!! – En attendant, la Chine est en hausse de 35% depuis le début de l’année et Lyft s’est faite démonter pour son second jour de cotation. Il est vrai que ça n’a rien à voir avec la Chine, mais après une IPO à 72$ vendredi. Après avoir pris 8% vendredi dernier, la dernière licorne sauvage a reperdu 12% ce lundi.
Lyft, on s’en fout, c’est la Chine qui compte
Mais peu importe les performances des IPO’s, après tout Facebook avait aussi mal commencé les choses, ce qui nous intéresse surtout, c’est le fait qu’il y ait enfin de l’espoir en Chine. Et puis quelque part, ces bons chiffres justifient enfin la bonne performance de l’indice depuis le 1er janvier.
Pour ceux qui aiment dire que l’analyse technique intègre tout dans les prix, ça fait plaisir de voir que l’on peut quand même expliquer concrètement le comportement du marché. Ça soulage et c’est aussi pour ça qu’hier c’était une belle journée de printemps.
Par contre c’est toujours l’automne en Angleterre
Et Theresa May s’empêtre toujours un peu plus dans son BREXIT. Il semblerait que le parlement ait encore refusé toutes les propositions de la Première Ministre. Personnellement j’ai arrêté de suivre le feuilleton depuis longtemps, surtout depuis qu’ils repassent les mêmes épisodes tous les deux jours. Mais tout cela pointe gentiment en direction de la démission de Theresa May. Et celui qui va la remplacer a intérêt à être solide.
Le pétrole s’envole
Pour le reste, le pétrole s’envole et frise les 62$ ce matin. Pendant que l’or se dégonfle et glisse dangereusement en direction du support des 1280$. Support qui, en cas de rupture, pourrait ouvrir la porte à toutes les fenêtres en direction des 1200$. Avant d’aller à 2000, comme annoncé par les théoriciens du complot sur l’or.
L’Asie continue sur sa lancée d’hier. Tout est dans le vert, mais timidement quand même. Cependant – ENCORE UNE FOIS – c’est la Chine qui monte le plus fort. Tout est relatif, mais quand même.
Les nouvelles du jour
Dans les nouvelles fraîches du matin on reparle du BREXIT et du nouveau refus. Pour ceux que ça intéresse ENCORE. On apprend qu’Apple a baissé les prix de ses iPhones en Chine. Qu’en Norvège, pour la première fois on y vend plus de voitures électriques que de moteur thermiques classiques. Et que Moody’s pense qu’il n’y a pas de raison de paniquer et de baisser les taux trop vite – c’est un conseil qui s’adresse à la FED.
On notera aussi que les Boeing 737 Max devraient être opérationnels tout soudain. Le software de réparation semble être au clair chez Boeing. On revient aussi sur les chiffres économiques qui sont bons en Chine et aux USA, mais toujours aussi pourris en Europe. Ce qui ne préoccupe personne, puisque l’Europe monte avec le reste, certaine qu’elle récupérera les miettes du Trade Deal…
Techniquement, la météo semble bonne
Les graphiques semblent en mode « je casse tout vers le haut ». Hier le CSI 300 a fait un nouveau pas vers l’extermination des « shorts » et le S&P500 termine au plus haut depuis la catastrophe du mois de novembre. L’indice américain avait chuté au moment où la Death Cross se dessinait sur l’indice et aujourd’hui, il est en train de tout casser en montant en affichant une Golden Cross. Comme ça, instinctivement, le S&P500 semble ouvert pour aller battre des plus hauts historiques.
Si c’est le cas d’ici les prochaines semaines, il y aura de quoi se frapper violemment la tête contre les murs en se demandant ce qui s’est passé en décembre…
Chiffres et futures
Les futures sont légèrement en baisse. Mais vu ce que l’on a fait hier, c’est marginal. Côté chiffres économiques, nous aurons les Durable Goods aux USA et les inventaires pétroliers version API.
Que vous dire de plus si ce n’est : BONNE JOURNÉE et à demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
“If you can’t explain it to a six year old, you don’t understand it yourself.”
― Albert Einstein